Les journalistes de SoYouTV sont allés demander les avis sur cette question à quatre députés.
La question du salaire maximum en France refait surface alors que celui d'Henri Proglio fait scandale. Le nouveau pdg d'EDF toucherait quelques 1,6 millions d'euros par an, pour la présidence d'une entreprise publique. Un scandale pour certains, une rémunération méritée pour d'autres, surtout au gouvernement dont François Fillon et Christian Estrosi.
Que pensent nos députés de l'établissement d'un salaire maximum en France, et à combien devrait-il s'élever? Nos journalistes de SoYouTV se sont rendus à l'Assemblée nationale pour leur poser la question. La parole à George Pau-Langevin (PS), Lionnel Luca, Daniel Fasquelle et Christian Vanneste (UMP).
Que pensent nos députés de l'établissement d'un salaire maximum en France, et à combien devrait-il s'élever? Nos journalistes de SoYouTV se sont rendus à l'Assemblée nationale pour leur poser la question. La parole à George Pau-Langevin (PS), Lionnel Luca, Daniel Fasquelle et Christian Vanneste (UMP).
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Et le social ? C'est le troisième "pilier" du développement durable, avec l'environnement et l'économie, mais il semble toujours oublié du tableau. Sociologues et géographes rappellent cependant avec insistance que la question sociale s'articule fortement avec la crise écologique.
L'université de Paris-X vient ainsi de tenir un colloque sur la justice environnementale, l'Agence française de sécurité sanitaire organise le 10 avril des débats sur le rapport entre inégalités environnementales et risques sanitaires, l'université de Bruxelles vient de publier un recueil sur Environnement et inégalités sociales...
Comme l'expliquent dans ce livre les sociologues Edwin Zaccaï et Pierre Cornut, l'inégalité environnementale revêt plusieurs aspects : d'une part, "les impacts subis par les populations du fait d'une dégradation de l'environnement, et les inégalités sociales face à ces impacts" et, d'autre part, "les impacts générés sur l'environnement par les comportements humains et les inégalités sociales relatives à ces impacts".
De longue date, il a été observé que les couches sociales les plus défavorisées sont les plus exposées aux nuisances environnementales, que ce soit par leur habitat, situé dans les zones les plus polluées, ou par leur incapacité à s'en prémunir, faute de moyens. Le phénomène a été le mieux quantifié à propos du bruit : "Un ménage à faible revenu a quatre à cinq fois plus de probabilité d'être exposé à un bruit très gênant qu'un ménage à revenu élevé", écrit Jacques Theys, chercheur au ministère de l'équipement.
L'impact environnemental des individus diffère par ailleurs selon leur degré de prospérité. Et de nombreuses études convergent pour conclure que les riches polluent plus que les pauvres, ou, pour le dire autrement, que l'ampleur de la nuisance environnementale des individus est liée à leur niveau de revenu. Par exemple, une note publiée en février par la direction des études économiques et de l'évaluation environnementale du ministère de l'écologie montre que 5 % seulement des Français contribuent à 50 % des émissions de gaz à effet de serre dus aux déplacements touristiques.
Les riches ont un effet négatif d'une autre manière, du fait que "la consommation est tirée par le mode de consommation ostentatoire des plus riches, qui, érigé en modèle, engendre envie et frustration dans le reste de la population", rappelle Philippe Frémeaux dans L'Etat de l'économie 2008 (hors-série d'Alternatives économiques).
On redécouvre ainsi la pensée de l'économiste Thorstein Veblen qui, à la fin du XIXe siècle, avait analysé l'importance des phénomènes de rivalité ostentatoire et de consommation statutaire. Une leçon en est que réduire la surconsommation matérielle passe par un changement du modèle culturel dominant, donc par la réduction des inégalités.
Dans la foulée du rapport officiel Reconsidérer la richesse, animé par Patrick Viveret en 2002, l'idée d'un revenu maximal admissible (RMA) fait ainsi son chemin. Aux Pays-Bas, une loi va limiter en 2009 les indemnités de départ des grands patrons.
Enfin, un troisième volet de l'inégalité écologique s'intéresse aux rapports Nord-Sud. D'une part, de nombreux auteurs considèrent que les pays riches du Nord ont contracté une importante "dette" écologique à l'égard des pays pauvres, que ce soit par leur prélèvement des ressources de la biosphère ou par leurs rejets de polluants, au premier rang desquels les gaz à effet de serre. D'autre part, les pays pauvres subissent, et vont subir, l'essentiel des impacts du changement climatique alors qu'ils en sont les moins responsables, comme l'a montré Thara Srinivasan dans la revue de l'Académie des sciences américaines (PNAS, 21 janvier). De même, en novembre 2007, le rapport annuel du Programme des Nation unies pour le développement avait conclu que "le changement climatique accentuerait encore les inégalités profondes entre les pays".
La question écologique ne peut donc se résoudre si l'on oublie sa dimension sociale. L'idée qu'il faut réduire les inégalités à l'intérieur des pays et entre les pays s'impose progressivement. A l'échelle internationale, l'association Eco-Equity et l'Institut d'environnement de Stockholm proposent ainsi de définir un "seuil de développement" d'environ 6 000 euros par an et par individu. Les coûts pour faire face au changement climatique seraient ensuite partagés entre tous, les pays situés au-dessus de ce seuil de développement payant une part plus importante.
RMA, seuil de développement, équité, réduction des inégalités : ce sont les nouveaux gros mots du développement durable.
Hervé Kempf
Le Monde, 25 novembre 2009
http://www.lemonde.fr/import/article/2009/11/25/une-mesure-ecologique-reduire-l-inegalite_1030229_3544.html
Comme l'expliquent dans ce livre les sociologues Edwin Zaccaï et Pierre Cornut, l'inégalité environnementale revêt plusieurs aspects : d'une part, "les impacts subis par les populations du fait d'une dégradation de l'environnement, et les inégalités sociales face à ces impacts" et, d'autre part, "les impacts générés sur l'environnement par les comportements humains et les inégalités sociales relatives à ces impacts".
De longue date, il a été observé que les couches sociales les plus défavorisées sont les plus exposées aux nuisances environnementales, que ce soit par leur habitat, situé dans les zones les plus polluées, ou par leur incapacité à s'en prémunir, faute de moyens. Le phénomène a été le mieux quantifié à propos du bruit : "Un ménage à faible revenu a quatre à cinq fois plus de probabilité d'être exposé à un bruit très gênant qu'un ménage à revenu élevé", écrit Jacques Theys, chercheur au ministère de l'équipement.
L'impact environnemental des individus diffère par ailleurs selon leur degré de prospérité. Et de nombreuses études convergent pour conclure que les riches polluent plus que les pauvres, ou, pour le dire autrement, que l'ampleur de la nuisance environnementale des individus est liée à leur niveau de revenu. Par exemple, une note publiée en février par la direction des études économiques et de l'évaluation environnementale du ministère de l'écologie montre que 5 % seulement des Français contribuent à 50 % des émissions de gaz à effet de serre dus aux déplacements touristiques.
Les riches ont un effet négatif d'une autre manière, du fait que "la consommation est tirée par le mode de consommation ostentatoire des plus riches, qui, érigé en modèle, engendre envie et frustration dans le reste de la population", rappelle Philippe Frémeaux dans L'Etat de l'économie 2008 (hors-série d'Alternatives économiques).
On redécouvre ainsi la pensée de l'économiste Thorstein Veblen qui, à la fin du XIXe siècle, avait analysé l'importance des phénomènes de rivalité ostentatoire et de consommation statutaire. Une leçon en est que réduire la surconsommation matérielle passe par un changement du modèle culturel dominant, donc par la réduction des inégalités.
