Le président du Parti de gauche Jean-Luc Mélenchon, invité de Bourdin Direct ce lundi 28 juin 2010, est notamment revenu sur l'implication d'Eric Woerth dans l'affaire Bettencourt.
Ironisant sur le fait que cette affaire affaiblit Woerth sur la question des retraites et que cela arrange plutôt le Parti de gauche, Jean-Luc Mélenchon a néanmoins défendu l’ancien ministre du Budget. Selon lui, ce sont bien « les trop grandes richesses » et « les Bettencourt » qui posent problème.
« Le vrai problème de l’affaire Woerth, c’est l’affaire Bettencourt !»
« Si Monsieur Woerth a fait quelque chose qui n’est pas acceptable, alors il sera puni. J’en suis certain. Maintenant, je ne voudrais pas que ça serve de diversion. Il n’y a pas un syndicat ouvrier qui parle de la démission de Monsieur Woerth. Pourquoi ? Parce que l’on n’a pas envie que sous prétexte de Monsieur Woerth, on arrête de parler de sa réforme sur les retraites et je vais même plus cyniquement vous dire que cela m’arrange qu’il reste en poste parce qu’il est affaibli. Mais surtout je ne veux pas que l’on déglingue un type simplement sur la base de deux ou trois dénonciations…Le vrai problème, c’est les Bettencourt et les autres, c’est de ceux-là dont on devrait parler. Comment cela se fait que l’on ne s’intéresse pas d’avantage au fait qu’une fois de plus ces gens se comportent comme des irresponsables sociaux. C’est la première fortune du pays mais elle a caché une île, rien que ça ! Pourquoi pas une montagne ? Une île et plein d’argent. Et on n’a rien à dire sur les fraudeurs fiscaux ! 40 milliards par an s’évadent de cette manière ! Voilà la vérité : le vrai problème de l’affaire Woerth, c’est l’affaire Bettencourt !Les trop grandes richesses !» a déclaré le leader du Parti de gauche, ajoutant qu’il plaide, quant à lui, pour un revenu maximum ne dépassant pas 20 fois le revenu moyen.
http://www.rmc.fr/editorial/116335/affaire-woerth-le-vrai-probleme-c-est-les-bettencourt/
« Le vrai problème de l’affaire Woerth, c’est l’affaire Bettencourt !»
« Si Monsieur Woerth a fait quelque chose qui n’est pas acceptable, alors il sera puni. J’en suis certain. Maintenant, je ne voudrais pas que ça serve de diversion. Il n’y a pas un syndicat ouvrier qui parle de la démission de Monsieur Woerth. Pourquoi ? Parce que l’on n’a pas envie que sous prétexte de Monsieur Woerth, on arrête de parler de sa réforme sur les retraites et je vais même plus cyniquement vous dire que cela m’arrange qu’il reste en poste parce qu’il est affaibli. Mais surtout je ne veux pas que l’on déglingue un type simplement sur la base de deux ou trois dénonciations…Le vrai problème, c’est les Bettencourt et les autres, c’est de ceux-là dont on devrait parler. Comment cela se fait que l’on ne s’intéresse pas d’avantage au fait qu’une fois de plus ces gens se comportent comme des irresponsables sociaux. C’est la première fortune du pays mais elle a caché une île, rien que ça ! Pourquoi pas une montagne ? Une île et plein d’argent. Et on n’a rien à dire sur les fraudeurs fiscaux ! 40 milliards par an s’évadent de cette manière ! Voilà la vérité : le vrai problème de l’affaire Woerth, c’est l’affaire Bettencourt !Les trop grandes richesses !» a déclaré le leader du Parti de gauche, ajoutant qu’il plaide, quant à lui, pour un revenu maximum ne dépassant pas 20 fois le revenu moyen.
http://www.rmc.fr/editorial/116335/affaire-woerth-le-vrai-probleme-c-est-les-bettencourt/
Bonne nouvelle : on dispose de nouvelles données sur les plus aisés. Mauvaise : ils s’enrichissent beaucoup plus vite que le reste de la population. Une analyse de Louis Maurin, directeur de l’Observatoire des inégalités. Extrait du magazine Alternatives Economiques.
Pour la première fois en France, l’Insee diffuse des données sur les revenus les plus élevés. Jusqu’à présent, l’institut s’arrêtait au seuil des 5 %, aujourd’hui, on dispose d’éléments sur les 0,01 % les plus riches. On demeure pourtant loin du compte : les impôts ne sont pas déduits ce qui surestime les niveaux de vie réels, mais les revenus financiers demeurent sous-estimés… On ne dispose que de quelques éléments pour les années 2004 et 2007, il est donc très difficile de porter un jugement sur les évolutions en cours.
Pour parler des riches, l’Insee est bien obligé de les définir, ce qui n’est que très rarement le cas. Pour l’institut, la population des « hauts revenus » commence au seuil des 10 % les plus aisés. C’est-à-dire 35 677 € par an, 3 000 euros par mois pour une personne seule [1]. Certes, on est aux antipodes des 0,01 % du haut de la pyramide, qui touchent eux 82 000 € par mois au minimum et 105 000 euros en moyenne. Mais à 3 000 € on entre parmi le dixième le plus riche, et l’on touche deux fois plus que le revenu « médian » (qui sépare en deux la population). Bien loin de la classe « moyenne » même requalifiée de « supérieure » pour éviter de parler de catégorie aisée.
