PS : Une loi avant l'été sur l'encadrement des salaires des patrons du privé
Après avoir plafonné par décret, cet été, les rémunérations des dirigeants des entreprises publiques, le gouvernement s'attèle aux rémunérations des dirigeants du privé.

Lors de son discours en réponse à la motion de censure, le Premier ministre a annoncé devant l'Assemblée nationale le dépôt d'un projet de loi avant l'été : "Nous avons veillé à protéger le pouvoir d’achat des classes populaires, plafonné les rémunérations des dirigeants des entreprises publiques. Dans quelques semaines, mesdames, messieurs les députés, je vous proposerai un projet de loi pour que ces mesures s’appliquent aussi aux dirigeants des grandes entreprises privées. (20 mars 2013)"

Najat Vallaud-Belkacem a précisé ce 21 mars, aux micros de LCI que ce texte viserait à «mettre fin à un certain nombre de pratiques et d'introduire de la transparence dans la rémunération» des dirigeants des grandes entreprises».

Toutefois, «on ne peut pas faire dans le privé ce qu'on fait dans le public, cela va de soi» a indiqué la porte-parole du gouvernement.

Le texte, actuellement en construction, permettra la transparence des rémunérations ainsi que la validation par les conseils d'administration des entreprises.

"Les Français comprennent très bien que par souci d'équité et de régulation des pratiques abusives, on puisse vouloir légiférer sur ce sujet."

Une préoccupation qui se généralise en Europe, puisque le Parlement européen a adopté mercredi 20 mars une loi qui empêche les banquiers de recevoir une prime supérieure à leur salaire.

PS, 21 mars 2013

Tags : Ayrault PS
Rédigé par Jean-Philippe Huelin le Vendredi 22 Mars 2013 à 14:02 | Commentaires (0)

Proposition

Le Conseil des Etats a rejeté l'initiative de la Jeunesse socialiste «1:12 - Pour des salaires équitables», qui vise à limiter le salaire du patron à douze fois celui de l'employé le moins bien payé.


Suisse : Après l'initiative Minder, le Conseil des Etats ne veut pas limiter les écarts salariaux
A l'instar du National, le Conseil des Etats ne veut pas limiter les écarts salariaux.

«Ce n'est pas le rôle du politique de s'immiscer dans la fixation des salaires des entreprises, mais l'affaire de leurs propriétaires», a résumé Konrad Graber (PDC/LU) au nom de la commission.

La liberté personnelle et économique est la base de notre bien-être. «Il ne faut pas mettre ces valeurs en jeu», a renchéri Pankraz Freitag (PLR/GL). Selon lui, l'économie libérale de la Suisse est un modèle à succès, comme le montre par exemple le taux de chômage très bas.

Karin Keller-Sutter (PLR/SG) a admis que certains salaires sont incompréhensibles et ne se justifient pas par une prestation. Mais à ses yeux, l'initiative n'est pas le bon remède, et le ratio de 1:12 est arbitraire. Selon la St-Galloise, les salaires les plus bas ont en outre davantage augmenté ces dernières années que ceux qui sont proches du salaire médian.

La libérale-radicale a aussi pointé du doigt la différence entre l'initiative de Thomas Minder contre les salaires abusifs, acceptée par le peuple, et celle des Jeunes socialistes: avec le texte de Minder, ce sont les actionnaires qui décident, et non l'Etat. Selon elle, ce n'est pas le rôle de l'Etat d'établir l'égalité via des lois.

Effets négatifs sur l'économie


Le camp bourgeois a également mis en garde contre les effets négatifs sur les grandes entreprises en concurrence internationale. «Un tel article n'a pas et n'aura jamais sa place dans la constitution», a martelé Peter Föhn (UDC/SZ).

Son collègue de parti Hannes Germann a pour sa part mis en doute l'efficacité du texte. Selon le Schaffhousois, le rapport 1:12 peut être contourné en séparant les entreprises en plusieurs entités au sein d'une holding, ou en délocalisant.

Thomas Minder (sans parti/SH) ne soutient pas l'initiative, car il estime lui aussi qu'elle peut être contournée et juge qu'un ratio unique pour toutes les entreprises n'est pas la bonne solution. Pour lui, chaque société anonyme devrait fixer son ratio dans ses statuts. «Cela permettrait d'éviter un cas comme Vasella chez Novartis.»