Dans la foulée du rapport officiel Reconsidérer la richesse, animé par Patrick Viveret en 2002, l'idée d'un revenu maximal admissible (RMA) fait ainsi son chemin. Aux Pays-Bas, une loi va limiter en 2009 les indemnités de départ des grands patrons.
Enfin, un troisième volet de l'inégalité écologique s'intéresse aux rapports Nord-Sud. D'une part, de nombreux auteurs considèrent que les pays riches du Nord ont contracté une importante "dette" écologique à l'égard des pays pauvres, que ce soit par leur prélèvement des ressources de la biosphère ou par leurs rejets de polluants, au premier rang desquels les gaz à effet de serre. D'autre part, les pays pauvres subissent, et vont subir, l'essentiel des impacts du changement climatique alors qu'ils en sont les moins responsables, comme l'a montré Thara Srinivasan dans la revue de l'Académie des sciences américaines (PNAS, 21 janvier). De même, en novembre 2007, le rapport annuel du Programme des Nation unies pour le développement avait conclu que "le changement climatique accentuerait encore les inégalités profondes entre les pays".
La question écologique ne peut donc se résoudre si l'on oublie sa dimension sociale. L'idée qu'il faut réduire les inégalités à l'intérieur des pays et entre les pays s'impose progressivement. A l'échelle internationale, l'association Eco-Equity et l'Institut d'environnement de Stockholm proposent ainsi de définir un "seuil de développement" d'environ 6 000 euros par an et par individu. Les coûts pour faire face au changement climatique seraient ensuite partagés entre tous, les pays situés au-dessus de ce seuil de développement payant une part plus importante.
RMA, seuil de développement, équité, réduction des inégalités : ce sont les nouveaux gros mots du développement durable.
Hervé Kempf
Le Monde, 25 novembre 2009
http://www.lemonde.fr/import/article/2009/11/25/une-mesure-ecologique-reduire-l-inegalite_1030229_3544.html
Dîner d'amis. On parle du ministre indigne, du fils à papa président, de l'oligarchie cynique. Anne a un point de vue original : "Et si tout cela était un rideau de fumée, pour occuper la galerie, et dissimuler les vrais problèmes ?" Ah, tiens !
Exemple : on s'est indigné des bonus des banquiers, traders, et autres patrons. Réponse logique : les limiter. Rien ne se passe. Mais voyez : après que le revenu maximal admissible (RMA) a été mis au programme d'Europe Ecologie, au printemps, il entre dans la panoplie du Parti de gauche, qui a présenté le 13 octobre un "plan de fiscalité écologique" élaboré et roboratif, dont le premier article prévoit un revenu maximal autorisé. Le grand écart des inégalités est "la cause du renforcement d'une classe de riches, gaspillant et détruisant, par des consommations de loisir de luxe, les ressources de la planète", écrit ce parti.
Et voici qu'à son tour le Parti socialiste a présenté une proposition de loi le 15 octobre sur les "rémunérations des dirigeants d'entreprise et des opérateurs demarché", qui prévoit pour les dirigeants des entreprises ayant reçu une aide publique un "salaire maximal". Donc, toute la gauche met à son programme le revenu maximal admissible, et... quasi pas une ligne dans les journaux, pas un mot sur les radios, rien sur les télés. Motus et bouche cousue. Ça n'intéresse personne ? Allons !
Explication ? Les médias sont aux trois quarts (je suis optimiste) sous le contrôle de l'oligarchie. Mais on ne peut parler de censure : les politiques eux-mêmes ne poussent pas très fort sur le sujet, ils le mettent au programme, mais ne s'engagent pas vraiment.
J'appelle Patrick Viveret, un de ceux qui ont lancé l'idée du RMA, pour mieux comprendre. "Lespolitiques mettent le revenu maximum en évidence, c'est nouveau, mais ils y vont à reculons, dit-il. Dans une société où le seul imaginaire est l'imaginaire de l'avoir, le RMA est perçu comme une restriction de la liberté. Pour convaincre de son utilité, il faut une vraie campagne : d'abord montrer que le revenu est déjà plafonné pour l'immense majorité de la population. Et surtout, travailler l'imaginaire positif, tel que celui de la sobriété heureuse, du bien-vivre. Cela va à l'encontre de tout l'économisme dominant : il propose une compensation au mal-être par la consommation, il apporte la consolation par la publicité."
"Mais, poursuit Patrick Viveret, ce registre est bouché : la consommation devient écologiquement insupportable. Alors, les logiques dominantes remplacent peu à peu le registre compensateur-consolateur par un registre autoritaire. Si tu dis, "la voie compensatrice-consolatrice" n'est plus possible et qu'on refuse la voie autoritaire, il faut travailler sur la démocratie et sur la sobriété heureuse." Etre plus heureux en ayant moins, certes. Mais surtout en rêvant autrement.
Hervé Kempf
Le Monde du 24 octobre 2009
http://www.reporterre.net/spip.php?article683
Et voici qu'à son tour le Parti socialiste a présenté une proposition de loi le 15 octobre sur les "rémunérations des dirigeants d'entreprise et des opérateurs demarché", qui prévoit pour les dirigeants des entreprises ayant reçu une aide publique un "salaire maximal". Donc, toute la gauche met à son programme le revenu maximal admissible, et... quasi pas une ligne dans les journaux, pas un mot sur les radios, rien sur les télés. Motus et bouche cousue. Ça n'intéresse personne ? Allons !
Explication ? Les médias sont aux trois quarts (je suis optimiste) sous le contrôle de l'oligarchie. Mais on ne peut parler de censure : les politiques eux-mêmes ne poussent pas très fort sur le sujet, ils le mettent au programme, mais ne s'engagent pas vraiment.
J'appelle Patrick Viveret, un de ceux qui ont lancé l'idée du RMA, pour mieux comprendre. "Lespolitiques mettent le revenu maximum en évidence, c'est nouveau, mais ils y vont à reculons, dit-il. Dans une société où le seul imaginaire est l'imaginaire de l'avoir, le RMA est perçu comme une restriction de la liberté. Pour convaincre de son utilité, il faut une vraie campagne : d'abord montrer que le revenu est déjà plafonné pour l'immense majorité de la population. Et surtout, travailler l'imaginaire positif, tel que celui de la sobriété heureuse, du bien-vivre. Cela va à l'encontre de tout l'économisme dominant : il propose une compensation au mal-être par la consommation, il apporte la consolation par la publicité."
"Mais, poursuit Patrick Viveret, ce registre est bouché : la consommation devient écologiquement insupportable. Alors, les logiques dominantes remplacent peu à peu le registre compensateur-consolateur par un registre autoritaire. Si tu dis, "la voie compensatrice-consolatrice" n'est plus possible et qu'on refuse la voie autoritaire, il faut travailler sur la démocratie et sur la sobriété heureuse." Etre plus heureux en ayant moins, certes. Mais surtout en rêvant autrement.
Hervé Kempf
Le Monde du 24 octobre 2009
http://www.reporterre.net/spip.php?article683
La chronique matinale de Simon Tivolle du mercredi 14 octobre 2009.
Je vais marcher un peu sur les plates-bandes de Bernard Maris ce matin. L'Assemblée nationale débattra demain d'une proposition de loi faite par les socialistes. Elle vise "à rendre plus justes et plus transparentes les politiques de rémunérations des dirigeants d'entreprises." Faute de pouvoir faire sauter le bouclier fiscal, les députés PS se sont rabattus sur une autre idée qui fait son chemin en temps de crise : l'instauration d'un salaire… maximum !