Pour parler des riches, l’Insee est bien obligé de les définir, ce qui n’est que très rarement le cas. Pour l’institut, la population des « hauts revenus » commence au seuil des 10 % les plus aisés. C’est-à-dire 35 677 € par an, 3 000 euros par mois pour une personne seule [1]. Certes, on est aux antipodes des 0,01 % du haut de la pyramide, qui touchent eux 82 000 € par mois au minimum et 105 000 euros en moyenne. Mais à 3 000 € on entre parmi le dixième le plus riche, et l’on touche deux fois plus que le revenu « médian » (qui sépare en deux la population). Bien loin de la classe « moyenne » même requalifiée de « supérieure » pour éviter de parler de catégorie aisée.
Ces hauts revenus reçoivent un quart des revenus d’activité (surtout des salaires), mais les deux tiers des revenus du patrimoine et les quatre cinquièmes des revenus dits « exceptionnels », notamment les plus values lors de la vente d’actions. Les « très hauts revenus », les 1 % les plus riches selon l’Insee, captent à eux seuls 5,5 % des revenus d’activité, 32,4 % des revenus du patrimoine et près de la moitié des revenus exceptionnels. Il s’agit d’environ 600 000 personnes, qui touchent en moyenne 10 000 € par mois, toujours avant impôts.
Les revenus financiers ou de l’immobilier sont encore plus concentrés dans le haut de la distribution. Plus l’on s’élève dans la hiérarchie des niveaux de vie, plus les revenus liés au patrimoine s’accroissent : ils représentent 2,6 % en moyenne de revenus des 90 % les moins rémunérés contre la moitié pour les 0,01 % les plus riches. A ce niveau, ce ne sont moins les hausses de salaires qui jouent le plus dans les progressions des revenus, que les stratégies menées sur les marchés financiers ou dans l’immobilier.
Des riches encore plus riches
Les riches s’enrichissent. On le savait notamment depuis les travaux des économistes Thomas Piketty et Camille Landais de l’école d’économie de Paris [2] (voir aussi encadré ci-dessous). La nouvelle enquête confirme le phénomène. Entre 2004 et 2007, les très très riches (les 0,01% du haut de la pyramide) qui touchent 1,270 million en moyenne par an, ont gagné 40 % de plus. La bagatelle de 360 000 € annuels supplémentaires ! Certes, il s’agit de données avant impôts, mais cette hausse représente à elle seule l’ensemble des gains d’un smicard durant 30 années… En moyenne, les 90 % les moins riches ont touché 9 % supplémentaires entre 2004 et 2007, soit 1 400 € annuels… Et encore, pour bon nombre la hausse n’est que de quelques dizaines d’euros. Le nombre de riches, lui, il est en plein boom : + 28 % pour ceux qui déclarent plus de 100 000 € annuels et même + 70 % au-delà de 500 000 €.
Que s’est-il passé depuis ? Malheureusement, on en saura guère plus probablement avant 2013 quand paraîtront les données 2010. Les très riches n’ont pas été à la fête en 2008 et 2009 : le krach boursier a sérieusement pesé sur les revenus variables (comme l’intéressement) et les revenus financiers, notamment issus d’actions. Mais le phénomène est impossible à mesurer avec précision. Reste que la baisse récente est loin d’avoir compensé la hausse des années précédentes, et qu’au premier frémissement économique ces revenus se remettent très vite à grimper. En tous cas dans le domaine de la finance où les bonus des traders flambent déjà à nouveau…
La morale de l’histoire
La France est loin d’être le pays le plus inégalitaire du monde. C’est même l’un des pays qui l’est le moins, juste après ceux du Nord de l’Europe. Mais c’est aussi cela qui fâche : on y tolère sans doute moins qu’ailleurs les écarts. La dynamique heurte les esprits plus que les niveaux eux-mêmes. Ces hausses sont d’autant moins supportables qu’une part importante des actifs, notamment des jeunes les moins qualifiés [3], subi de plein fouet les effets du ralentissement économique, que la France n’arrive pas à se débarrasser d’un chômage élevé depuis 30 ans.
Ces progressions sont d’autant plus choquantes qu’elles ont été accompagnées depuis 10 ans par une baisse des impôts, avec en point d’orgue le paquet fiscal de l’été 2007. Le taux d’imposition sur le revenu des plus riches est très loin d’être confiscatoire. Selon l’étude de l’Insee, il est en moyenne de 20 % et n’atteint que 25 % pour ceux qui perçoivent plus de 82 000 euros par mois de revenus… Loin, très loin du bouclier fiscal de 50 % qui ne concerne lui qu’une poignée de contribuables.
Que doit-on faire ? L’Etat ne décrètera pas un revenu maximum. La puissance publique dispose en revanche de l’arme de la fiscalité. La question dépasse de loin la progression des revenus des supers riches : le niveau de déficit et de l’endettement du pays, l’émergence de besoins nouveaux (comme les retraites) impose un vaste effort de solidarité nationale. La croissance même revenue ne règlera pas à elle seule le problème. A moins de supprimer des pans entiers de l’action publique, la question n’est plus aujourd’hui s’il faut augmenter les impôts, mais quand et comment on les augmentera.
Faut-il « faire payer les riches » ? L’équation reste simpliste. D’un, les riches dont on parle le plus souvent sont peu nombreux et l’assiette fiscale n’est pas si large que ça : nos 60 000 individus les plus riches ne suffiront pas. De deux, la solidarité nationale a bien plus de légitimité si tout le monde met la main à la pâte, en fonction de ses « capacités contributives », comme le veut la déclaration de droits de l’Homme. Sans faire payer les plus démunis, il faudra bien que l’effort soit largement réparti en fonction des « capacités contributives », comme le signale la déclaration des droits de l’Homme. Le hic, c’est que le bouclier fiscal protège les plus fortunés de toute hausse d’impôt et donc de solidarité. S’ils ne doivent pas être les seuls à payer, ils ne peuvent pas non plus être exonérés d’un effort supplémentaire. D’où une grogne qui s’étend largement dans les rangs de la majorité même.