L'entrepreneur a regretté que ni le Conseil fédéral ni la commission n'aient voulu présenter de contre-projet, car l'initiative risque ainsi d'être acceptée.

Réaction contre les «prédateurs»

Les socialistes et les Verts ont été les seuls à défendre l'initiative, à l'image du président du PS Christian Levrat. Pour le Fribourgeois, ce texte illustre une insatisfaction dans la population, qui s'est manifestée par l'acceptation de l'initiative Minder.

«C'est une politique qui est rejetée: celle des prédateurs qui ont fixé leur salaire sans aucun lien avec les entreprises qu'ils dirigent.» Christian Levrat a dénoncé une «explosion» des salaires des «top managers» depuis les années 1990. Avec l'Union européenne qui vient de décider de limiter les salaires des banquiers, l'argument de l'ingérence de l'Etat est battu en brèche, selon le socialiste.

Pour Anita Fetz (PS/BS), cette initiative n'est pas si radicale, car il n'y a pas si longtemps, le rapport de 1:12 était tout à fait normal. Et d'avertir le camp adverse en vue de la campagne: «Plus il y aura de managers qui se comportent comme ceux ce l'UBS actuellement, plus l'initiative récoltera des milliers de voix.»

Lien social

Les énormes écarts salariaux remettent en cause le lien social, a argumenté Luc Recordon (Verts/VD). «Lorsque vous voyez quelqu'un qui gagne en un jour ce que vous mettez une année à gagner, en quoi consiste le scandale? En ceci que vous avez l'impression que votre travail, excusez-moi, mais c'est de la merde!», a-t-il lancé, dans un style peu usuel au Conseil des Etats.

Roberto Zanetti (PS/SO) a balayé l'argument selon lequel les meilleurs dirigeants quitteront la Suisse. Selon lui, des personnes très compétentes peuvent se satisfaire de salaires raisonnables.

Tribune de Genève, 21.03.2013

Tags : suisse
Rédigé par Jean-Philippe Huelin le Vendredi 22 Mars 2013 à 13:46 | Commentaires (0)

Revue de presse

Plafonnement des bonus des dirigeants d'entreprise de l'UE : "à partir de 2014, les bonus ne pourront pas dépasser 100 % du salaire de base, ou 200 % avec l'aval exceptionnel des actionnaires."


Philippe Lamberts : L'homme le plus détesté par la City
Un député européen belge, du parti écologiste Ecolo, élu pour la première fois en 2009, et ingénieur informaticien de formation : Philippe Lamberts présente un profil improbable pour faire trembler la City. Avec sa mèche sage et ses bonnes manières, ce père de quatre enfants n'évoque pas vraiment le révolutionnaire, couteau entre les dents.

C'est pourtant lui qui a provoqué la fureur des banquiers de Londres en imposant le plafonnement de leur bonus. Le Parlement et le Conseil européen se sont mis d'accord, le 27 février, sur la proposition dont il est l'architecte : à partir de 2014, les bonus ne pourront pas dépasser 100 % du salaire de base, ou 200 % avec l'aval exceptionnel des actionnaires.

Boris Johnson, le maire de la capitale britannique, tempête, estimant que la mesure est une "vengeance (...) contre Londres", jurant qu'il "ne laissera pas faire". Mark Boleat, qui dirige les affaires politiques à la corporation de la City, parle d'une "mauvaise décision" qui va provoquer une hausse des salaires fixes, pour compenser. D'autres menacent - anonymement - de se délocaliser à New York ou à Singapour.

Vendredi 15 mars, M. Lamberts s'est justement offert, pour son 50e anniversaire - qu'il fêtait la veille - une visite à Londres. Il y a été assailli par les médias, de la BBC à Sky News, en passant par le Financial Times, qui voulaient voir l'homme qui a eu la peau des banquiers. Le président du régulateur financier britannique, Adair Turner, et le président de HSBC, Douglas Flint, l'ont aussi reçu.

M. Lamberts goûte l'instant, sans remords. Les banquiers "crient comme des pourceaux qu'on égorge, donc j'imagine que [le plafonnement] va avoir un impact", se félicite-t-il.

