L'hebdomadaire Marianne promeut le combat pour la salaire maximum.



le Vendredi 10 Avril 2009 à 12:22 | Commentaires (0)

Revue de presse

Le débat public sur la rémunération des hauts dirigeants ne tarit pas. Ce matin Xavier Bertrand, Brice Hortefeux et Alain Juppé en ont parlé sur les trois radios les plus populaires. Sans aborder la seule question qui vaille : le salaire maximum.


Bonus, stocks-options : il faut oser le salaire maximum!
Décidément, les dirigeants de la droite s’inquiètent de la tournure prise par le débat public sur les rémunérations des dirigeants.
Xavier Bertrand a joué les délégués CGT sur RTL ce matin en promenant au bout d’une pique la tête de turc Daniel Bouton, ex-patron de la Société Générale, dont on apprend qu’il percevra un million d’euros de retraite. Il a aussi défendu le partage des profits en rappelant que les salariés y apportaient une contribution au moins aussi importante que celle des actionnaires.
Brice Hortefeux renvoie, lui, la balle sur le MEDEF : « les propositions du MEDEF n’étaient pas suffisantes » a-t-il dit sur Europe 1 .
Enfin Alain Juppé a évoqué sur France Inter l’hypothèse de la suppression des stock-options. Ce serait en effet une mesure de bons sens : les stock-options - surtout au moment où les cours sont aussi bas qu'aujourd'hui - sont l'une des bulles du capitalisme financier, qui diffusent auprès des salariés l'idée de capital virtuel, donc de richesse virtuelle.

30 à 40 fois le salaire minimum, c'est raisonnable !

Tous ces responsables ont compris quelque chose aux temps de crise, qui soulignent en rouge vif l'importance des inégalités dans nos sociétés et l'indécence de certains membres des élites à vouloir «continuer comme avant».
Mais les solutions proposées sont inadaptées :
- le décret du gouvernement ne concerne que les sociétés «aidées». Mais en France, comme l'a souligné Malakine, toutes les sociétés ou presque sont aidées, notamment sous la forme de dégrèvements de charges;
- les mesures proposées sont présentées comme transitoires, limitées dans le tempos jusqu'à 2010; ainsi être payé plusieurs dizaines de millions d'euros par an serait légitime, sauf en temps de crise ? Quel aveu!

En réalité, ce matin, la vérité est sortie de la bouche d'un auteur de France Inter, technicien chez Sun Microystem : il a calculé que, payé 3000 euros par mois, il gagnait 350 fois moins que son PDG!
Il faut arrêter de tourner autour du pot : en réalité, les salaires des dirigeants d'entreprise ne sont pas seulement choquants en temps de crise mais en permanence. Gagner plus de 50 000 ou 100 000 euros par mois n'a aucun sens ni pour le bénéficiaire, en incapacité de dépenser de telles sommes même s'il existent des cafetières à plusieurs milliers d'euros. Ils témoignent surtout d'un véritable dérèglement social : au dessus d'un certain niveau de rémunération, les hommes s'extirpent d'une société.

Le problème n'est pas nouveau. Au début des années 1990, bien avant les folies du capitalisme financier, Ségolène Royal avait proposé de limiter à 50 000 F le salaire maximal! La proposition parait presque surréaliste aujourd'hui!
Plus loin dans le temps, Henry Ford, l'homme qui avait compris qu'il valait mieux fabriquer des 2 CV que des Bugatti, avait pensé que le salaire du PDG ne devait pas excéder 40 fois celui de l'employé le plus mal payé de son entreprise. Cette proposition était considéré comme une condition de fonctionnement quasi anthropologique du système capitaliste.
De son côté, George Orwell pensait que ce rapport devait être de un à dix.
Plus près de nous, le blogueur Seb Musset penche pour le chiffre de trente, qui parait très raisonnable :

Mardi 31 Mars 2009 - 11:50
Philippe Cohen
http://www.marianne2.fr/Bonus,-stocks-options-il-faut-oser-le-salaire-maximum!_a177716.html

le Vendredi 3 Avril 2009 à 19:58 | Commentaires (0)

Revue de presse

"Il faut instaurer un revenu maximal autorisé, de l’ordre de 30 fois le revenu médian, au-delà duquel les revenus seraient massivement imposés."