Louis Maurin
Ce texte est une version actualisée de "Des riches de plus en plus riches", Alternatives Economiques, n°291, mai 2010.
Salaires : la hiérarchie des fiches de paie
Est-on riche avec un salaire de 4 000 euros net pour un temps complet ? Difficile de prétendre le contraire, puisqu’on appartient aux 5 % les mieux rémunérés . Si l’on s’en tient au brut mensuel, 10 % des salariés touchent moins de 1 400 euros, la moitié moins de 2 100 euros et les trois quarts moins de 2 900 €. La classe moyenne des salaires se situe autour de la fourchette 1 700 – 2 700 euros bruts. Le 1 % des mieux payés (133 000 personnes) touche au minium 10 400 euros mensuels et 18 000 en moyenne. Il s’agit principalement d’hommes, vivant en Ile-de-France, dirigeants d’entreprise ou cadres de haut niveau, notamment dans le secteur de la finance.
Enrichissement des riches : rien de bien nouveau
Contrairement à une idée à la mode aujourd’hui, la France est aujourd’hui beaucoup moins inégale qu’elle a pu l’être au début du siècle, comme le montrent les données publiées par Thomas Piketty et actualisées par Camille Landais [4]] sur la période 1900 à 2006. Les 1 % des revenus fiscaux les plus riches percevaient environ 20 % du revenu total au début du XXe siècle. Dans les années 1940, cette part est tombée à 7,5 %. Le krach de 1929 puis la guerre sont passés par là. La période des trente glorieuses a été marquée par une élévation des inégalités. Elle a été particulièrement glorieuse pour les plus riches : leur part du gâteau remonte à 9,5 % au milieu des années 1960. Mais la fin des années 1960 jusqu’aux premières années de la gauche revenue au pouvoir en 1981 profitent aux moins favorisés, la part des plus riches revenant à son niveau de l’après Seconde Guerre mondiale.
Dès le milieu des années 1980, c’est la reprise : les plus riches s’enrichissent à nouveau davantage dans ce qu’on appellera « les années fric », dont l’entrepreneur Bernard Tapie devient l’emblème. Ces années sont entrecoupées d’une pause liée à la récession de 1993. Les données s’arrêtent à 2006. Tout indique que 2007 aura été une année faste pour les plus riches, mais que 2008 et 2009 marqueront une nouvelle pause. En attendant une reprise de la marche en avant ?
[1] Toutes les données de cet article sont calculées pour une personne seule.
[2] « Top Incomes in France : Booming Inequalities », Ecole d’économie de Paris, juin 2008. Les données ne sont pas directement comparables avec celles de l’Insee.
[3] Voir « Crise : ceux qui trinquent », Alternatives Economiques n°290, avril 2010.
[4] Ces données se trouvent à l’adresse : http://www.jourdan.ens.fr/ clandais/index.php clandais/index.php
Observatoire des inégalités, le 11 juin 2010
http://www.inegalites.fr/spip.php?article1249&id_mot=30
Les revenus financiers ou de l’immobilier sont encore plus concentrés dans le haut de la distribution. Plus l’on s’élève dans la hiérarchie des niveaux de vie, plus les revenus liés au patrimoine s’accroissent : ils représentent 2,6 % en moyenne de revenus des 90 % les moins rémunérés contre la moitié pour les 0,01 % les plus riches. A ce niveau, ce ne sont moins les hausses de salaires qui jouent le plus dans les progressions des revenus, que les stratégies menées sur les marchés financiers ou dans l’immobilier.
Des riches encore plus riches
Les riches s’enrichissent. On le savait notamment depuis les travaux des économistes Thomas Piketty et Camille Landais de l’école d’économie de Paris [2] (voir aussi encadré ci-dessous). La nouvelle enquête confirme le phénomène. Entre 2004 et 2007, les très très riches (les 0,01% du haut de la pyramide) qui touchent 1,270 million en moyenne par an, ont gagné 40 % de plus. La bagatelle de 360 000 € annuels supplémentaires ! Certes, il s’agit de données avant impôts, mais cette hausse représente à elle seule l’ensemble des gains d’un smicard durant 30 années… En moyenne, les 90 % les moins riches ont touché 9 % supplémentaires entre 2004 et 2007, soit 1 400 € annuels… Et encore, pour bon nombre la hausse n’est que de quelques dizaines d’euros. Le nombre de riches, lui, il est en plein boom : + 28 % pour ceux qui déclarent plus de 100 000 € annuels et même + 70 % au-delà de 500 000 €.
Que s’est-il passé depuis ? Malheureusement, on en saura guère plus probablement avant 2013 quand paraîtront les données 2010. Les très riches n’ont pas été à la fête en 2008 et 2009 : le krach boursier a sérieusement pesé sur les revenus variables (comme l’intéressement) et les revenus financiers, notamment issus d’actions. Mais le phénomène est impossible à mesurer avec précision. Reste que la baisse récente est loin d’avoir compensé la hausse des années précédentes, et qu’au premier frémissement économique ces revenus se remettent très vite à grimper. En tous cas dans le domaine de la finance où les bonus des traders flambent déjà à nouveau…
La morale de l’histoire
La France est loin d’être le pays le plus inégalitaire du monde. C’est même l’un des pays qui l’est le moins, juste après ceux du Nord de l’Europe. Mais c’est aussi cela qui fâche : on y tolère sans doute moins qu’ailleurs les écarts. La dynamique heurte les esprits plus que les niveaux eux-mêmes. Ces hausses sont d’autant moins supportables qu’une part importante des actifs, notamment des jeunes les moins qualifiés [3], subi de plein fouet les effets du ralentissement économique, que la France n’arrive pas à se débarrasser d’un chômage élevé depuis 30 ans.