"Chapelet de scandales"

Au départ pourtant, la bataille était loin d'être gagnée. Certains de ses collègues l'accusaient de faire du populisme. "Mais ce qui nous a aidés, c'est qu'on a connu un chapelet de scandales dans l'industrie de la finance." En mai 2012, le Parlement européen vote donc le plafonnement.

Les Britanniques pensent pouvoir retourner la situation au Conseil européen, entre ces gens sensés que sont les ministres de l'économie. C'était sans compter sur le fait qu'aucun politique ne veut aujourd'hui défendre publiquement les bonus des banquiers. Fin février, à sa grande surprise, George Osborne, le chancelier de l'Echiquier, se retrouve isolé et incapable d'empêcher la nouvelle règle.

Pour autant, M. Lamberts ne se présente pas comme un opposant des banquiers. "Je ne suis pas l'ennemi de la City, qui est utile à l'économie européenne, à condition qu'elle serve l'économie réelle." Lui-même, qui travaillait jusqu'à son élection chez IBM et qui est fils de patron de PME, n'est pas allergique au secteur privé, au contraire. Mais il accuse les banques d'être devenues des "extractrices de rente", qui profitent d'être "trop grandes pour faire faillite".

Au passage, il écorche le monde financier français : "Je vomis la clique de Bercy." Il estime que le passage permanent des hauts dirigeants entre l'inspection des finances, les banques privées et le régulateur est malsain. Et il critique l'assaut des établissements français pour bloquer la séparation partielle entre banques de détails et d'investissement, actuellement discutée à Bruxelles. Il n'en a pas terminé avec la finance : sa victoire sur les bonus... l'a mis en appétit.

Eric Albert, Le Monde, 17 mars 2013

Tags : bonus Lamberts UE
Rédigé par Jean-Philippe Huelin le Lundi 18 Mars 2013 à 14:34 | Commentaires (0)

Info et débat

Une majorité de Français est favorable à une loi sur un "salaire maximum" pour les dirigeants d'entreprises privées, à l'instar des Suisses qui ont voté dans ce sens dimanche dernier, selon un sondage Tilder/LCI/Opinionway jeudi.


83% des Français pour une loi sur un salaire maximum
Une majorité de Français est favorable à une loi sur un "salaire maximum" pour les dirigeants d'entreprises privées, à l'instar des Suisses qui ont voté dans ce sens dimanche dernier, selon un sondage Tilder/LCI/Opinionway jeudi.

83% des personnes interrogées dans le cadre de cette étude se sont dites favorables à une loi instaurant un "salaire maximum " pour les dirigeants d'entreprises privées. En revanche, 16% se sont dites opposées à une telle législation.

Par ailleurs, pour 59% des sondés, il faut agir sur les salaires pour favoriser l'égalité hommes-femmes dans la vie professionnelle, ainsi que sur l'égalité dans l'avancement des carrières pour 27% d'entre eux et sur l'accès des femmes aux fonctions de direction dans les entreprises, pour 13% des personnes interrogées.

Ce sondage a été réalisé les 6 et 7 mars, soit après le vote dimanche dans la Confédération helvétique dans lequel les Suisses ont plébiscité l'initiative limitant les "rémunérations abusives" des patrons des sociétés suisses cotées en Suisse ou à l'étranger et qui prévoit d'interdire leurs parachutes dorés.

Il est également publié à la veille de la Journée internationale des femmes (8 mars).

Sondage en ligne réalisé auprès d'un échantillon représentatif de 1.001 personnes constitué selon la méthode des quotas et représentatif de la population française âgée de 18 ans et plus.

AFP


Tags : sondage
Rédigé par Jean-Philippe Huelin le Jeudi 7 Mars 2013 à 22:37 | Commentaires (0)

Info et débat

La gauche s'honorerait à mener le combat, aussi culturel que politique, en faveur du plafonnement des revenus à un certain seuil.


Eric Dupin : Un revenu maximum pour une décence minimale
«La guerre des classes existe, c'est un fait, mais c'est la mienne, la classe des riches, qui mène cette guerre, et nous sommes en train de la remporter», osait déclarer, en 2005, le milliardaire américain Warren Buffett, troisième fortune mondiale.