Un gentil Smac pour M. Sarkozy, par Hervé Kempf
Blic revient de la manif, des tracts plein les poches, toute joyeuse, fredonnant "Les potes croquent, la planète craque", la chanson du quartette Nouhouh.
"Ah, tiens, Blork, ben, t’es pas venu ? -Non, je méditais. Comment être gentil avec le président ? -Gentil avec le président ?" Blic manque de s’étrangler.
"Gentil avec... ! -Eh oui. Obsessionnel du pouvoir, fasciné par l’argent, incapable de passer ses vacances ailleurs que chez des milliardaires, ce pauvre garçon a besoin d’aide. -Mais enfin..."

Blic cherche ses mots...
"C’est le pire président qu’on ait eu depuis le maréchal Pétain, le plus couché devant les puissants, le plus dangereux pour les libertés publiques ! -On est bien d’accord, chère Blic. Mais enfin, ce porte-parole de l’oligarchie, ce sont bien les Français qui l’ont élu ? Et la gauche, elle disait quoi quand il faisait campagne ? Non, il faut aider ce pauvre Sarkozy. Tiens, écoute ce qu’écrit le collectif Sauvons les riches."

En entendant Sauvons les riches, Blic s’évanouit. Blork ne le remarque pas et lit à voix haute : "Il faut sauver les riches de leur vie clinquante, vulgaire, et tellement triste. Notre mission : ramener sur terre les Bernard Arnault, Serge Dassault et autres Jacques Séguéla. Il faut instaurer un revenu maximal autorisé, de l’ordre de 30 fois le revenu médian, au-delà duquel les revenus seraient massivement imposés." Blork s’arrête : "Moi, je veux faire un gentil smac au président - un bon gros salaire maximum anticumul." Il rit de sa facétie, en mimant des baisers qu’il envoie à tous les anges.

Dans son dos, Blic, encore étourdie, se relève.
"Heu, c’est bien la chronique écologie, ici ?, balbutie-t-elle. -Et comment !, s’exclame Blork. Pourquoi réduire ces rémunérations insensées ? -Oui, pourquoi ?, demande Blic, qui reprend ses esprits. -Pour l’écologie ! D’abord, les super-riches, par leur délire consommatoire, imprègnent toute la société d’un modèle de consommation matérielle insensée. Regarde Séguéla et sa Rolex... Il faut changer ce modèle culturel. Alors, smac. Ensuite, pour prévenir l’aggravation de la crise écologique, il faut réduire collectivement notre consommation matérielle et notre consommation d’énergie. Mais les classes moyennes ne voudront pas changer leurs habitudes s’il y a toujours ces super-ringards au sommet. Donc, il faut réduire l’inégalité. Smac, smac. Enfin, ces oligarques amassent un trésor dont on a besoin, pour aider les pauvres à passer la crise de sortie du capitalisme et pour investir dans les activités qui ont un faible impact écologique, créent des emplois et ont une vraie utilité sociale : santé, éducation, culture, agriculture, énergie sobre, transports en commun... Donc, smac, smac, smac."
Blork sourit, béat. Blic a l’air très contente. Blork l’interroge : "Au fait, ils ont parlé de la crise écologique, à la manif ?"

Article publié dans Le Monde du 22-23 mars 2009.

Tags : kempf rma
le Vendredi 3 Avril 2009 à 17:55 | Commentaires (0)

Revue de presse

Le gouvernement néerlandais est le premier pays à adopter une réglementation contre les rémunérations excessives des dirigeants. Le pays a mis en œuvre depuis le 1er janvier 2009 une politique fiscale taxant les bonus, parachutes dorés et autres augmentations de salaires, allant jusqu’à 30%. Pionniers en la matière, les Pays-Bas espèrent être les précurseurs d’une nouvelle ère.


Les Pays-Bas limitent la rémunération des dirigeants
C'est un jeune député du parti travailliste (PVDA), majoritaire à l'assemblée, qui est principalement à l'origine d'une loi qui risque bien de révolutionner les pratiques des grands dirigeants de compagnies installées sur le sol néerlandais. Paul Tang, qui passait pour un utopiste il n'y a pas si longtemps, voit, en effet, son texte adopté et mis en pratique le 1er janvier de cette année. Sont visés dans cette loi, les grands patrons dont le revenu dépasse les 500 000 euros annuels : retraites « gonflées », parachutes dorés et compagnies gérant des fonds d'investissement seront désormais sérieusement taxés. Pas moins de 15% d'imposition sur les bénéfices d'une société qui augmenterait le salaire de son dirigeant juste avant son départ en retraite, 30 % sur la prime de départ de ce même dirigeant si celle-ci dépasse son salaire annuel, et enfin 25 % sur le gain des compagnies qui gèrent des fonds d'investissement. Les bonus n'échappent pas à cette nouvelle fiscalité: « La crise du crédit est en partie due aux bonus que les directeurs d’établissements financiers touchent quand ils font beaucoup de bénéfices », constate le Ministre des Finances Wouter Bos, « ils doivent, par conséquent être justifiés », ajoute-t-il. Et de menacer : « Si le secteur financier lui-même ne s’accorde pas sur ce point, nous devrons le faire par loi », l'idée étant d'exiger le remboursement des-dits bonus par les grands patrons de banque et de compagnies d'assurance en cas de "mauvaise gestion".