Ces progressions sont d’autant plus choquantes qu’elles ont été accompagnées depuis 10 ans par une baisse des impôts, avec en point d’orgue le paquet fiscal de l’été 2007. Le taux d’imposition sur le revenu des plus riches est très loin d’être confiscatoire. Selon l’étude de l’Insee, il est en moyenne de 20 % et n’atteint que 25 % pour ceux qui perçoivent plus de 82 000 euros par mois de revenus… Loin, très loin du bouclier fiscal de 50 % qui ne concerne lui qu’une poignée de contribuables.
Que doit-on faire ? L’Etat ne décrètera pas un revenu maximum. La puissance publique dispose en revanche de l’arme de la fiscalité. La question dépasse de loin la progression des revenus des supers riches : le niveau de déficit et de l’endettement du pays, l’émergence de besoins nouveaux (comme les retraites) impose un vaste effort de solidarité nationale. La croissance même revenue ne règlera pas à elle seule le problème. A moins de supprimer des pans entiers de l’action publique, la question n’est plus aujourd’hui s’il faut augmenter les impôts, mais quand et comment on les augmentera.
Faut-il « faire payer les riches » ? L’équation reste simpliste. D’un, les riches dont on parle le plus souvent sont peu nombreux et l’assiette fiscale n’est pas si large que ça : nos 60 000 individus les plus riches ne suffiront pas. De deux, la solidarité nationale a bien plus de légitimité si tout le monde met la main à la pâte, en fonction de ses « capacités contributives », comme le veut la déclaration de droits de l’Homme. Sans faire payer les plus démunis, il faudra bien que l’effort soit largement réparti en fonction des « capacités contributives », comme le signale la déclaration des droits de l’Homme. Le hic, c’est que le bouclier fiscal protège les plus fortunés de toute hausse d’impôt et donc de solidarité. S’ils ne doivent pas être les seuls à payer, ils ne peuvent pas non plus être exonérés d’un effort supplémentaire. D’où une grogne qui s’étend largement dans les rangs de la majorité même.
Louis Maurin
Ce texte est une version actualisée de "Des riches de plus en plus riches", Alternatives Economiques, n°291, mai 2010.
Salaires : la hiérarchie des fiches de paie
Est-on riche avec un salaire de 4 000 euros net pour un temps complet ? Difficile de prétendre le contraire, puisqu’on appartient aux 5 % les mieux rémunérés . Si l’on s’en tient au brut mensuel, 10 % des salariés touchent moins de 1 400 euros, la moitié moins de 2 100 euros et les trois quarts moins de 2 900 €. La classe moyenne des salaires se situe autour de la fourchette 1 700 – 2 700 euros bruts. Le 1 % des mieux payés (133 000 personnes) touche au minium 10 400 euros mensuels et 18 000 en moyenne. Il s’agit principalement d’hommes, vivant en Ile-de-France, dirigeants d’entreprise ou cadres de haut niveau, notamment dans le secteur de la finance.
Enrichissement des riches : rien de bien nouveau
Contrairement à une idée à la mode aujourd’hui, la France est aujourd’hui beaucoup moins inégale qu’elle a pu l’être au début du siècle, comme le montrent les données publiées par Thomas Piketty et actualisées par Camille Landais [4]] sur la période 1900 à 2006. Les 1 % des revenus fiscaux les plus riches percevaient environ 20 % du revenu total au début du XXe siècle. Dans les années 1940, cette part est tombée à 7,5 %. Le krach de 1929 puis la guerre sont passés par là. La période des trente glorieuses a été marquée par une élévation des inégalités. Elle a été particulièrement glorieuse pour les plus riches : leur part du gâteau remonte à 9,5 % au milieu des années 1960. Mais la fin des années 1960 jusqu’aux premières années de la gauche revenue au pouvoir en 1981 profitent aux moins favorisés, la part des plus riches revenant à son niveau de l’après Seconde Guerre mondiale.
Dès le milieu des années 1980, c’est la reprise : les plus riches s’enrichissent à nouveau davantage dans ce qu’on appellera « les années fric », dont l’entrepreneur Bernard Tapie devient l’emblème. Ces années sont entrecoupées d’une pause liée à la récession de 1993. Les données s’arrêtent à 2006. Tout indique que 2007 aura été une année faste pour les plus riches, mais que 2008 et 2009 marqueront une nouvelle pause. En attendant une reprise de la marche en avant ?
[1] Toutes les données de cet article sont calculées pour une personne seule.
[2] « Top Incomes in France : Booming Inequalities », Ecole d’économie de Paris, juin 2008. Les données ne sont pas directement comparables avec celles de l’Insee.
[3] Voir « Crise : ceux qui trinquent », Alternatives Economiques n°290, avril 2010.
[4] Ces données se trouvent à l’adresse : http://www.jourdan.ens.fr/ clandais/index.php clandais/index.php
Observatoire des inégalités, le 11 juin 2010
http://www.inegalites.fr/spip.php?article1249&id_mot=30
Pendant la campagne, le nouveau Premier Ministre britannique, David Cameron, défendait l'établissement d'un écart des salaires de 1 à 20 dans le secteur public (comme les socialistes français !). Ira-t-il jusqu'au bout maintenant qu'il est au pouvoir ?