L’astucieux milliardaire a parfaitement raison. Depuis quelques décennies, le rapport de forces politique, économique et idéologique s’est fortement modifié en faveur de la mince classe des ultrariches. Au sein d’une humanité qui est menacée de perdre jusqu’à son unité, les inégalités de conditions sont devenues sans commune mesure avec ce qu’elles étaient au Moyen-Âge...

En 2002, le rapport du Programme des Nations Unies pour le développement (Pnud) indiquait que le revenu des 1% des habitants les plus riches équivalait à celui de 57% des plus pauvres. Plus impressionnant encore, les trois personnes les plus riches du monde possèdent une fortune supérieure au PIB des 58 pays les plus pauvres!

Et les écarts de rémunération se sont dramatiquement creusés dans la plupart des pays. L’économiste américain Paul Krugman souligne que les cent patrons les mieux rémunérés des Etats-Unis gagnaient 39 fois le salaire moyen en 1970. Trente ans plus tard, ce rapport a bondi à 1 pour 1.000...

La menace des riches

L’interminable crise rend ces inégalités moins supportables que jamais. «Nous sommes les 99%», ont crié les révoltés d'Occupy Wall Street ou les «indignés» de divers pays. Cet état de l’opinion n’avait pas échappé au candidat socialiste François Hollande. En sortant de son chapeau, de manière inopinée, la proposition de taxer à 75% la tranche de revenus supérieure à un million d’euros, il espérait répondre symboliquement à ce rejet des rémunérations démesurées.

Las, on connaît les mésaventures de cette initiative, pour l’heure bloquée par le Conseil constitutionnel et au devenir rien moins qu’assuré. Car l’oligarchie n’a pas manqué de pousser de hauts cris. Les habituelles menaces de délocalisation ont été agitées par les plus fortunés. Elles ont pu être abondamment mises en scène grâce à la révolte de quelques stars gavées d’argent mais peu disposées à en céder une notable part pour le bien public.

Gérard Depardieu s’en est allé en Belgique avant de devenir Russe de colère contre une France qui, décidément, n’en finit pas de sanctionner «le succès, la création, le talent». Johnny Hallyday justifiait son exil fiscal en Suisse, dès 2006, par la «sale mentalité» de ses anciens compatriotes:

«Je me suis toujours demandé pourquoi aux Etats-Unis, quand t'as une belle voiture, les mecs sourient et te disent formidable, et en France on te traite de voleur.»

Face à ces cris d’orfraie des ultra-privilégiés, la gauche socialiste s’est contentée de leçons de morale plus ou moins habiles —on se souvient du qualificatif de «minable» envoyé par Jean-Marc Ayrault à la face de Gérard Depardieu.

Elle serait mieux inspirée d’assumer clairement le choix d’un revenu maximum acceptable. Le candidat Hollande posait lui-même la bonne question au cours de sa campagne: «Est-ce qu’une société n’a pas le droit, et même le devoir, de fixer une limite à l’ampleur de l’éventail des rémunérations?» Hélas, il s’est bien gardé d’en tirer une conclusion logique, à l’exception de la limite de rémunération imposée aux patrons du secteur public.

Revenu maximum acceptable

La revendication d’un «revenu maximum acceptable» (RMA), selon l’expression lancée par le philosophe Patrick Viveret, est pourtant loin d’être sotte. Le société, en France du moins, considère qu’il y a lieu de fixer des revenus minima (RSA, SMIC). Pourquoi ces limites inférieures ne seraient-elles pas équilibrées par des limites supérieures?

Le philosophe Alain Caillé, animateur du Mouvement anti-utilitariste dans les sciences sociales (Mauss), juge vital d’imposer des limites «aux forces de la démesure, de l’hubris, si nous voulons que notre monde reste humain et vivable». C’est bien avec la folie de l’illimitation d’un système économique et financier autoréférentiel qu’il convient de rompre.

Le journaliste Hervé Kempf ajoute, à bon droit, qu’une lutte efficace contre la crise écologique suppose une forte réduction des inégalités afin que les classes moyennes des pays riches acceptent l’inévitable changement dans leur mode de vie.