Inefficacité du Code de bonne conduite

Si le gouvernement hausse ainsi le ton, c'est en grande partie pour apaiser la colère exprimée par les néerlandais, suite à plusieurs scandales financiers. Déjà en 2004, le gouvernement est incité à créer un code de bonne conduite des dirigeants, suite à l'énorme scandale financier du géant de la distribution Ahol, condamné pour avoir truqué ses résultats. Ce code, dit « code Tabaksblat », du nom de l'ancien directeur d'Unilever choisi pour en rédiger les 100 propositions, se voulait un outil de gouvernance des affaires. Aucune obligation de s'y plier, cependant, les dirigeants ayant pour seule obligation d’expliquer leur refus - C’est d’ailleurs sur ce même principe que repose le code d’éthique du MEDEF en France-. Son application fut donc sans réelle surprise un échec, en particulier sur la rémunération des dirigeants, et notamment la règle stipulant que les primes de départs ne devaient pas excéder un an de salaire…Cette disposition n’a jamais été appliquée.
Enfin, le démantèlement en 2007 de ABN Amro, la plus grande banque du pays, qui entraina la perte de 7 500 emplois pendant que son PDG Rijkman Groenink partait avec un pactole de 30 millions d'euros, fut l'affaire de trop ! La fierté nationale et l'esprit égalitaire fortement prégnant dans la culture néerlandaise ne l’ont pas supporté.

Aujourd’hui, les mentalités semblent changer. Récemment, le PDG de la banque ING , Jan Hommen, -qui enregistre toujours de sérieuses pertes malgré l'injection de 10 milliards d'euros par le gouvernement-, se plie à l'injonction du Ministre des Finances Wouter Bos et renonce, ainsi que ses principaux actionnaires, à percevoir tout bonus pour 2008 et 2009. Cet ancien dirigeant de Philips renonce aussi à percevoir un quelconque salaire jusqu'à 2010, quand la nouvelle politique de rémunération du groupe sera fixée. Floris Deckers, président du conseil d’administration de la banque néerlandaise Van Lanschot Bankie vient quant à lui de présenter ses excuses, à la demande du Ministre des Finances, pour sa responsabilité dans la crise financière.

De manière générale, les principaux grands dirigeants s'expriment très peu sur le sujet. Le plus grand syndicat patronal néerlandais (le VNO-NCW) qui, à propos de cette nouvelle loi fiscale, se contente d'agiter l'habituel chiffon rouge des délocalisations a déclaré : « Nous n'avons pas de réaction particulière sur le sujet, sinon qu'il y a toujours le risque que nous perdions des compétences internationales à cause de mesures nationales ».
Enfin, le groupe franco-allemand EADS, dont le siège est installé juridiquement à Amsterdam "pour des raisons de gouvernance et de neutralité terrritoriale", va-t-il quitter cette domiciliation ? « Non", répond le groupe. "EADS ne déménagera pas. L’entreprise restera à Amsterdam malgré cette loi du 1er janvier ». De fait, les Pays-Bas espèrent bien ne pas rester le seul pays à prendre des mesures contraignantes à l'égard des grands patrons et observent attentivement la politique du président américain Obama, concernant les salaires supérieurs à 500 000 dollars.

Sandrine Dumont à Rotterdam (Pays-Bas)
Mis en ligne le : 19/03/2009 © 2009 Novethic Tous droits réservés

Tags : pays-bas
le Vendredi 3 Avril 2009 à 14:55 | Commentaires (0)

Revue de presse

"Le président américain Barack Obama souhaite un plafond de 500 000 dollars (390 000 euros) de salaire maximum pour les patrons des banques aidées par l'Etat. Outre-Rhin, le débat est ouvert pour le situer à 1 million d'euros dans toute entreprise."