In this commentary by David Cameron and a related news story, it was suggested that Boris Johnson introduced the "living wage" in London government (as defined by the Living Wage Campaign, this is "the minimum pay level required to provide a low-cost but acceptable standard of living for a family"). It was, rather, his mayoral predecessor, Ken Livingstone, who committed the Greater London authority to this concept and started applying it internally. Boris Johnson took a further step last year, promising to extend this wage to all staff working under the GLA and to "all new contracts for staff working on our sites, such as caterers, security guards and cleaners where allowed"
There has been a strange reversal in British politics. Labour have become a reactionary force while the Conservatives are today the radicals. Gordon Brown heaps taxes on the poor, blocks plans to improve gender equality, allows rape crisis centres and special schools to shut. He echoes the far right in demanding "British jobs for British workers", then plays to the far left in reigniting class warfare. His reflex is to seek dividing lines instead of ways to unite.
He is most reactionary, most illiberal, in his obsession with the state. Detention without trial; ID cards; new powers for the state to enter your home … the list goes on. And this antiquated belief in state control underscores Labour's approach to public services. In education they want to derail the academy programme by handing power back to local education authorities. In health, they refuse to dismantle the bureaucracy that drives nurses and doctors mad. And they refuse to release data on government contracts or the details of senior government salaries.
Labour are wedded to the idea that politicians know best, with their targets and quangos and diktats. But you cannot fight poverty or improve hospitals from office blocks in Westminster; you need pluralism, you need to release the energy and ambition on the ground in local communities. We live in an age where power is being diffused: in every industry, consumers are gaining control; in every debate, more voices are being heard. In politics, Gordon Brown is an anachronism. His government is past its sell-by date.
Now consider our party. As Conservatives, we trust people – which is why we are now the party of progress. Our policies are radical, our manifesto based on redistributing power from the centre, in politics and public services. Who can honestly say the Big Government approach is working, when inequality is rising and social mobility is stalled? Our solution is to use the state to remake society – to build the Big Society, enabling people to come together to drive progress.
So if parents want new schools in areas where their children are being failed, we will empower them. If social workers or jobcentre staff want to join together in co-operatives to run their services, we will encourage them. The same principles extend to welfare, to prisons, to drug rehabilitation, to early years support. We will tear up the tangle of public sector targets that trap public sector workers.
And for the sake of the least fortunate in society, the public finances must be tamed. President Bill Clinton always recognised that fiscal responsibility was progressive – as did Gordon Brown, once, when he said: "Losing control of public spending doesn't help the poor. It's those who depend on public services who suffer if spending has to be reined back." Fine words. But this year Labour are spending more on debt interest than on our schools. That is why we need to act fast to cut our debts. It is equally regressive to pile taxes like national insurance on working people and firms trying to keep their heads above water.
Gordon Brown talks about fairness, but where is the moral crusade that once animated the Labour party? So far in this campaign we've seen nothing from Labour but negative point-scoring. By contrast, we've begun by setting out positive plans to bring our country together and help some of the most disadvantaged young people turn their lives around through national citizen service.
The one progressive new idea we hear will be in Labour's manifesto – the living wage – is actually a Conservative policy: Boris Johnson has already introduced it in London. But Gordon Brown has signally failed to speak out on fair pay, whether in the public or private sector, and it falls to a radical Conservative party to take a lead.
We are already committed to pay transparency and accountability, but I think it is time to go further. The government plays an important role in helping to shape society, so if we win the election we will set up a fair pay review to investigate pay inequality in the public sector.
Some of our most successful private sector companies operate a pay multiple, meaning that the highest paid person doesn't earn more than a certain multiple of the lowest paid. We will ask the review to consider how to introduce a pay multiple so that no public sector worker can earn over 20 times more than the lowest paid person in their organisation. There are many complex questions that the review will need to address, but I am confident it will not only help tackle unfair pay policies, it will improve cohesion and morale in the public sector too.
So I believe the choice at this election is between a reactionary Labour party and the old ways of command and control, or radical change with the Conservatives – a progressive party in tune with the modern world. To Guardian readers everywhere, I say: overcome any prejudices you may have. We want to change our country, and we want to do it with your help.
The Guardian, 8 avril 2010
http://www.guardian.co.uk/commentisfree/2010/apr/08/david-cameron-conservatives-radicals
There has been a strange reversal in British politics. Labour have become a reactionary force while the Conservatives are today the radicals. Gordon Brown heaps taxes on the poor, blocks plans to improve gender equality, allows rape crisis centres and special schools to shut. He echoes the far right in demanding "British jobs for British workers", then plays to the far left in reigniting class warfare. His reflex is to seek dividing lines instead of ways to unite.
He is most reactionary, most illiberal, in his obsession with the state. Detention without trial; ID cards; new powers for the state to enter your home … the list goes on. And this antiquated belief in state control underscores Labour's approach to public services. In education they want to derail the academy programme by handing power back to local education authorities. In health, they refuse to dismantle the bureaucracy that drives nurses and doctors mad. And they refuse to release data on government contracts or the details of senior government salaries.
Labour are wedded to the idea that politicians know best, with their targets and quangos and diktats. But you cannot fight poverty or improve hospitals from office blocks in Westminster; you need pluralism, you need to release the energy and ambition on the ground in local communities. We live in an age where power is being diffused: in every industry, consumers are gaining control; in every debate, more voices are being heard. In politics, Gordon Brown is an anachronism. His government is past its sell-by date.
Now consider our party. As Conservatives, we trust people – which is why we are now the party of progress. Our policies are radical, our manifesto based on redistributing power from the centre, in politics and public services. Who can honestly say the Big Government approach is working, when inequality is rising and social mobility is stalled? Our solution is to use the state to remake society – to build the Big Society, enabling people to come together to drive progress.
So if parents want new schools in areas where their children are being failed, we will empower them. If social workers or jobcentre staff want to join together in co-operatives to run their services, we will encourage them. The same principles extend to welfare, to prisons, to drug rehabilitation, to early years support. We will tear up the tangle of public sector targets that trap public sector workers.