Dans le champ politique, le mot d’ordre de «revenu maximum» commence à se frayer un chemin. Jean-Luc Mélenchon et le Front de gauche s’en sont emparés en le traduisant de deux manières: un écart maximal de 1 à 20 des rémunérations au sein de chaque entreprise; une taxation à 100% des revenus au-delà de 20 fois le revenu médian, soit 360.000 euros annuels. EELV s’est prononcé, dès 2009, pour un revenu maximum égal à 30 fois le revenu minimum d’existence, mais n’en a pas fait un point central de son combat politique.

Pas si irréaliste que cela

On entend d’ici les objections. Personne n’osera prétendre, sur le fond, qu’une personne, aussi travailleuse et talentueuse soit-elle, mérite d’être rémunérée plusieurs milliers de fois une autre. Mais on trouvera vite des décideurs qui feront observer, dans un soupir, qu’il est impossible de fixer un revenu maximum dans notre univers mondialisé.

De fait, c’est l’argument de la concurrence qui sert de justification aux émoluments les plus délirants des grands patrons. Chacun a tôt fait de se comparer à ses homologues d’autres pays en un benchmarking autorisant toutes les surenchères.

Il ne fait pas de doute que la bataille pour un revenu maximal vaut d’être menée au plan international. L’idée commence d’ailleurs à rencontrer un certain écho dans des pays européens comme la Grande-Bretagne ou les Pays-Bas. Mais il en va de cette proposition comme de celle d’une taxation des transactions financières. Si elle doit être appliquée au plan international pour être pleinement efficace, il lui faut aussi et d’abord être portée par des Etats pionniers.

L’histoire peut ici venir au secours de ses partisans. Au cours de la dernière centaine d’années, rappelle l’économiste Thomas Piketty, les taux d’imposition maximaux des principaux pays occidentaux ont frôlé, à plusieurs époques, des niveaux que l’on considèrerait aujourd’hui comme affreusement confiscatoires.

Aux Etats-Unis, la tranche supérieure d’impôt, qui avait chuté jusqu’à 30% dans les années trente, a grimpé à 94% en 1942! Ce taux est resté supérieur à 90% jusqu’aux années soixante, sans que les chefs d’entreprises sombrent dans la démotivation, avant de décliner pour tomber à 40% dans les années quatre-vingt. L’Allemagne (90%) et le Royaume-Uni (98%) ont également connu des taux marginaux qui s’apparentent à la mise en place objective d’un revenu maximum.

Un combat culturel et politique

Tout dépend ainsi du rapport de forces social et idéologique. A cet égard, la perspective d’un revenu maximum est inséparable d’une critique radicale d’un mode de vie qui assimile abusivement l’argent et le bonheur. «Dans une société où le seul imaginaire est l’imaginaire de l’avoir, le RMA est perçu comme une restriction de la liberté», fait justement observer Patrick Viveret.

C’est sans doute pourquoi la proposition d’une taxation à 75% des revenus les plus élevés n’est pas soutenue aussi massivement par l’opinion qu’on aurait pu le croire. Selon une récente enquête Ifop, 53% des Français souhaitent que le gouvernement reprenne cette idée mais 47% qu’il l’abandonne «car un niveau d'imposition trop élevé pousse les personnes les plus fortunées et des entrepreneurs à quitter notre pays».

La bataille à mener porte d’abord sur l’échelle des valeurs d’une société qui devrait renouer avec la «morale commune», la common decency chère à George Orwell. Le philosophe Jean-Claude Michéa l’explique clairement:

«Quand on parle de revenus "indécents" ou, à l’inverse, de conditions de vie "décentes", chacun comprend bien, en général (sauf, peut-être, un dirigeant du Medef) qu’on ne se situe pas dans le cadre d’un discours puritain ou moralisateur.»

Une gauche digne de ce nom s’honorerait à engager un tel combat, qui est aussi culturel que politique.

Eric Dupin

Tags : Dupin
Rédigé par Jean-Philippe Huelin le Dimanche 17 Février 2013 à 09:31 | Commentaires (0)

Eux aussi sont pour

Le numéro un désigné de la CGT, Thierry Lepaon, a dénoncé vendredi un "geste de communication" du PDG de Renault Carlos Ghosn sur ses rémunérations dont le montant a "un côté indécent", et a estimé nécessaire l'établissement d'un "salaire maximum" dans une entreprise.