Salaire maximum, par Philippe Askenazy
L'exigence du président de la République de suspendre les bonus des dirigeants des banques refinancées par l'Etat n'a guère provoqué de remous au sein du patronat. De fait, elle est un habile service rendu aux grands capitaines de l'économie privée française : en affirmant que face à de mauvais résultats, les dirigeants doivent perdre leurs bonus, elle valide, par effet de miroir, les rémunérations mirobolantes des périodes de vaches grasses. Les patrons des grandes entreprises seraient ainsi des salariés comme les autres dont les primes doivent être des incitations à la performance.

Pourtant, une importante littérature économique récente a démontré que la rémunération des grands dirigeants n'obéit justement pas à des mécanismes classiques. Si ces grands patrons répondaient à des incitations financières alors que leur revenu de base est déjà stratosphérique, leur préférence pour le risque devrait être extrêmement élevée. Pas impossible ? Mais ils bénéficient en même temps de parachutes dorés conséquents, censés les protéger contre le risque... de perdre leur poste ; pour les justifier, il faudrait, cette fois, qu'ils aient une exceptionnelle... aversion au risque. C'est incohérent !
Il fait désormais quasi-consensus que le panier de revenus et de protections des dirigeants d'entreprise obéit à des phénomènes alternatifs dits de "stars". Deux économistes français basés aux Etats-Unis - Xavier Gabaix et Augustin Landier - en ont proposé un modèle générique. Les entreprises ne cherchent pas à motiver ou à compenser les efforts ou les prises de risque du dirigeant. Elles se battent pour obtenir un meilleur manager. Ainsi, le PDG de la plus grande firme américaine apporterait de l'ordre de 0,1 % de plus de performance à son entreprise que le patron de la 250e. Cela peut paraître très faible, mais compte tenu des tailles de ces groupes, cela peut représenter des dizaines de millions de dollars en plus. Pour attirer un meilleur manager, il suffit donc de verser un salaire supérieur à celui offert par les autres entreprises. La référence n'est donc plus la performance absolue du dirigeant mais la rémunération à laquelle il peut prétendre ailleurs.

Ce système est instable et asymétrique. Pour que la rémunération des grands patrons baisse significativement, il faudrait que l'ensemble des groupes qu'ils dirigent se coordonnent pour la diminuer simultanément. A l'inverse, si quelques entreprises jouent la carte de la surenchère, les autres s'aligneront. Ainsi, alors que les décisions des agents économiques sont rationnelles, on peut observer une hausse rapide des rémunérations sans que cela corresponde à un effort supérieur des dirigeants et donc à des performances accrues de leur entreprise. C'est ce que l'on connaît depuis une bonne décennie dans de nombreux pays.

La machine devient viciée lorsque ce sont des stars qui, au sein des conseils d'administration, fixent les rémunérations d'autres stars : faire augmenter celle du dirigeant d'une autre firme entraîne une hausse de ses propres revenus, pour s'aligner ! Les patrons peuvent alors accaparer une bonne partie de la rente supplémentaire qu'ils génèrent pour leur société ; celle-ci manque pour investir ou rémunérer les actionnaires. Sans parler des aspects moraux de telles rémunérations.

Que peut faire la puissance publique ? Interdire dans les conseils d'administration la présence de dirigeants d'autres grandes sociétés casserait l'inflation, sans changer le mécanisme. D'où, l'idée d'établir un salaire maximum. Ce dernier peut être national car le "marché" des dirigeants reste étonnamment local : les firmes américaines ne cherchent pas de managers français et, inversement, les sociétés de l'Hexagone sont presque exclusivement dirigées par des nationaux.

Le président américain Barack Obama souhaite un plafond de 500 000 dollars (390 000 euros) de salaire maximum pour les patrons des banques aidées par l'Etat. Outre-Rhin, le débat est ouvert pour le situer à 1 million d'euros dans toute entreprise.

Un article d'une doctorante de la Sorbonne, Fabienne Llense, à paraître en mai dans la Revue économique, étudie l'effet théorique d'un "salaire" maximum, ou plus précisément d'une rémunération totale maximale. Celle-ci, écrit l'auteur, permet à de plus petites firmes d'avoir une chance d'attirer un meilleur manager. Pour les plus grosses, la perte de performance est en partie compensée par le coût moindre des dirigeants. Au total, les actionnaires pourraient y gagner. La simulation sur le cas français montre le réalisme de ce scénario. Voilà un résultat plus gênant pour les patrons qu'une renonciation temporaire aux bonus.