And for the sake of the least fortunate in society, the public finances must be tamed. President Bill Clinton always recognised that fiscal responsibility was progressive – as did Gordon Brown, once, when he said: "Losing control of public spending doesn't help the poor. It's those who depend on public services who suffer if spending has to be reined back." Fine words. But this year Labour are spending more on debt interest than on our schools. That is why we need to act fast to cut our debts. It is equally regressive to pile taxes like national insurance on working people and firms trying to keep their heads above water.
Gordon Brown talks about fairness, but where is the moral crusade that once animated the Labour party? So far in this campaign we've seen nothing from Labour but negative point-scoring. By contrast, we've begun by setting out positive plans to bring our country together and help some of the most disadvantaged young people turn their lives around through national citizen service.
The one progressive new idea we hear will be in Labour's manifesto – the living wage – is actually a Conservative policy: Boris Johnson has already introduced it in London. But Gordon Brown has signally failed to speak out on fair pay, whether in the public or private sector, and it falls to a radical Conservative party to take a lead.
We are already committed to pay transparency and accountability, but I think it is time to go further. The government plays an important role in helping to shape society, so if we win the election we will set up a fair pay review to investigate pay inequality in the public sector.
Some of our most successful private sector companies operate a pay multiple, meaning that the highest paid person doesn't earn more than a certain multiple of the lowest paid. We will ask the review to consider how to introduce a pay multiple so that no public sector worker can earn over 20 times more than the lowest paid person in their organisation. There are many complex questions that the review will need to address, but I am confident it will not only help tackle unfair pay policies, it will improve cohesion and morale in the public sector too.
So I believe the choice at this election is between a reactionary Labour party and the old ways of command and control, or radical change with the Conservatives – a progressive party in tune with the modern world. To Guardian readers everywhere, I say: overcome any prejudices you may have. We want to change our country, and we want to do it with your help.
The Guardian, 8 avril 2010
http://www.guardian.co.uk/commentisfree/2010/apr/08/david-cameron-conservatives-radicals
Du passage à la ville à celui de la tour la plus haute du monde, du passage de la division des tâches à la si ridicule tentative de « société du savoir », nous savons tous ce qu’est la notion de verticalité. Face à des limites, que ce soit les limites naturelles purement quantitatives auxquelles ont eu à faire face les chasseurs-cueilleurs, ou aux limites des concentrations modernes qui vont jusqu’à l’absurde de la virtualité du pouvoir, l’humanité s’est toujours échappée des murs des contradictions par le haut, inventant une solution inusitée, jusque là tout à fait pensable, mais pas encore pensée.
Nous sommes, semble-t-il, à ce stade où les murs se referment, puisque, où que se tourne le regard, on ne voit que contradictions insolubles.
* La virtualité montre sa limite. Celle où une virtualité de niveau x ne se différencie plus vraiment d’une virtualité de niveau x+1. Perte du sens, dans laquelle le nombre de zéros stockés dans des ordinateurs n’a plus grande importance.
* La dominance sociale devient pratiquement indépendante du citoyen massivement désinformé par les médias, dans des choses politiques portant péniblement le qualificatif de « représentatives », ou dans des assemblées dont nul ne saurait dire par qui ni vers quoi elles sont dirigées.
* Comme l’ont signalé les décroissants, le mouvement mondialiste butte sur les limites physiques, ce qui n’est, à l’évidence, qu’une resucée de la problématique mésolithique-néolithique, mais à l’échelle planétaire.
* On voit pointer à l’horizon le stade final de l’entropie sociale. Par fusions d’entreprises, de nations, puis de continents, le mercure sociétal ne formera bientôt plus qu’une masse au creux du tissu des pouvoirs, délaissant à la périphérie le paysan, le pêcheur et le maçon.
* Le bouclier social bute sur la problématique incontournable de la productivité, qui conduira de façon certaine la solidarité des travailleurs à suivre la même voie que celle de la disparition du travail.
L’heure est venue pour une nouvelle verticalité. Les tentatives de verticalités, l’histoire le montre, peuvent échouer ou réussir, et celles qui réussissent possèdent toujours un caractère d’évidence, pour ne pas dire de trivialité.
Dans une situation de blocage comme la nôtre, les portes de sorties sont connues : la guerre, l’abaissement massif du niveau de vie des pays développés, le fascisme unitaire d’un gouvernement mondial… Pourquoi pas les trois à la fois… Parmi ces options, il en est une qui retient l’attention. On a entendu Paul Ariès proposer la mise en place d’un revenu minimal universel et inconditionnel, et partant de cette idée, il a dit : « Il faut un revenu minimum, donc il faut un revenu maximum ».
Cette formule est, à mon avis, très maladroite. Elle laisse supposer que c’est parce qu’il y a des pauvres qu’il y a des riches, alors que – tout le monde le sait – c’est bien parce qu’il y a des riches qu’il y a des pauvres. Ce n’est pas l’existence des paraplégiques, des idiots ou des incompétents, qui crée l’idéologie du mérite, même en creux.
La nouvelle verticalité qui se présente sera donc, bien plus probablement qu’une société des morlocks et des elois, une société qui se résoudra à criminaliser la richesse. La formule complète étant: criminalisons l’excès de richesse relative. Le plafonnement des richesses personnelles, automatiquement, provoquera une hausse des bas salaires, et il sera toujours temps, à ce moment là, de fixer un plancher.