Au premier abord, ça fait un peu soviétique, mais l'idée est simple : il faut limiter l'écart entre celui qui est le moins bien payé dans une boîte et celui qui est le mieux payé. Ça n'a rien de nouveau. Henri Ford trouvait ainsi que son salaire ne devait pas dépasser 40 fois celui de ses ouvriers. Aujourd'hui on en est très loin. En 2007 les patrons français du CAC 40 ont eu comme revenus, en moyenne, l'équivalent de… 400 fois le SMIC. Et pour certains, l'écart était bien plus grand !
- Alors concrètement que propose le parti socialiste pour corriger ce grand écart entre salaires ?
Pour les entreprises qui sont aidées par l'Etat, le PS propose une rémunération maximale égale à 20 fois le plus bas salaire. Par exemple s'il y a des ouvriers au smic, le patron gagnerait au max 27.000 euros brut par mois.
Pour les autres entreprises, les socialistes ne fixent pas de limites. Mais ils souhaitent qu'il y ait un comité indépendant, comprenant des représentants des salariés, qui contrôle les rémunérations. Et qu'ensuite les écarts de revenus soient votés en Assemblée générale des actionnaires.
Houlala ! Sans doute Serge Dassault, parcouru de frissons, va-t-il ressortir l'image du communiste avec le couteau entre les dents…Et on imagine les cris d'effrois poussé par le Medef, qui nous promet toujours un code de bonne conduite, mais pour plus tard, et sans caractère contraignant.
En fait, le PS a surtout ciblé le symbole des grands patrons qui se goinfrent, sans que rien ne justifie leurs vertigineux revenus. Ces patrons que même Alain Minc, leur ami, avait mis en garde contre leur "excès d'inconscience"... Pour le reste, la proposition socialiste n'est pas si révolutionnaire que ça, car en moyenne dans les PME l'échelle de salaire va de 1 à 4. Et dans les sociétés anonymes qui ont plus de 500 salariés, le patron touche en moyenne 10.000 euros par mois, ce qui fait un rapport de 1 à 8 avec ses employés.
Voilà, en ces temps de sourde inquiétude sociale je trouve cette réflexion intéressante, même si on peut, bien sûr, discuter de la méthode choisie. Dans les faits, aucun autre pays n'a mis en place ce mécanisme de revenu maximum.
- Comment font les autres pour rogner les salaires indécents ?
En février dernier, Barak Obama n'a pas hésité à aller très loin, en décidant que les patrons dont les entreprises ont été aidées par les contribuables américains ne peuvent pas percevoir plus de 500.000 dollars par an. Evidemment, ça ne représente qu'une poignée de patrons, ceux de Citygroup, Bank of America, General Motors etc… mais, au pays de la libre entreprise, ils se retrouvent quand même avec un salaire divisé par 5 ou par 10… Donc c'est possible de fixer un plafond de rémunération. Autre solution. Les Pays-Bas, eux, ont choisi un petit coup de matraque fiscal : désormais tous les grands patrons qui gagnent plus de 500.000 euros par an doivent payer 30% d'impôts en plus sur leurs primes.
- Puisque je fais du Bernard Maris aujourd'hui, voici ma citation du jour : "il ne peut pas y avoir d'économie sans morale". C'est signé du Président Sarkozy, il y a six mois, discours à Saint Quentin.
http://sites.radiofrance.fr/franceinter/chro/lebilletde/index.php?id=84220
Au premier abord, ça fait un peu soviétique, mais l'idée est simple : il faut limiter l'écart entre celui qui est le moins bien payé dans une boîte et celui qui est le mieux payé. Ça n'a rien de nouveau. Henri Ford trouvait ainsi que son salaire ne devait pas dépasser 40 fois celui de ses ouvriers. Aujourd'hui on en est très loin. En 2007 les patrons français du CAC 40 ont eu comme revenus, en moyenne, l'équivalent de… 400 fois le SMIC. Et pour certains, l'écart était bien plus grand !
- Alors concrètement que propose le parti socialiste pour corriger ce grand écart entre salaires ?
Pour les entreprises qui sont aidées par l'Etat, le PS propose une rémunération maximale égale à 20 fois le plus bas salaire. Par exemple s'il y a des ouvriers au smic, le patron gagnerait au max 27.000 euros brut par mois.
Pour les autres entreprises, les socialistes ne fixent pas de limites. Mais ils souhaitent qu'il y ait un comité indépendant, comprenant des représentants des salariés, qui contrôle les rémunérations. Et qu'ensuite les écarts de revenus soient votés en Assemblée générale des actionnaires.
Houlala ! Sans doute Serge Dassault, parcouru de frissons, va-t-il ressortir l'image du communiste avec le couteau entre les dents…Et on imagine les cris d'effrois poussé par le Medef, qui nous promet toujours un code de bonne conduite, mais pour plus tard, et sans caractère contraignant.
En fait, le PS a surtout ciblé le symbole des grands patrons qui se goinfrent, sans que rien ne justifie leurs vertigineux revenus. Ces patrons que même Alain Minc, leur ami, avait mis en garde contre leur "excès d'inconscience"... Pour le reste, la proposition socialiste n'est pas si révolutionnaire que ça, car en moyenne dans les PME l'échelle de salaire va de 1 à 4. Et dans les sociétés anonymes qui ont plus de 500 salariés, le patron touche en moyenne 10.000 euros par mois, ce qui fait un rapport de 1 à 8 avec ses employés.
Voilà, en ces temps de sourde inquiétude sociale je trouve cette réflexion intéressante, même si on peut, bien sûr, discuter de la méthode choisie. Dans les faits, aucun autre pays n'a mis en place ce mécanisme de revenu maximum.
- Comment font les autres pour rogner les salaires indécents ?
En février dernier, Barak Obama n'a pas hésité à aller très loin, en décidant que les patrons dont les entreprises ont été aidées par les contribuables américains ne peuvent pas percevoir plus de 500.000 dollars par an. Evidemment, ça ne représente qu'une poignée de patrons, ceux de Citygroup, Bank of America, General Motors etc… mais, au pays de la libre entreprise, ils se retrouvent quand même avec un salaire divisé par 5 ou par 10… Donc c'est possible de fixer un plafond de rémunération. Autre solution. Les Pays-Bas, eux, ont choisi un petit coup de matraque fiscal : désormais tous les grands patrons qui gagnent plus de 500.000 euros par an doivent payer 30% d'impôts en plus sur leurs primes.
- Puisque je fais du Bernard Maris aujourd'hui, voici ma citation du jour : "il ne peut pas y avoir d'économie sans morale". C'est signé du Président Sarkozy, il y a six mois, discours à Saint Quentin.
http://sites.radiofrance.fr/franceinter/chro/lebilletde/index.php?id=84220
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Tivolle
Ce jeudi 15 octobre, le groupe socialiste défendra à l’Assemblée nationale une proposition de loi instaurant un salaire maximum. Ce texte prévoit que les entreprises aidées par l’Etat voient le salaire de leurs dirigeants plafonné à vingt-cinq fois le salaire minimum pratiqué à l’intérieur de l’entreprise et que, dans les autres entreprises, un écart de rémunérations entre les salaires minimum et maximum soit fixé par l’Assemblée Générale des actionnaires.
On peut néanmoins avoir déjà une idée de la teneur des débats à la lumière de l’accueil réservé au texte en commission des lois le 7 octobre dernier : l’UMP a repoussé tous les articles de la proposition de loi socialiste à l’exception du deuxième qui prévoit la création d’un « comité des rémunérations » dans chaque entreprise, mesure avancée dans le rapport Houillon (UMP) rendu public en juillet dernier. On constate que sur cette question, et malgré les discours du Président de la République, la droite reste prisonnière du néolibéralisme…et du Medef.