Philippe Askenazy, directeur de recherches CNRS, Ecole d'économie de Paris
Article paru dans l'édition du MONDE ECONOMIE du 17.03.09

Tags : askenazy
le Vendredi 3 Avril 2009 à 13:04 | Commentaires (0)

Revue de presse

"La taxation confiscatoire des revenus exorbitants est non seulement possible économiquement, mais souhaitable."


Roosevelt n’épargnait pas les riches, par Thomas Piketty
La taxation confiscatoire des revenus exorbitants est non seulement possible économiquement, mais souhaitable. En 1932, quand Roosevelt arrive au pouvoir, le taux de l’impôt fédéral sur le revenu applicable aux plus riches était de 25 % aux Etats-Unis. Le nouveau président décide de le porter immédiatement à 63 %, puis 79 % en 1936, 91 % en 1941, niveau qui s’appliqua jusqu’en 1964, avant d’être réduit à 77 %, puis 70 % en 1970. Pendant près de cinquante ans, des années 30 jusqu’en 1980, jamais le taux supérieur ne descendit au-dessous de 70 %, et il fut en moyenne de plus de 80 %.

Rapacité. Cela n’a pas tué le capitalisme et n’a pas empêché l’économie américaine de fonctionner. Pour une raison simple : ces taux ne s’appliquaient qu’à des revenus très, très élevés. En 1941, Roosevelt fixe le seuil du taux de 91 % à 200 000 dollars de l’époque, soit 1 million de dollars d’aujourd’hui (770 000 euros). Or à ces niveaux de revenus, ce ne sont pas les compétences ou le dynamisme que l’on rémunère : ce sont la rapacité, le court-termisme et des prises de risque excessives. Il ne s’agissait donc pas de matraquer n’importe quel cadre supérieur ou entrepreneur sortant du lot, ce qui aurait été dévastateur économiquement. En France, comme dans la plupart des pays développés, le taux supérieur atteint 90 % pendant l’entre-deux-guerres, puis se stabilisa autour de 70 % pendant les Trente Glorieuses - ce qui n’a pas empêché des taux de croissance économique de l’ordre de 4 % à 5 % par an tout au long de cette période.

Puis Reagan et Bush père et fils décidèrent, pour des raisons purement idéologiques, d’abaisser brutalement le taux supérieur à environ 30 %-35 %, soit à peine plus que les niveaux appliqués avant 1932. J’ai acquis la conviction que ce tournant fiscal explique pour une large part l’invraisemblable progression des inégalités observée aux Etats-Unis depuis les années 80, avec pour conséquence un transfert de l’ordre de 15 points de revenu national en direction des 1 % les plus riches et la stagnation du pouvoir d’achat du reste de la population. Les cadres dirigeants des grandes entreprises ont pris le contrôle et se votent à eux-mêmes des revenus exorbitants, sans rapport avec leur productivité. Pour une raison économique simple : pour ces fonctions peu réplicables, les productivités individuelles sont impossibles à mesurer. Dans le secteur financier, ces rémunérations indécentes ont en outre stimulé des comportements insensés en termes de prise de risque et ont clairement contribué à la crise actuelle. Face à une telle dérive, la seule réponse crédible est une taxation accrue des très hauts revenus - solution qui commence à émerger aux Etats-Unis et au Royaume-Uni et qui finira bien par atteindre la France, si Nicolas Sarkozy parvient à comprendre que le bouclier fiscal est l’erreur de son quinquennat.

Vérité. Le bouclier fiscal peut avoir un sens pour des revenus «normaux», y compris ceux nettement plus élevés que la moyenne (100 000 euros par an, voire d’avantage) - à condition toutefois de pratiquer une vérité fiscale complète, en intégrant la fiscalité indirecte, qui pour les bas revenus représentent plusieurs mois de salaire. Mais appliquer le bouclier fiscal sans aucun plafond n’a aucun sens. Antoine Zacharias, patron de Vinci, a ponctionné 120 millions d’euros de rémunérations à son entreprise. Au nom de quelle folie idéologique devrait-on lui garantir qu’il conservera quoi qu’il arrive 50 % de cette somme ? Même avec un taux d’imposition de 90 %, cela lui laisserait tout de même 10 millions d’euros d’argent de poche…

Libération, 17 mars 2009
http://www.liberation.fr/politiques/0101555838-roosevelt-n-epargnait-pas-les-riches

le Vendredi 3 Avril 2009 à 04:33 | Commentaires (0)

Revue de presse

Un salaire maximum pour les patrons, c'est possible !
Après le Smic, Le salaire maximum pour les managers? Le ministre néerlandais des Finances, Wouter Bos, veut imposer «un plafond salarial correct» pour brider la goinfrerie des grands patrons. Il suggère aussi de rendre public, en cas de rachat d'une entreprise, le montant d'éventuels bonus afin d'écarter l'idée que l'opération n'était pas totalement désintéressée. Le PDG du groupe agroalimentaire Numico, Jan Bennink, s'était gratifié l'an dernier d'une bonification de 14 millions d'euros, avant l'OPA de Danone! Une douceur qui a aigri ses salariés et, rendu neurasthéniques les petits porteurs.