En quoi tout cela constitue-t-il une verticalité, demanderez-vous. Pour la première fois de l’histoire de l’humanité, les artifices de la dominance sociale (comprise en tant qu’extension irraisonnée de la dominance naturelle) trouvent leurs limites. La criminalisation de l’excès de richesse n’a jamais été pensé pour la simple raison que, passant d’une société de pénurie à une société de sur-abondance, la chose était impensable. Il s’agit donc d’une chose triviale, facilement faisable, mais impensable, qui est de nature à bouleverser profondément les psychologies, reléguant la rapacité financière au niveau de la dominance tribale : une chose du passé dont plus personne n’a besoin.
« … ne nous contentons pas de briser les sceptres, pulvérisons à jamais les idoles »
« Français, encore un effort si vous voulez être républicains ! » -Donatien-Alphonse-François de Sade- 1795
http://www.pauljorion.com/blog/?p=12555
Nous sommes, semble-t-il, à ce stade où les murs se referment, puisque, où que se tourne le regard, on ne voit que contradictions insolubles.
* La virtualité montre sa limite. Celle où une virtualité de niveau x ne se différencie plus vraiment d’une virtualité de niveau x+1. Perte du sens, dans laquelle le nombre de zéros stockés dans des ordinateurs n’a plus grande importance.
* La dominance sociale devient pratiquement indépendante du citoyen massivement désinformé par les médias, dans des choses politiques portant péniblement le qualificatif de « représentatives », ou dans des assemblées dont nul ne saurait dire par qui ni vers quoi elles sont dirigées.
* Comme l’ont signalé les décroissants, le mouvement mondialiste butte sur les limites physiques, ce qui n’est, à l’évidence, qu’une resucée de la problématique mésolithique-néolithique, mais à l’échelle planétaire.
* On voit pointer à l’horizon le stade final de l’entropie sociale. Par fusions d’entreprises, de nations, puis de continents, le mercure sociétal ne formera bientôt plus qu’une masse au creux du tissu des pouvoirs, délaissant à la périphérie le paysan, le pêcheur et le maçon.
* Le bouclier social bute sur la problématique incontournable de la productivité, qui conduira de façon certaine la solidarité des travailleurs à suivre la même voie que celle de la disparition du travail.
L’heure est venue pour une nouvelle verticalité. Les tentatives de verticalités, l’histoire le montre, peuvent échouer ou réussir, et celles qui réussissent possèdent toujours un caractère d’évidence, pour ne pas dire de trivialité.
Dans une situation de blocage comme la nôtre, les portes de sorties sont connues : la guerre, l’abaissement massif du niveau de vie des pays développés, le fascisme unitaire d’un gouvernement mondial… Pourquoi pas les trois à la fois… Parmi ces options, il en est une qui retient l’attention. On a entendu Paul Ariès proposer la mise en place d’un revenu minimal universel et inconditionnel, et partant de cette idée, il a dit : « Il faut un revenu minimum, donc il faut un revenu maximum ».
Cette formule est, à mon avis, très maladroite. Elle laisse supposer que c’est parce qu’il y a des pauvres qu’il y a des riches, alors que – tout le monde le sait – c’est bien parce qu’il y a des riches qu’il y a des pauvres. Ce n’est pas l’existence des paraplégiques, des idiots ou des incompétents, qui crée l’idéologie du mérite, même en creux.
La nouvelle verticalité qui se présente sera donc, bien plus probablement qu’une société des morlocks et des elois, une société qui se résoudra à criminaliser la richesse. La formule complète étant: criminalisons l’excès de richesse relative. Le plafonnement des richesses personnelles, automatiquement, provoquera une hausse des bas salaires, et il sera toujours temps, à ce moment là, de fixer un plancher.
En quoi tout cela constitue-t-il une verticalité, demanderez-vous. Pour la première fois de l’histoire de l’humanité, les artifices de la dominance sociale (comprise en tant qu’extension irraisonnée de la dominance naturelle) trouvent leurs limites. La criminalisation de l’excès de richesse n’a jamais été pensé pour la simple raison que, passant d’une société de pénurie à une société de sur-abondance, la chose était impensable. Il s’agit donc d’une chose triviale, facilement faisable, mais impensable, qui est de nature à bouleverser profondément les psychologies, reléguant la rapacité financière au niveau de la dominance tribale : une chose du passé dont plus personne n’a besoin.
« … ne nous contentons pas de briser les sceptres, pulvérisons à jamais les idoles »
« Français, encore un effort si vous voulez être républicains ! » -Donatien-Alphonse-François de Sade- 1795
http://www.pauljorion.com/blog/?p=12555
Un revenu minimal de 1.500 euros par mois, un revenu maximal de 15.000 euros : la solution aux crises.
VIVRE AVEC 15 000 € PAR MOIS ?
Si vous estimez qu’il est possible de vivre décemment avec 15 000 €/mois, alors , en interdisant à quiconque de gagner plus, et en mettant l’argent récolté dans le pot commun :
- la « crise » que nous vivons est résolue
- le financement des retraites (à 55 ans) est résolu
- le financement de la sécurité sociale est résolu
- le financement de l’éducation et de la recherche est résolu
- les services publics sont renforcés
- la faim dans le monde est résolue
- la précarité est résolue
- les pollutions de toutes sortes sont résolues
- la destruction des forêts est résolue
- la destruction de la biodiversité terrestre et maritime est résolue
- la spoliation des terres cultivables est résolue, etc…
POURQUOI ?
Parce que l’origine de TOUS les problèmes majeurs sur cette planète est l’AVIDITE de quelques uns au détriment du plus grand nombre et le refus de partager les richesses. Parce que l’avidité n’existe en l’homme que pour combler un VIDE. Parce que le partage avec les autres comble ce vide, alors que la consommation effrénée pour soi l’accroît. Parce que les richesses ainsi libérées permettraient de faire les recherches indispensables pour développer des énergies et des modes de production non polluants et équitables, et de redonner à chacun la possibilité de s’inscrire dans la société de façon créative et satisfaisante.