Lepaon (CGT): "il faut avancer vers le salaire maximum pour les PDG des grands groupes industriels"
Carlos Ghosn a annoncé mercredi qu'il renoncerait provisoirement à 30% de la part variable de son salaire, en échange d'un accord de compétitivité en France.

"C'est un geste de communication comme tout ce que fait le PDG de Renault aujourd'hui", a affirmé sur LCI M. Lepaon ajoutant: "quand on regarde le montant de ses rémunérations, il y a presque un côté provocation et un côté indécent".

Selon lui, "il faut avancer vers le salaire maximum pour les présidents directeurs généraux des grands groupes industriels, notamment là ou l'Etat est actionnaire".

"Entre le salaire moyen dans l'entreprise et le salaire du PDG, on peut estimer qu'un à cinq ou un à sept" serait une bonne "fourchette", a dit M. Lepaon qui doit succéder à Bernard Thibault au Congrès de la CGT du 18 au 22 mars.

Mais, aujourd'hui, selon lui, ce salaire "est environ 200, 300, 400 fois le salaire moyen". Or, "il n'y a pas un homme dans ce pays, compte tenu de la situation de crise à laquelle nous sommes confrontés, qui mérite de gagner autant et de cumuler les emplois et les salaires, auxquels s'ajoutent des primes", a-t-il dit en allusion aux rémunérations cumulées de M. Ghosn à Renault et à Nissan.

En 2011, la part variable du salaire de Carlos Ghosn en tant que PDG de Renault était de 1,59 million d'euros et la part fixe de 1,23 million. M. Ghosn reçoit aussi une rémunération substantielle en sa qualité de patron de Nissan.

AFP, publié le 15/02/2013

Rédigé par Jean-Philippe Huelin le Dimanche 17 Février 2013 à 09:22 | Commentaires (0)

Eux aussi sont pour

Le 3 mars prochain, les citoyens suisses voteront cette initiative (proposition de modification de la Constitution fédérale selon une initiative populaire). Pour l'instant, les sondages donnent le OUI gagnant.


Suisse : Initiative populaire fédérale contre les rémunérations abusives
Texte de l’initiative:

La Constitution fédérale du 18 avril 1999 1 est complétée comme suit :

Art. 95, al. 3 (nouveau)
En vue de protéger l’économie, la propriété privée et les actionnaires et d’assurer une gestion
d’entreprise durable, la loi oblige les sociétés anonymes suisses cotées en bourse en Suisse ou à l’étranger
à respecter les principes suivants :

a. l’assemblée générale vote chaque année la somme globale des rémunérations (argent et valeur des
prestations en nature) du conseil d’administration, de la direction et du comité consultatif. Elle désigne
chaque année le président du conseil d’administration et, un par un, les membres du conseil
d’administration et les membres du comité de rémunération ainsi que le représentant indépendant. Les
caisses de pension votent dans l’intérêt de leurs assurés et communiquent ce qu’elles ont voté. Les
actionnaires peuvent voter à distance par voie électronique ; ils ne peuvent pas être représentés par un
membre d’un organe de la société ou par un dépositaire ;

b. les membres des organes ne reçoivent ni indemnité de départ ni autre indemnité, aucune rémunération
anticipée ni prime pour des achats ou des ventes d’entreprises, et ne peuvent pas être liés par un autre
contrat de conseil ou de travail à une société du groupe. La gestion de la société ne peut pas être déléguée
à une personne morale ;

c. les statuts règlent le montant des rentes, des crédits et des prêts octroyés aux membres des organes,
les plans de bonus et de participation et le nombre de mandats externes de ces derniers, de même que la
durée du contrat de travail des membres de la direction ;

d. toute violation des dispositions prévues aux let. a à c sera sanctionnée d’une peine privative de liberté de
trois ans au plus et d’une peine pécuniaire pouvant atteindre six rémunérations annuelles.