Jusqu'ici, le gouvernement de La Haye avait exhorté mollement le gratin des entrepreneurs à modérer leur appétit. Cette fois, Wouter Bos repousse l'argument mité selon lequel on acculerait, en y regardant de trop près, l'élite des managers à s'expatrier car, explique-t-il d'un bel euphémisme, «le lien entre la prestation fournie et le salaire versé est devenu totalement illisible». Façon polie de faire comprendre qu'à force de se payer sur la bête on la rend enragée.

Question à Christine Lagarde, ministre des Finances, et à Laurence Parisot, patronne du Medef: pourquoi ce qui est possible chez nos voisins bataves est inenvisageable en France?

Eric Dior le Samedi 15 Septembre 2007
http://www.marianne2.fr/Un-salaire-maximum-pour-les-patrons,-cest-possible!_a171999.html

le Vendredi 3 Avril 2009 à 02:44 | Commentaires (0)

Revue de presse

Faut-il limiter les salaires et les rémunérations ? Faut-il un salaire maximum comme un salaire minimum ?


Faut-il limiter les rémunérations ? par Bernard Maris
C’est dans l’air... On commence à songer qu’il faudrait limiter les grosses rémunérations ; on a d’abord songé à limiter les bonus des patrons de banques, au prétexte que recevant de l’argent public, il leur était malvenu de le transférer directement dans leurs poches. On parle de limiter les rémunérations des traders, vous savez, les boursicoteurs, les spéculateurs, qui travaillent pour faire gagner de l’argent aux banques.

On songe aussi à partager le profit. Dans le capitalisme, le profit est la rémunération du capital, donc, en principe, la rémunération d’une prise de risque lorsqu’on engage de l’argent. Il est donc tout à fait normal de ne pas distribuer de dividendes, si cet argent ne résulte pas d’une prise de risque, mais d’une manne publique.

Mais peut-on donner une partie des profits aux salariés ?

Oui, c’est le principe même de la participation : une partie du capital, et une partie de la rémunération du capital sont versées dans des comptes d’intéressement. Mais la règle des trois tiers dont parlait Nicolas Sarkozy dans son intervention, voudrait que l’on distribuât 30% aux actionnaires, 30% à l’entreprise elle-même dans son autofinancement, et 30% aux salariés. Quelle est la situation actuelle ? Les entreprises du cAC 40 distribuent 40% de leurs profits, soit 37.8 milliards d’euros en 2007. Il faudrait récupérer 10% sur ces 40% et les donner aux salariés.

Et il y a un moyen de le faire ?

Un moyen très simple, taxer les dividendes, et transférer ce produit de l’impôt aux salariés. Si vous taxez à 25% les dividendes, vous récupérez les10 que vous donnez aux salariés. Restent 10 a récupérer sur l’autofinancement, les profits réinvestis, et ça peut se faire de la même manière. Mais autant que le niveau de salaire, c’est l’écart des salaires qui est en cause. Martin Hirsh propose de réduire l’écart des salaires entre les 10% les mieux payés et les 10% les moins payés, en conditionnant les aides publiques à des négociations salariales... Pourquoi pas !

Quelle limite au nivellement des rémunérations ?

Des limites d’efficacité : si tout le monde gagne pareil, plus besoin de faire des études, d’avoir un talent ou un métier particulier. Mais l’inefficacité joue aussi dans l’autre sens : trop d’inégalités, des rémunérations parasitaires et hors de proportion avec le risque ou le talent ont conduit à la crise mondiale.

La phrase du jour : « Les écarts de salaires dans les entreprises sont intolérables et parfois complètement extravagants » Xavier Bertrand, Ministre du Travail.

Chronique du mardi 10 février 2009
http://sites.radiofrance.fr/franceinter/chro/lautreeconomie/index.php?id=76379

Tags : maris
le Jeudi 2 Avril 2009 à 18:31 | Commentaires (0)

Revue de presse

Les dirigeants des entreprises aidées par le gouvernement américain ne pourront percevoir plus de 500.000 dollars par an. L'idée d'un plafond des rémunérations n'est pas nouvelle. Mais Barack Obama la pousse particulièrement loin. Le début d'une nouvelle tendance?