Pour autant, sur ce thème du « salaire maximum », le PS revient de loin et s’en saisi alors qu’il l’a laissé en jachère depuis le début de la crise financière. Dans un premier temps, seuls Marie-Noëlle Lienemann et Jean Glavany avaient signé la pétition initiée par Marianne au printemps dernier. Depuis, ils ont été rejoints par Guillaume Bachelay et Jean-Louis Bianco. Les choses se sont accélérées très récemment, sous la pression d’Alain Vidalies, pour que cette proposition de loi soit soutenue par les principaux dirigeants du parti et du groupe.
En avril dernier, les deux députés du Parti de Gauche de Jean-Luc Mélenchon, Marc Dolez et Jacques Desallangre, avaient les premiers faits une proposition de loi qui fixait un salaire maximum à vingt fois le salaire minimum. Le Front de gauche avait ensuite su reprendre cette proposition et la médiatiser au cours de la campagne européenne ; tout comme la liste Europe-écologie, aiguillonnée par le collectif « Sauvons les riches », qui voulait porter un revenu maximum autorisé et européen de 44 000 euros par mois. La jeune députée européenne Karima Delli l’a annoncé clairement : « on se donne dix ans pour réussir ! » Même le MoDem de François Bayrou embraye sur le salaire maximum en le reprenant dans ses propositions.
Finalement, la cause du salaire maximum se porte bien : 4000 signataires de l’appel lancé par Marianne auquel il faut ajouter les 2000 de la pétition du mouvement Utopia, des partis politiques qui se saisissent progressivement du problème, des citoyens qui se regroupent sur Internet (groupes facebook, Ministère de la fraternité…etc). Le combat culturel doit se poursuivre et s’intensifier dans les mois qui viennent. Avec un peu de persévérance (et de chance), le salaire maximum pourrait être une mesure-phare d’un candidat qui voudrait battre Nicolas Sarkozy en 2012…
Jean-Philippe HUELIN est animateur du site « Pour un salaire maximum » et coauteur d’un essai intitulé "Recherche le peuple désespérément" (Bourin éditeur).
Article publié sur Marianne2 : http://www.marianne2.fr/Salaire-maximum-la-decence-minimum_a182435.html
Pour autant, sur ce thème du « salaire maximum », le PS revient de loin et s’en saisi alors qu’il l’a laissé en jachère depuis le début de la crise financière. Dans un premier temps, seuls Marie-Noëlle Lienemann et Jean Glavany avaient signé la pétition initiée par Marianne au printemps dernier. Depuis, ils ont été rejoints par Guillaume Bachelay et Jean-Louis Bianco. Les choses se sont accélérées très récemment, sous la pression d’Alain Vidalies, pour que cette proposition de loi soit soutenue par les principaux dirigeants du parti et du groupe.
En avril dernier, les deux députés du Parti de Gauche de Jean-Luc Mélenchon, Marc Dolez et Jacques Desallangre, avaient les premiers faits une proposition de loi qui fixait un salaire maximum à vingt fois le salaire minimum. Le Front de gauche avait ensuite su reprendre cette proposition et la médiatiser au cours de la campagne européenne ; tout comme la liste Europe-écologie, aiguillonnée par le collectif « Sauvons les riches », qui voulait porter un revenu maximum autorisé et européen de 44 000 euros par mois. La jeune députée européenne Karima Delli l’a annoncé clairement : « on se donne dix ans pour réussir ! » Même le MoDem de François Bayrou embraye sur le salaire maximum en le reprenant dans ses propositions.
Finalement, la cause du salaire maximum se porte bien : 4000 signataires de l’appel lancé par Marianne auquel il faut ajouter les 2000 de la pétition du mouvement Utopia, des partis politiques qui se saisissent progressivement du problème, des citoyens qui se regroupent sur Internet (groupes facebook, Ministère de la fraternité…etc). Le combat culturel doit se poursuivre et s’intensifier dans les mois qui viennent. Avec un peu de persévérance (et de chance), le salaire maximum pourrait être une mesure-phare d’un candidat qui voudrait battre Nicolas Sarkozy en 2012…
Jean-Philippe HUELIN est animateur du site « Pour un salaire maximum » et coauteur d’un essai intitulé "Recherche le peuple désespérément" (Bourin éditeur).
Article publié sur Marianne2 : http://www.marianne2.fr/Salaire-maximum-la-decence-minimum_a182435.html
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huelin
Le président du groupe socialiste à l'Assemblée nationale explique les principes de la proposition de loi.
Vous avez déposé plusieurs propositions de loi, dont une prévoyant l'instauration d'un salaire maximum.Quel en serait le mécanisme ?
Il y a deux cas de figure. En ce qui concerne les entreprises aidées par l'État, nous préconisons une rémunération maximale égale à 20 fois le salaire minimum pratiqué dans l'entreprise. Pour les autres entreprises, nous souhaitons que les écarts de rémunération soient votés en assemblée générale sur proposition du conseil d'administration après consultation du comité de rémunération, où les salariés seraient représentés.
Par ailleurs, concernant les bonus, nous proposons que la rémunération complémentaire ne dépasse pas la rémunération fixe. Le salaire maximum, c'est un nouveau contrat social sur l'échelle des rémunérations. Cette proposition sera débattue le 15 octobre à l'Assemblée et la droite devra dire pourquoi elle s'y oppose.
Extrait d'un entretien donné aux Echos du 30 septembre 2009 : http://www.lesechos.fr/info/france/020154094890--il-faut-qu-il-n-y-ait-qu-une-seule-parole-au-parti-socialiste-.htm
Il y a deux cas de figure. En ce qui concerne les entreprises aidées par l'État, nous préconisons une rémunération maximale égale à 20 fois le salaire minimum pratiqué dans l'entreprise. Pour les autres entreprises, nous souhaitons que les écarts de rémunération soient votés en assemblée générale sur proposition du conseil d'administration après consultation du comité de rémunération, où les salariés seraient représentés.
Par ailleurs, concernant les bonus, nous proposons que la rémunération complémentaire ne dépasse pas la rémunération fixe. Le salaire maximum, c'est un nouveau contrat social sur l'échelle des rémunérations. Cette proposition sera débattue le 15 octobre à l'Assemblée et la droite devra dire pourquoi elle s'y oppose.
Extrait d'un entretien donné aux Echos du 30 septembre 2009 : http://www.lesechos.fr/info/france/020154094890--il-faut-qu-il-n-y-ait-qu-une-seule-parole-au-parti-socialiste-.htm
PARIS, 16 sept 2009 (AFP) - 19h15 heure de Paris - Le président du groupe PS Jean-Marc Ayrault a déclaré mercredi que les députés socialistes voulaient désormais mettre leurs homologues de la majorité UMP-Nouveau centre "au pied du mur" en défendant des propositions de loi, notamment sur un "salaire maximum" contre les bonus.
Dès le 15 octobre, les députés PS défendront ainsi un texte pour instaurer un "salaire maximum", afin de tester la volonté de la majorité d'agir contre les bonus.
"Nous verrons bien si les discours sur les bonus, les stock-options, les retraites-chapeaux... ne sont pas que des mots", a déclaré M. Ayrault devant l'Association des journalistes parlementaires.
"Nous allons systématiquement mettre la droite au pied du mur sur des sujets où elle a fait des déclarations d'intention", indique-t-on dans l'entourage de M. Ayrault, pour qui il est temps de faire le bilan des discours de Nicolas Sarkozy sur la moralisation du capitalisme depuis le début de la crise.
Le 15 octobre, les députés PS défendront une autre proposition de loi pour interdire le crédit revolving et instaurer l'action de groupe (permettre à des groupes de consommateurs de saisir la justice contre une société ou une entreprise).