II
Les dispositions transitoires de la Constitution fédérale sont complétées comme suit:

Art. 197, ch. 8 (nouveau)
8. Disposition transitoire ad. art. 95, al. 3
D’ici à l’entrée en vigueur des dispositions légales, le Conseil fédéral édictera, dans un délai d’une année
après l’acceptation de l’art. 95, al. 3, par le peuple et les cantons, les dispositions d’exécution nécessaires.

Le site de l'initiative

Tags : suisse
Rédigé par Jean-Philippe Huelin le Vendredi 25 Janvier 2013 à 18:55 | Commentaires (0)

Proposition

Paul Magnette propose de limiter la partie fixe du salaire des topmanagers d’entreprises publiques à 200.000 euros bruts par an. Avec des exceptions pour Belgacom et bpost. Le gouvernement reste divisé sur la question.


Vers un salaire maximum pour les patrons belges d'entreprises publiques
Paul Magnette, le ministre des Entreprises publiques, souhaite boucler un dossier de taille avant de prendre de quitter le gouvernement pour exercer le mandat de bourgmestre de Charleroi : le plafonnement des rémunérations attribuées aux administrateurs délégués des entreprises publiques.

Le projet de loi mis sur la table le 18 décembre dernier prévoit de limiter les salaires des topmanagers d’entreprises publiques à 200.000 euros bruts par an, indiquent l’Echo et De Morgen. Une partie variable, plafonnée à 60.000 euros (soit 30 % de la partie fixe) s’ajoutera si les objectifs stratégiques ont été atteints. Les autres avantages, comme les assurances, remboursement s de frais ou voiture de fonction ne pourront dépasser un montant de 30.000 euros (15 % de la partie fixe). Au total, le salaire maximum avec bonus ne dépasserait donc plus 290.000 euros bruts, tout compris.

860.000 euros au lieu de 2,6 millions pour Bellens ?

Une marge de manœuvre est néanmoins laissée au conseil des d’administration des entreprises évoluant dans un environnement concurrentiel ou dans lesquelles le privé est présent au capital, précise l’Echo. « Dans tous les cas, le montant de la rémunération totale ne peut être supérieur à 10/15/20 fois la moyenne pondérée des salaires médians des entreprises publiques autonomes ou le salaire médias de la société concernée », souligne la note. La moyenne sera calculée chaque année par arrêté ministériel et s’élevait à environ 43.000 euros en 2011. Le plafond pour Didier Bellens serait dès lors de 860.000 euros, selon les calculs du journal économique. En 2011, le CEO de Belgacom avait gagné environ 2,6 millions d’euros bruts.

Le texte prévoit également de supprimer de toute rémunération en actions ou en stock-options dans les entreprises publiques non cotées. Pour les sociétés cotées, comme par exemple Belgacom, un délai minimum de 5 ans est imposé avant la revente des actions ou stock-options.

Selon De Morgen, le texte est accueilli positivement dans les rangs PS et SP.A, mais l’Open VLD, le CD&V, le MR et le CDH, ont d’« importantes remarques » à formuler.

Source : Le Soir, 3 janvier 2013

Rédigé par Jean-Philippe Huelin le Mardi 8 Janvier 2013 à 10:27 | Commentaires (0)

Revue de presse

Le thème du salaire maximum, porté outre-Atlantique par Sam Pizzigati, est ici défendu par un syndicaliste étasunien.


A Maximum Wage Law?
I recently read about a cash-strapped seven-year Walmart employee in Louisiana who says she'd live in her car if she could figure out how to do it. Another Walmart employee claims that many Walmart "associates" actually do that to make ends meet, but it's really not an option for the 52 year-old "front-of-the-store" manager.

The Louisiana woman used to get by on her full-time, $11.60 per hour paycheck, but she's struggling now as a result of her store's decision to cut the hours of full-time workers and increase the hours of lower-paid, part-time workers. Many other Walmarts have done the same, helping America's largest employer emerge from two years of declining profits.

During the corporation's downturn Chief Executive Officer Michael Duke's total 2011 compensation was $18.7 million -- 725 times the wages of Walmart's average worker.

Walmart isn't the only company balancing its books on the backs of its workers, which is one reason why many corporations have turned the corner while more and more Americans hit hard by the recession are still out of work or working for minimum wage or close to it.