Salaire maximum des patrons : Obama peut-il faire des émules ?
Obama a-t-il vraiment instauré un salaire maximum ?

Oui... mais seulement pour un petit nombre d'entreprises. Irrité par les quelques 18,4 milliards de dollars de bonus distribué à Wall Street, le président américain a décidé d'imposer un plafond à la rémunération des dirigeants des grandes banques, dès lors qu'ils demandent à bénéficier de l'aide publique. Parmi les entreprises concernées, Citigroup, Bank of America, AIG, General Motors ou encore Chrysler, comme le rappelle le New York Times.

A combien a été fixé ce plafond ?

A 500.000 dollars, c'est à dire, peu ou prou, le salaire que touche Barack Obama à la Maison Blanche... Les dirigeants ne mourront pas de faim, et on aura du mal à les plaindre, mais pour beaucoup d'entre eux, cela représente tout de même une sacrée diminution du train de vie. Kenneth D. Lewis, le patron d'AIG avait ainsi touché 20 millions de dollars en 2007, dont 5,75 millions en salaires et bonus. Vikram Pandit, patron de Citigroup, avait quant à lui reçu plus de 3 millions.

Cette idée est-elle vraiment nouvelle ?

Non, pas vraiment. Elle ressurgit à chaque scandale de parachutes dorés ou de retraites chapeau. L'idée de limiter les rémunérations dirigeants des entreprises aidées par le gouvernement avait même été adoptée par l'administration Bush, qui leur avait, entre autres, interdit les parachutes dorés. Mais Barack Obama, encouragé par la sénateur démocrate du Missouri, Claire McCaskill, pousse la logique à un niveau jamais atteint aux Etats-Unis. Et ferait presque plaisir à un homme qui, au début du XXe siècle, estimait que la rémunération d'un PDG ne devait pas excéder trente fois celle de son salarié moyen... Un certain John Pierpoint Morgan, qui fonda l'entreprise du même nom, star de Wall Street. Les temps changent...

Le salaire maximum pourrait-il être généralisé à toutes les entreprises ?

A priori, rien n'interdit à un gouvernement de décider d'instaurer, dans la loi, le principe d'un salaire maximum universel, comme il existe un salaire minimum. Certains économistes, en France, défendent ce principe. Parmi eux, Jacques Généreux ou Olivier Ferrand, proches du parti socialiste. Mais dans les faits, aucun pays n'a mis en place une telle mesure. Les gouvernements ont d'autres armes à leur disposition. L'option fiscale par exemple, qui consiste à appliquer, au-delà d'un certain seuil de revenus, un taux d'imposition spécifique, particulièrement élevé. C'est ce qui a été décidé aux Pays-Bas. Depuis le 1er janvier, les patrons de toutes les entreprises cotées à Amsterdam doivent payer 30% d'impôt de plus sur leurs primes, s'ils dépassent un salaire annuel de 500.000 euros.

Un salaire maximum ne risque-t-il pas de pénaliser les pays qui l'adopteraient ?

Les dirigeants d'entreprise sont évidemment défavorables à l'idée de se voir imposer une limite à leur rémunération. Pour eux, un gouvernement qui instaurerait un salaire maximum à ses entreprises leur porterait préjudice... Argument : les patrons et les cadres dirigeants préféreraient aller exercer leurs talents ailleurs, là où un tel plafond n'existe pas. En réalité, les marchés des grands dirigeants restent avant tout nationaux, comme le rappelle L'Expansion. Le Germano-canadien Chris Viehbacher chez Sanofi-Aventis, le néerlandais Ben Verwaayen chez Alcatel, sont encore des exceptions. Toutefois, confrontés aux excès de certains d'entre eux et au mécontentement social, les patrons savent qu'ils ne peuvent rester inactifs. Et pour montrer leur bonne volonté, ils sont friands de codes éthiques pour limiter leurs émoluements. Le Medef en a édicté un en octobre 2008. La quasi totalité des entreprises du CAC 40 affirment qu'elles vont y souscrire. Rendez-vous dans quelques mois pour le vérifier...