Pendant l'examen du projet de loi de finances 2010, le PS va aussi "proposer un rabotage des niches fiscales qui coûtent 70 milliards aux contribuables", d'après un responsable du groupe.
Le groupe PS va aussi demander le "retrait pur et simple" du projet de loi sur les jeux en ligne, "nouveaux cadeaux au club des amis du Fouquet's" selon M. Ayrault.
"La taxe carbone, c'est la poll tax de monsieur Sarkozy", a par ailleurs estimé M. Ayrault, en référence à la taxe très controversée adoptée en Grande-Bretagne à l'initiative de Margaret Thatcher, alors Premier ministre.
La poll tax est une taxe assise sur chaque adulte vivant dans une communauté.
http://hosting.afp.com/clients/assembleenationale/francais/assnat/090916171558.g0mtsox2.html
Dès le 15 octobre, les députés PS défendront ainsi un texte pour instaurer un "salaire maximum", afin de tester la volonté de la majorité d'agir contre les bonus.
"Nous verrons bien si les discours sur les bonus, les stock-options, les retraites-chapeaux... ne sont pas que des mots", a déclaré M. Ayrault devant l'Association des journalistes parlementaires.
"Nous allons systématiquement mettre la droite au pied du mur sur des sujets où elle a fait des déclarations d'intention", indique-t-on dans l'entourage de M. Ayrault, pour qui il est temps de faire le bilan des discours de Nicolas Sarkozy sur la moralisation du capitalisme depuis le début de la crise.
Le 15 octobre, les députés PS défendront une autre proposition de loi pour interdire le crédit revolving et instaurer l'action de groupe (permettre à des groupes de consommateurs de saisir la justice contre une société ou une entreprise).
Pendant l'examen du projet de loi de finances 2010, le PS va aussi "proposer un rabotage des niches fiscales qui coûtent 70 milliards aux contribuables", d'après un responsable du groupe.
Le groupe PS va aussi demander le "retrait pur et simple" du projet de loi sur les jeux en ligne, "nouveaux cadeaux au club des amis du Fouquet's" selon M. Ayrault.
"La taxe carbone, c'est la poll tax de monsieur Sarkozy", a par ailleurs estimé M. Ayrault, en référence à la taxe très controversée adoptée en Grande-Bretagne à l'initiative de Margaret Thatcher, alors Premier ministre.
La poll tax est une taxe assise sur chaque adulte vivant dans une communauté.
http://hosting.afp.com/clients/assembleenationale/francais/assnat/090916171558.g0mtsox2.html
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Une analyse subtile entre la nécessité d'un impôt énergétique, pour inciter aux changements de comportement et économiser l'énergie, la situation socio-géographique de notre pays et la nécessité du salaire maximum.
Quel tohu-bohu, les amis ! "Antisociale", "populiste", "hold-up fiscal", "impôt Sarkozy ", "ridicule", "écologie punitive", la contribution énergie climat - euh, la "taxe carbone" - fait rugir dans les chaumières.
Excellente nouvelle ! Si l'on se souvient qu'en 1992 le projet de taxe sur l'énergie avait été discrètement enterré sous la pression des milieux industriels, on mesure le chemin parcouru : la question écologique s'est imposée dans le débat démocratique. C'est le signe que le coeur de la politique dans les pays industrialisés, aujourd'hui, est de trouver comment établir une nouvelle relation avec la biosphère.
Deuxième point positif : le débat s'est organisé autour de la question de la justice. Le projet de taxe est-il équitable ? L'articulation entre justice sociale et écologie est mise en lumière comme cela n'avait jamais été le cas. Troisième observation : le mythe du "désert français" est mort. La vivacité du débat tient au fait qu'une large partie de la population vit en zone rurale, et dépend donc de l'automobile.
Cela étant observé, rappelons la logique de la démarche.
1 - Point de départ : la planète est engagée dans une crise écologique majeure, notamment par le changement climatique. Celui-ci pourrait avoir des conséquences immenses. Il découle de nos émissions de gaz à effet de serre.
Dès lors une conclusion s'impose :
2 - Il nous faut réduire nos émissions de gaz à effet de serre. Or celles-ci sont liées à notre consommation d'énergie.
Donc :
3 - Il nous faut réduire notre consommation d'énergie. Comment ? Les technologies alternatives ne sont pas disponibles à grande échelle et à court terme. Pour diminuer la consommation d'énergie fossile, qui produit du CO2, il nous faut en augmenter le prix pour en dissuader la consommation.
4 - Si le prix augmente, soit on dépense plus, soit on consomme moins. Oui, c'est une perte de pouvoir d'achat. Mais les responsables politiques qui prétendent lutter contre la crise écologique sans envisager une modification du mode de vie... mentent.
5 - Combien de personnes en France sont dans une situation économique telle qu'une diminution de leur consommation énergétique de 10 % est absolument insupportable ? A la louche, 20 % de la population. Pour ceux-ci, l'aide est indispensable, vitale, indiscutable. Mais les autres doivent accepter de consommer moins de pétrole et d'électricité.
6 - Les revenus tirés de l'impôt énergie doivent être clairement compensés par davantage de transports collectifs et d'aides aux économies d'énergie.
7 - L'impôt envisagé reste injuste dans le contexte d'une répartition des revenus particulièrement inégalitaire. Son acceptation suppose une réforme fiscale corrigeant ce désordre social : abolition du bouclier fiscal, refonte des niches fiscales, revenu maximal admissible.
Excellente nouvelle ! Si l'on se souvient qu'en 1992 le projet de taxe sur l'énergie avait été discrètement enterré sous la pression des milieux industriels, on mesure le chemin parcouru : la question écologique s'est imposée dans le débat démocratique. C'est le signe que le coeur de la politique dans les pays industrialisés, aujourd'hui, est de trouver comment établir une nouvelle relation avec la biosphère.
Deuxième point positif : le débat s'est organisé autour de la question de la justice. Le projet de taxe est-il équitable ? L'articulation entre justice sociale et écologie est mise en lumière comme cela n'avait jamais été le cas. Troisième observation : le mythe du "désert français" est mort. La vivacité du débat tient au fait qu'une large partie de la population vit en zone rurale, et dépend donc de l'automobile.
Cela étant observé, rappelons la logique de la démarche.
1 - Point de départ : la planète est engagée dans une crise écologique majeure, notamment par le changement climatique. Celui-ci pourrait avoir des conséquences immenses. Il découle de nos émissions de gaz à effet de serre.
Dès lors une conclusion s'impose :
2 - Il nous faut réduire nos émissions de gaz à effet de serre. Or celles-ci sont liées à notre consommation d'énergie.
Donc :
3 - Il nous faut réduire notre consommation d'énergie. Comment ? Les technologies alternatives ne sont pas disponibles à grande échelle et à court terme. Pour diminuer la consommation d'énergie fossile, qui produit du CO2, il nous faut en augmenter le prix pour en dissuader la consommation.
4 - Si le prix augmente, soit on dépense plus, soit on consomme moins. Oui, c'est une perte de pouvoir d'achat. Mais les responsables politiques qui prétendent lutter contre la crise écologique sans envisager une modification du mode de vie... mentent.
5 - Combien de personnes en France sont dans une situation économique telle qu'une diminution de leur consommation énergétique de 10 % est absolument insupportable ? A la louche, 20 % de la population. Pour ceux-ci, l'aide est indispensable, vitale, indiscutable. Mais les autres doivent accepter de consommer moins de pétrole et d'électricité.
6 - Les revenus tirés de l'impôt énergie doivent être clairement compensés par davantage de transports collectifs et d'aides aux économies d'énergie.