There is growing support for a bill in congress that would raise the minimum wage. The legislation would increase the wages of 30 million Americans and provide a much-needed boost for working families and our ailing economy.

While raising the minimum wage is a laudable goal, the widening income gap between the rich and the rest of us must be addressed if we are to salvage the bulwark of our economy -- the middle class.

America is becoming a country of "haves" and "have-nots." Most of the wealth generated by U.S. workers over the last 40 years has gone to the richest 1 percent of our nation, while the middle class has seen no real improvement in their buying power or standard-of-living. And things are getting worse for an increasing number of middle class families who are falling into poverty because of the Great Recession.

You don't have to be an economist to be alarmed by the financial chasm opening up between the rich and the rest of us.

The average CEO made 380 times the wage of the average American worker in 2011. In actual dollars, that comes to $34,053 for the worker, and $12.9 million for the CEO -- a wage disparity far greater than that of any other country.

The median individual wage in 2010 was just $26,364 -- which means that half of all workers made that much or less that year. Significantly, the average wage of all workers is going up because the incomes of the rich are going up; but median income is falling because of the continued erosion of the incomes of the middle class and working poor.

There doesn't seem to be any finish line in this race to the bottom. Big business worships at the altar of the "Free Market" which rewards those who, in effect, impoverish hardworking people to feed the insatiable appetite of the rich. This transfer of wealth to the rich from the poor and middle class is most evident in corporate America.

What can be done to deal with growing income inequality and close the astronomical divide between the billionaires and millionaires and the rest of America?

A maximum wage law.

A maximum wage law would limit the amount of compensation an employer could receive to a specified multiple of the wage earned by his or her lowest paid employees.

In other words, if federal law limited an employer's income to no more than 100 times the wage of his or her lowest paid workers, and, if, for example, those workers made $25,000 per year -- the employer would make no more than $2.5 million per year. The employer's compensation could not increase above that amount unless his or her lowest paid workers got an equivalent raise as well.

The idea is not unprecedented. In a time of massive domestic and economic distress, President Franklin Delano Roosevelt issued an executive order during World War II limiting corporate salaries to no more than $25,000 per year after taxes. The president believed that if middle class fathers, brothers, and sons were putting their lives on the line for just $60 per month, the rich should be required to make some sacrifice too.

FDR's maximum wage proposal was bold and brilliant. Believing that all citizens should help out with the mobilization effort, he refused to be bullied by the rich, and never lost sight of the fact that fair compensation and a thriving middle class are essential elements of a healthy economy -- particularly during a national emergency.

A maximum wage law would actually ensure that "a rising tide [would lift] all boats," and encourage competition while improving lives at every level of society.

The minimum wage certainly must be raised. It's also time to start a national discussion about creating a maximum wage law.

Lawrence J. Hanley
International President, Amalgamated Transit Union in DC
Member of the AFL-CIO's Executive Council

Huffpost, 03-08-2012


Tags : etats-unis
Rédigé par Jean-Philippe Huelin le Samedi 8 Septembre 2012 à 14:57 | Commentaires (0)

Revue de presse

Je vous conseille de lire cet article où l'on apprend l'influence de l'article de notre ami Sam Pizzigati sur l'équipe de François Hollande alors que la campagne du candidat socialiste manquait d'un "marqueur à gauche"


Pizzigati, Morelle et la taxe des 75%
"C'est en découvrant la une du "Monde diplomatique" qu'Aquilino Morelle a le déclic. Un chercheur américain y développe l'idée d'instaurer un "salaire maximum" pendant du "salaire minimum" et rappelle que le président Roosevelt a pris la décision de taxer les hauts revenus pour juguler la Grande Dépression. Voilà l'idée ! Tout aussi politique qu'Aquilino Morelle, Manuel Valls y souscrit immédiatement. Pierre Moscovici n'est pas emballé. "On a d'abord évoqué une taxe à 90%, trop confiscatoire à mon avis, raconte l'actuel ministre de l'Economie. Je trouvais que la mesure n'était pas finalisée mais j'en comprenais et approuvais la nécessité politique."

Lire la totalité de l'article du Nouvel Obs ici

Rédigé par Jean-Philippe Huelin le Samedi 8 Septembre 2012 à 14:37 | Commentaires (0)

Revue de presse

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