Thomas Bronnec, L'Express.fr - 04/02/2009

le Jeudi 2 Avril 2009 à 15:24 | Commentaires (0)

Revue de presse

Faut-il instaurer un salaire maximum pour les managers ? L’introduction d’un salaire minimum universel va-t-elle conduire à la destruction de 1,9 million d’emplois ? Ces questions sont au centre de la « bataille des salaires » qui agite l’Allemagne.


Entre salaires minimum et maximum, l'Allemagne hésite
Quel point commun y a-t-il entre Carl Eduard von Bismarck, arrière-petit-fils du grand chancelier allemand, Wendelin Wiedeking, patron de Porsche, et mon facteur? A priori aucun, sauf que leurs salaires et rémunérations sont au centre du débat politique allemand.

Baptisé le « député le plus paresseux d’Allemagne », le premier a été invité par le groupe parlementaire conservateur à abandonner son mandat de député fédéral pour cause d’absentéisme répété. Après seulement 33 mois de mandat, M. von Bismarck a tout de même acquis le droit à 631 euros de retraite, ce qui scandalise l’opinion publique.
1 million d’euros maximum

Le second, patron d’un des groupes automobiles les plus rentables du monde, va quant à lui toucher près de 60 millions d’euros de salaires et primes en 2007. Juste rémunération pour des performances exceptionnelles ou rétribution immorale ? Le débat sur le salaire des patrons est relancé et le député conservateur Christian Baümler demande même l’introduction d’un salaire annuel maximum de 1 million d’euros.

Enfin, mon facteur travaille chez PIN AG, première entreprise postale privée, et gagne 700 euros net par mois en poussant son vélo. Est-ce un scandale ou bien mieux que le chômage, là aussi les avis sont partagés.

Ces questionnements sur la juste participation aux « fruits de la croissance » sont au centre du débat politique actuel et devraient être l’un des principaux sujets de la campagne électorale de 2009. Depuis 2002, les salaires des patrons allemands ont augmenté de 62%, alors que ceux des salariés allemands stagnent depuis dix ans. Par ailleurs, le nombre des emplois à bas salaires (6 à 7 millions) a explosé et l’on compte aujourd’hui 1,3 million de salariés à plein temps dont le salaire est si bas qu’ils bénéficient d’un complément d’aide sociale. Enfin, les hausses salariales obtenues en 2007 ont finalement été dévorées par l’inflation.

Pour lutter contre l’effondrement des salaires, les syndicats et la gauche allemande ont donc choisi le salaire minimum universel, inexistant en Allemagne, comme cheval de bataille. Mise sous pression par son partenaire social-démocrate au sein de la coalition gouvernementale, Angela Merkel a refusé catégoriquement la généralisation d’un tel salaire. En contrepartie, elle a accepté de l’envisager pour les secteurs où les partenaires sociaux en émettraient le désir.
Angela Merkel, piégée sur le salaire minimum

Ce compromis est très critiqué par les adversaires du salaire minimum. Car depuis, le SPD et les syndicats ont réussi à faire adopter un salaire minimum compris entre 7,5 euros et 9,8 euros, dans le BTP, les entreprises électriques, le nettoyage industriel, les services hôteliers ou encore, récemment, les services postaux. Le prochain objectif est le secteur de l’intérim : « J’en suis persuadé, le salaire minimum va venir, et pour tout le monde », a récemment déclaré Olaf Scholz, le ministre social-démocrate de l’Emploi et des Affaires sociales.

Face à cette offensive, les adversaires du salaire minimum, c’est-à-dire une partie de la droite, les patrons et certains économistes sonnent l’alarme : «Un salaire minimum universel de seulement 7,50 euros peut conduire à la suppression de 1,1 million d’emplois. Au-delà, on aboutirait même à 1,9 million de suppressions », analyse Hans-Werner Sinn, patron de l’Institut de recherches économiques de Münich (IFO). Il estime que le salaire minimum tue la concurrence et qu’a tout prendre, il est préférable de laisser les lois du marché définir le niveau des salaires.

Pour Angela Merkel, la situation est très embarrassante. Dépassée par les ambitions du SPD, la chancelière est fortement critiquée par son propre camp. Plutôt que de se battre une bonne fois pour toutes et d’opposer un non définitif au salaire minimum, elle a ouvert les vannes à une série d’accords sectoriels qui seront autant d’affrontements politiques. Ceux-ci seront d’autant plus dangereux que deux tiers des Allemands sont favorables au salaire minimum.

Thomas Schnee, à Berlin - 18/12/2007 15:34 - L'Expansion.com

Tags : allemagne
le Mercredi 1 Avril 2009 à 05:07 | Commentaires (0)

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