7 - L'impôt envisagé reste injuste dans le contexte d'une répartition des revenus particulièrement inégalitaire. Son acceptation suppose une réforme fiscale corrigeant ce désordre social : abolition du bouclier fiscal, refonte des niches fiscales, revenu maximal admissible.
Débat dans l'Humanité. Face à Face. Jérôme Dubus, délégué général du MEDEF Ile-de-France. Christophe Ramaux, économiste, maître de conférences, signataire de l’Appel des économistes en faveur du Front de gauche.
Sans l’égalité, la démocratie est un vain mot, par Christophe Ramaux, économiste, maître de conférences à l’université Paris-I, signataire de l’Appel des économistes en faveur du Front de gauche.
Le néolibéralisme s’est traduit par un développement massif des inégalités : entre riches et pauvres, entre profit et salaire, entre salariés eux-mêmes avec une fraction réduite de cadres dirigeants dont les rémunérations (salaires, stock-options…) ont explosé (voir la mine d’informations sur le site de l’Observatoire des inégalités : http://www.inegalites.fr/).
Alors qu’elle s’était réduite après 1945, la part des revenus globaux (salaire, revenus du patrimoine, etc.), avant impôt, perçus par les 1 % les plus riches a, depuis 1974, plus que doublé aux États-Unis (de 8,1 % à 17,4 % en 2005) comme au Royaume-Uni (de 6,5 % à 14,3 %). Même si elle moins forte et plus récente, cette évolution se retrouve dans les autres pays, Elle est plus accentuée encore si on s’intéresse au 0,1 % ou au 0,01 % les mieux payés. En France, par exemple, du strict point de vue des salaires, les 0,1 % les mieux rémunérés ont vu leurs salaires bruts mensuels (hors stock-options ou intéressement !) augmenter (inflation déduite) de 28 % entre 1996 et 2006 (de 19 374 à 24 800 euros), soit un gain de 5 426 euros par mois, alors que les 60 % des salariés qui touchent moins de 2 282 euros brut ont dû se contenter d’une hausse inférieure à 130 euros. Traditionnellement, les longues « phases récessives », par opposition aux « phases expansives » comme les Trente Glorieuses, sont marquées par une baisse du taux de profit. Le néolibéralisme a réussi le tour de force, depuis le début des années 1980, de contredire cette loi : les profits ont augmenté en dépit de l’atonie, en particulier en Europe, de la croissance. La part des profits distribués aux actionnaires a, nul ne le conteste, fortement augmenté ces deux dernières décennies. Non contents d’avoir vu leurs revenus croître à mesure que se développait l’austérité salariale, les riches ont aussi bénéficié de cadeaux fiscaux. D’une pierre deux coups donc : ils paient moins d’impôts, ce qui creuse la dette publique et contraint les États à emprunter auprès d’eux (en leur versant des intérêts). Progressivement, nos sociétés sont ainsi redevenues les sociétés de « rentiers » qu’elles étaient à la fin du XIXe siècle. La violente crise en cours va se traduire par une baisse des profits et des hauts revenus. Mais les nantis, dont ceux de la finance, s’emploient déjà à ce que cette baisse ne soit qu’une brève parenthèse. Le capitalisme néolibéral est non seulement injuste mais inefficace : l’austérité salariale comprime la consommation et pousse à l’endettement des ménages, tandis que l’envolée des hauts revenus entretient la spéculation et la gabegie consumériste d’une infime minorité. La lutte contre les inégalités passe d’abord par un rééquilibrage du « partage primaire » des revenus, celui opéré au sein même des entreprises entre salaires et profits. Il passe aussi par un retour à la règle élémentaire de la progressivité de l’impôt. Aux États-Unis, suite à la grande crise des années 1930, le taux d’imposition des revenus des plus riches a été fixé à 90 %. Des taux redistributifs élevés ont été maintenus jusqu’aux années 1970 et cette règle prévalait dans la plupart des pays. Le monde ne s’en portait pas plus mal. Avec la crise en cours, le néolibéralisme est frappé d’une profonde crise de légitimité. Par quoi le remplacer ? C’est tout l’enjeu de la période. Une société démocratique ne peut « tenir » sans justification, sans règles de justice. L’égalité, sans laquelle la démocratie n’est qu’un vain mot, doit être réhabilitée. Même si ce n’est pas la seule, la règle de l’écart maximal de revenus calculé en partant des minima sociaux (de 1 à 15 pour commencer, par exemple, soit un revenu maximal global de 6 800 euros avec un RSA à 450 euros) est une pièce indispensable du puzzle de l’alternative. Deux siècles après la Révolution française et la suppression des privilèges au cours de la nuit du 4 août, n’est-il pas temps de le faire ? La France ne se grandirait-elle pas à être la première nation à instaurer cette règle élémentaire de justice ?
Une fausse bonne idée, par Jérôme Dubus, délégué général du MEDEF Île-de-France.
À en croire un certain nombre d’analystes, se situant plus sur le terrain des « bons sentiments » que sur celui de l’économie, les hautes rémunérations porteraient une responsabilité majeure dans le déclenchement de la crise actuelle. Pas un jour sans dénonciation pêle-mêle des stock-options, bonus, parachutes dorés touchés par certains dirigeants ou cadres de haut niveau : une nouvelle nuit du 4 août serait en préparation tant le pays aurait les nerfs à fleur de peau. Cette crise révèle ce que nous savions déjà : notre pays a du mal à accepter la culture d’entreprise. Les efforts accomplis lors des dernières décennies (voir par exemple la multiplication des créations d’entreprises) risquent d’être balayés : se profile aujourd’hui le retour de la lutte des classes dont semble procéder la fixation d’un salaire maximum. Il n’est pas question de nier la trop grande financiarisation de l’économie actuelle dont certains abus sont la conséquence et non la cause. Demander 20 % de rendement, alors que la croissance atteint 4 %, ne peut que provoquer des déséquilibres importants dont les PME/TPE sont les premières à faire les frais. Comment faire face à des conditions de sous-traitance de plus en plus sévères ? Comment attirer les talents lorsque l’écart des rémunérations entre les grands groupes et les PME/TPE atteint en moyenne 30 % ? Comment réorienter l’épargne vers l’économie réelle, productive, ancrée dans les territoires et créatrice d’emploi ? Voilà les vraies questions auxquelles il convient de répondre sans tomber dans un moralisme dont les arrière-pensées politiques ne sont pas exclues… Depuis le début de la crise, la France n’a pas à rougir de sa situation par rapport à d’autres pays. Dès le mois d’octobre 2008, le MEDEF a élaboré, en partenariat avec l’AFEP, un code de bonne conduite pour les entreprises cotées qui repose sur 4 principes : la rémunération du dirigeant doit être variable en fonction des résultats de l’entreprise, à la hausse comme à la baisse ; la rémunération du dirigeant doit être fondée sur l’équité en comparant ses efforts et ses résultats à ceux d’autres dirigeants et des salariés ; les actionnaires doivent exercer pleinement leur rôle de contrôle des dirigeants, notamment en matière de rémunérations ; les rémunérations variables doivent être fondées sur une réelle création de valeur à long terme. Selon le rapport publié par l’Autorité des marchés financiers au mois de juillet, près de 80 % des entreprises du CAC 40 et du SBF 120 appliquent déjà ces recommandations. Son président, Jean-Pierre JOUYET, peu suspect de dérive capitaliste, a d’ailleurs déclaré au vu de ces résultats qu’ « il ne lui semblait pas souhaitable de passer par une loi pour encadrer dans le détail les rémunérations ». Que peut la France, seule, dans un cadre mondialisé ? Instaurer un salaire maximum de manière unilatérale n’a pas de sens : mieux vaut tenter de convaincre nos partenaires mondiaux du bien-fondé de nos recommandations lors du prochain G20. Avant la crise, notre pays n’avait pas non plus à rougir de sa situation en matière d’inégalités : lors de la dernière décennie, la France devenue le seul pays où les rémunérations ont augmenté plus vite que la production (le revenu disponible brut des ménages a cru de 2,1 % par an, tandis que la croissance annuelle n’atteignait que 1,7 %). Rappelons également quelques chiffres officiels : le salaire moyen mensuel d’un dirigeant de PME s’éleve à 5 000 euros, soit une échelle de 1 à 4 avec le salaire minimum ; le salaire moyen mensuel d’un président d’une société anonyme employant plus de 500 salariés atteint 10 000 euros par mois, soit un rapport de 1 à 8 avec le SMIC. Faut-il rappeler que la rémunération mensuelle d’un parlementaire s’élève également à 10 000 euros, avantages fiscaux compris ? Il ne s’agit pas de transformer une crise économique en crise morale, en crise entre les profiteurs et les soumis. « Sans doute, il y a des patrons qui s’amusent, mais ce qu’ils veulent avant tout, quand ils sont vraiment patrons, c’est gagner la bataille. » (Jean Jaurès).
http://www.humanite.fr/Faut-il-un-revenu-maximum
Le néolibéralisme s’est traduit par un développement massif des inégalités : entre riches et pauvres, entre profit et salaire, entre salariés eux-mêmes avec une fraction réduite de cadres dirigeants dont les rémunérations (salaires, stock-options…) ont explosé (voir la mine d’informations sur le site de l’Observatoire des inégalités : http://www.inegalites.fr/).
Alors qu’elle s’était réduite après 1945, la part des revenus globaux (salaire, revenus du patrimoine, etc.), avant impôt, perçus par les 1 % les plus riches a, depuis 1974, plus que doublé aux États-Unis (de 8,1 % à 17,4 % en 2005) comme au Royaume-Uni (de 6,5 % à 14,3 %). Même si elle moins forte et plus récente, cette évolution se retrouve dans les autres pays, Elle est plus accentuée encore si on s’intéresse au 0,1 % ou au 0,01 % les mieux payés. En France, par exemple, du strict point de vue des salaires, les 0,1 % les mieux rémunérés ont vu leurs salaires bruts mensuels (hors stock-options ou intéressement !) augmenter (inflation déduite) de 28 % entre 1996 et 2006 (de 19 374 à 24 800 euros), soit un gain de 5 426 euros par mois, alors que les 60 % des salariés qui touchent moins de 2 282 euros brut ont dû se contenter d’une hausse inférieure à 130 euros. Traditionnellement, les longues « phases récessives », par opposition aux « phases expansives » comme les Trente Glorieuses, sont marquées par une baisse du taux de profit. Le néolibéralisme a réussi le tour de force, depuis le début des années 1980, de contredire cette loi : les profits ont augmenté en dépit de l’atonie, en particulier en Europe, de la croissance. La part des profits distribués aux actionnaires a, nul ne le conteste, fortement augmenté ces deux dernières décennies. Non contents d’avoir vu leurs revenus croître à mesure que se développait l’austérité salariale, les riches ont aussi bénéficié de cadeaux fiscaux. D’une pierre deux coups donc : ils paient moins d’impôts, ce qui creuse la dette publique et contraint les États à emprunter auprès d’eux (en leur versant des intérêts). Progressivement, nos sociétés sont ainsi redevenues les sociétés de « rentiers » qu’elles étaient à la fin du XIXe siècle. La violente crise en cours va se traduire par une baisse des profits et des hauts revenus. Mais les nantis, dont ceux de la finance, s’emploient déjà à ce que cette baisse ne soit qu’une brève parenthèse. Le capitalisme néolibéral est non seulement injuste mais inefficace : l’austérité salariale comprime la consommation et pousse à l’endettement des ménages, tandis que l’envolée des hauts revenus entretient la spéculation et la gabegie consumériste d’une infime minorité. La lutte contre les inégalités passe d’abord par un rééquilibrage du « partage primaire » des revenus, celui opéré au sein même des entreprises entre salaires et profits. Il passe aussi par un retour à la règle élémentaire de la progressivité de l’impôt. Aux États-Unis, suite à la grande crise des années 1930, le taux d’imposition des revenus des plus riches a été fixé à 90 %. Des taux redistributifs élevés ont été maintenus jusqu’aux années 1970 et cette règle prévalait dans la plupart des pays. Le monde ne s’en portait pas plus mal. Avec la crise en cours, le néolibéralisme est frappé d’une profonde crise de légitimité. Par quoi le remplacer ? C’est tout l’enjeu de la période. Une société démocratique ne peut « tenir » sans justification, sans règles de justice. L’égalité, sans laquelle la démocratie n’est qu’un vain mot, doit être réhabilitée. Même si ce n’est pas la seule, la règle de l’écart maximal de revenus calculé en partant des minima sociaux (de 1 à 15 pour commencer, par exemple, soit un revenu maximal global de 6 800 euros avec un RSA à 450 euros) est une pièce indispensable du puzzle de l’alternative. Deux siècles après la Révolution française et la suppression des privilèges au cours de la nuit du 4 août, n’est-il pas temps de le faire ? La France ne se grandirait-elle pas à être la première nation à instaurer cette règle élémentaire de justice ?
Une fausse bonne idée, par Jérôme Dubus, délégué général du MEDEF Île-de-France.
À en croire un certain nombre d’analystes, se situant plus sur le terrain des « bons sentiments » que sur celui de l’économie, les hautes rémunérations porteraient une responsabilité majeure dans le déclenchement de la crise actuelle. Pas un jour sans dénonciation pêle-mêle des stock-options, bonus, parachutes dorés touchés par certains dirigeants ou cadres de haut niveau : une nouvelle nuit du 4 août serait en préparation tant le pays aurait les nerfs à fleur de peau. Cette crise révèle ce que nous savions déjà : notre pays a du mal à accepter la culture d’entreprise. Les efforts accomplis lors des dernières décennies (voir par exemple la multiplication des créations d’entreprises) risquent d’être balayés : se profile aujourd’hui le retour de la lutte des classes dont semble procéder la fixation d’un salaire maximum. Il n’est pas question de nier la trop grande financiarisation de l’économie actuelle dont certains abus sont la conséquence et non la cause. Demander 20 % de rendement, alors que la croissance atteint 4 %, ne peut que provoquer des déséquilibres importants dont les PME/TPE sont les premières à faire les frais. Comment faire face à des conditions de sous-traitance de plus en plus sévères ? Comment attirer les talents lorsque l’écart des rémunérations entre les grands groupes et les PME/TPE atteint en moyenne 30 % ? Comment réorienter l’épargne vers l’économie réelle, productive, ancrée dans les territoires et créatrice d’emploi ? Voilà les vraies questions auxquelles il convient de répondre sans tomber dans un moralisme dont les arrière-pensées politiques ne sont pas exclues… Depuis le début de la crise, la France n’a pas à rougir de sa situation par rapport à d’autres pays. Dès le mois d’octobre 2008, le MEDEF a élaboré, en partenariat avec l’AFEP, un code de bonne conduite pour les entreprises cotées qui repose sur 4 principes : la rémunération du dirigeant doit être variable en fonction des résultats de l’entreprise, à la hausse comme à la baisse ; la rémunération du dirigeant doit être fondée sur l’équité en comparant ses efforts et ses résultats à ceux d’autres dirigeants et des salariés ; les actionnaires doivent exercer pleinement leur rôle de contrôle des dirigeants, notamment en matière de rémunérations ; les rémunérations variables doivent être fondées sur une réelle création de valeur à long terme. Selon le rapport publié par l’Autorité des marchés financiers au mois de juillet, près de 80 % des entreprises du CAC 40 et du SBF 120 appliquent déjà ces recommandations. Son président, Jean-Pierre JOUYET, peu suspect de dérive capitaliste, a d’ailleurs déclaré au vu de ces résultats qu’ « il ne lui semblait pas souhaitable de passer par une loi pour encadrer dans le détail les rémunérations ». Que peut la France, seule, dans un cadre mondialisé ? Instaurer un salaire maximum de manière unilatérale n’a pas de sens : mieux vaut tenter de convaincre nos partenaires mondiaux du bien-fondé de nos recommandations lors du prochain G20. Avant la crise, notre pays n’avait pas non plus à rougir de sa situation en matière d’inégalités : lors de la dernière décennie, la France devenue le seul pays où les rémunérations ont augmenté plus vite que la production (le revenu disponible brut des ménages a cru de 2,1 % par an, tandis que la croissance annuelle n’atteignait que 1,7 %). Rappelons également quelques chiffres officiels : le salaire moyen mensuel d’un dirigeant de PME s’éleve à 5 000 euros, soit une échelle de 1 à 4 avec le salaire minimum ; le salaire moyen mensuel d’un président d’une société anonyme employant plus de 500 salariés atteint 10 000 euros par mois, soit un rapport de 1 à 8 avec le SMIC. Faut-il rappeler que la rémunération mensuelle d’un parlementaire s’élève également à 10 000 euros, avantages fiscaux compris ? Il ne s’agit pas de transformer une crise économique en crise morale, en crise entre les profiteurs et les soumis. « Sans doute, il y a des patrons qui s’amusent, mais ce qu’ils veulent avant tout, quand ils sont vraiment patrons, c’est gagner la bataille. » (Jean Jaurès).
http://www.humanite.fr/Faut-il-un-revenu-maximum
Bel été, campagne, mer, amours, tout va bien ? Canicule, avions pleins, bouchons autoroutiers. La routine estivale. Des usines ont fermé ? Hmm. On s'est bien reposé. Et... c'est la rentrée.
Pour l'écologie, elle prend la forme d'un compte à rebours : dans moins de cent jours s'ouvrira la conférence de Copenhague sur le changement climatique. Rendez-vous historique, magique, civilisationnel, vital - préparez-vous à la grandiloquence. Des cohortes de diplomates vont converger vers le Danemark début décembre, et sans doute pléthore d'activistes, militants, citoyens - on attendrait 100 000 mille personnes !
Objet du raout : mettre au point le traité qui succédera au protocole de Kyoto afin d'organiser la lutte internationale contre le changement climatique. Enjeu : les pays industrialisés s'engageront-ils à réduire drastiquement leurs émissions de gaz à effet de serre en échange d'un engagement des pays émergents à limiter les leurs ? Etat des lieux : la négociation est bloquée. Barack Obama, empêtré avec sa réforme de la santé, a peu de chances de faire voter avant décembre son projet de loi sur le climat. Du coup, les diplomates états-uniens sont sur les freins. La Chine et l'Inde répondent : tant que vous ne bougez pas, on ne bouge pas.
Un déblocage se produira-t-il ? On verra. Mais au fond, la clé ne se situe pas dans le jeu des grandes puissances. Ou plutôt, la lecture géostratégique n'a pas de sens si elle néglige la répartition des forces sociales dans les pays opulents. Le verrou à ouvrir se situe ainsi au coeur du fonctionnement du capitalisme contemporain. Vous avez entendu parler de l'affaire des bonus, bien sûr. De quoi est-ce le symptôme ? Du fait que les personnes les plus riches refusent obstinément de remettre en cause leurs privilèges.
Or si l'on veut lutter contre le changement climatique sans se payer de mots, il faut que toute la société s'y mette. Qu'on le veuille ou non, cela signifie une diminution de la consommation matérielle. Mais il est impossible pour les classes moyennes d'accepter d'aller vers la sobriété si les classes dirigeantes n'acceptent pas de réduire sérieusement leur mode de vie.
Rompre avec des décennies de culture de consommation est déjà très difficile ; cela devient insupportable si la transformation n'est pas équitablement partagée. La prévention du changement climatique suppose donc une remise en cause profonde du système social. Précisément ce contre quoi se ligue l'oligarchie aux Etats-Unis - en bloquant la réforme de la santé avant de tenter de faire dérailler la loi sur le climat -, mais aussi en Europe, comme l'illustre la comédie des bonus. Résultat : une position diplomatique faible, et l'enlisement de la négociation climatique.
Vous voulez réussir à Copenhague ? Proclamez qu'il faut redistribuer les richesses et plafonner les revenus en instaurant le revenu maximal admissible.
LE MONDE | 29.08.09
http://www.lemonde.fr/opinions/article/2009/08/29/rendez-vous-a-copenhague-par-herve-kempf_1233264_3232.html
Pour l'écologie, elle prend la forme d'un compte à rebours : dans moins de cent jours s'ouvrira la conférence de Copenhague sur le changement climatique. Rendez-vous historique, magique, civilisationnel, vital - préparez-vous à la grandiloquence. Des cohortes de diplomates vont converger vers le Danemark début décembre, et sans doute pléthore d'activistes, militants, citoyens - on attendrait 100 000 mille personnes !
Objet du raout : mettre au point le traité qui succédera au protocole de Kyoto afin d'organiser la lutte internationale contre le changement climatique. Enjeu : les pays industrialisés s'engageront-ils à réduire drastiquement leurs émissions de gaz à effet de serre en échange d'un engagement des pays émergents à limiter les leurs ? Etat des lieux : la négociation est bloquée. Barack Obama, empêtré avec sa réforme de la santé, a peu de chances de faire voter avant décembre son projet de loi sur le climat. Du coup, les diplomates états-uniens sont sur les freins. La Chine et l'Inde répondent : tant que vous ne bougez pas, on ne bouge pas.
Un déblocage se produira-t-il ? On verra. Mais au fond, la clé ne se situe pas dans le jeu des grandes puissances. Ou plutôt, la lecture géostratégique n'a pas de sens si elle néglige la répartition des forces sociales dans les pays opulents. Le verrou à ouvrir se situe ainsi au coeur du fonctionnement du capitalisme contemporain. Vous avez entendu parler de l'affaire des bonus, bien sûr. De quoi est-ce le symptôme ? Du fait que les personnes les plus riches refusent obstinément de remettre en cause leurs privilèges.
Or si l'on veut lutter contre le changement climatique sans se payer de mots, il faut que toute la société s'y mette. Qu'on le veuille ou non, cela signifie une diminution de la consommation matérielle. Mais il est impossible pour les classes moyennes d'accepter d'aller vers la sobriété si les classes dirigeantes n'acceptent pas de réduire sérieusement leur mode de vie.
Rompre avec des décennies de culture de consommation est déjà très difficile ; cela devient insupportable si la transformation n'est pas équitablement partagée. La prévention du changement climatique suppose donc une remise en cause profonde du système social. Précisément ce contre quoi se ligue l'oligarchie aux Etats-Unis - en bloquant la réforme de la santé avant de tenter de faire dérailler la loi sur le climat -, mais aussi en Europe, comme l'illustre la comédie des bonus. Résultat : une position diplomatique faible, et l'enlisement de la négociation climatique.
Vous voulez réussir à Copenhague ? Proclamez qu'il faut redistribuer les richesses et plafonner les revenus en instaurant le revenu maximal admissible.
LE MONDE | 29.08.09
http://www.lemonde.fr/opinions/article/2009/08/29/rendez-vous-a-copenhague-par-herve-kempf_1233264_3232.html
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