COMMENT ?
Nous, des citoyens ordinaires, affirmons que :
- TOUT PEUT ETRE RESOLU en INTERDISANT 1. les revenus par habitant et par mois INFERIEURS A 1500 € 2. les revenus par habitant et par mois SUPERIEURS à 15 000 € - tous revenus :salaires, actions, loyers perçus, pensions, etc.
- TOUT DOIT ETRE RESOLU par l’ACTION DES CITOYENS Le système est en bout de course et la solution ne viendra pas des politiques livrés à eux-même : ils la connaissent mais ne veulent pas la mettre en œuvre. Au nom de la démocratie, ils refusent d’interdire les privilèges, privant ainsi l’énorme majorité d’une vie décente.
- TOUT PEUT ETRE RESOLU en CESSANT DE CROIRE que nous sommes des VICTIMES et n’avons pas le pouvoir de changer les choses
- TOUT PEUT ETRE RESOLU si nous sommes des MILLIONS, à l’échelle de la France, à POSER CETTE SEULE INTERDICTION : pas moins de 1500 €, pas plus de 15000 € par mois pour chacun. EXIGEONS (en tant que citoyens(nes) ou militants(tes) que tous les mouvements politiques intègrent dans leur programme ce principe de base !
UTOPIQUE ?
Si nous parvenons à imposer ce fonctionnement en France, aucun peuple sur Terre ne voudra être de reste. Imposer un fonctionnement juste et équitable n’est pas une « atteinte à la démocratie ». Ce qui l’atteint, ce sont les mensonges destinés à nous faire croire que les mesures actuelles sont la démocratie. Dévoiler les mensonges n’est pas utopique et, une fois dévoilés, rien ne sera plus comme avant…
RIEN, sinon l’avidité, ne s’opposera objectivement à la mise en œuvre d’une telle interdiction. Sa réalisation remettrait toutefois en cause des systèmes beaucoup plus complexes mais qui ne sont d’AUCUNE utilité aux citoyens seulement désireux de vivre décemment, c’est-à-dire l’immense majorité sur cette planète.
« Ils ne voudront jamais le faire » ? Bien entendu ! Mais si NOUS le voulons, cela se fera. Non pas parce que cela est la « solution » à tous les problèmes de l’humanité, mais parce que si nous OSONS exiger une seule chose qui remet en question ce système, si nous insistons de manière déterminée, alors rien ne pourra s’y opposer.
Assez de Blabla et de demi- mesures inefficaces, LA CRISE EST FINIE… si nous le voulons !
SI VOUS ETES D’ACCORD, MERCI DE FAIRE CIRCULER ce texte largement … afin que ce soit possible !
« Vivre tous simplement pour que tous puissent simplement vivre » (Gandhi)
A SUIVRE…ENSEMBLE !
Le collectif « Piquons une « crise » ! »
Source : Courriel à Reporterre
Si vous estimez qu’il est possible de vivre décemment avec 15 000 €/mois, alors , en interdisant à quiconque de gagner plus, et en mettant l’argent récolté dans le pot commun :
- la « crise » que nous vivons est résolue
- le financement des retraites (à 55 ans) est résolu
- le financement de la sécurité sociale est résolu
- le financement de l’éducation et de la recherche est résolu
- les services publics sont renforcés
- la faim dans le monde est résolue
- la précarité est résolue
- les pollutions de toutes sortes sont résolues
- la destruction des forêts est résolue
- la destruction de la biodiversité terrestre et maritime est résolue
- la spoliation des terres cultivables est résolue, etc…
POURQUOI ?
Parce que l’origine de TOUS les problèmes majeurs sur cette planète est l’AVIDITE de quelques uns au détriment du plus grand nombre et le refus de partager les richesses. Parce que l’avidité n’existe en l’homme que pour combler un VIDE. Parce que le partage avec les autres comble ce vide, alors que la consommation effrénée pour soi l’accroît. Parce que les richesses ainsi libérées permettraient de faire les recherches indispensables pour développer des énergies et des modes de production non polluants et équitables, et de redonner à chacun la possibilité de s’inscrire dans la société de façon créative et satisfaisante.
COMMENT ?
Nous, des citoyens ordinaires, affirmons que :
- TOUT PEUT ETRE RESOLU en INTERDISANT 1. les revenus par habitant et par mois INFERIEURS A 1500 € 2. les revenus par habitant et par mois SUPERIEURS à 15 000 € - tous revenus :salaires, actions, loyers perçus, pensions, etc.
- TOUT DOIT ETRE RESOLU par l’ACTION DES CITOYENS Le système est en bout de course et la solution ne viendra pas des politiques livrés à eux-même : ils la connaissent mais ne veulent pas la mettre en œuvre. Au nom de la démocratie, ils refusent d’interdire les privilèges, privant ainsi l’énorme majorité d’une vie décente.
- TOUT PEUT ETRE RESOLU en CESSANT DE CROIRE que nous sommes des VICTIMES et n’avons pas le pouvoir de changer les choses
- TOUT PEUT ETRE RESOLU si nous sommes des MILLIONS, à l’échelle de la France, à POSER CETTE SEULE INTERDICTION : pas moins de 1500 €, pas plus de 15000 € par mois pour chacun. EXIGEONS (en tant que citoyens(nes) ou militants(tes) que tous les mouvements politiques intègrent dans leur programme ce principe de base !
UTOPIQUE ?
Si nous parvenons à imposer ce fonctionnement en France, aucun peuple sur Terre ne voudra être de reste. Imposer un fonctionnement juste et équitable n’est pas une « atteinte à la démocratie ». Ce qui l’atteint, ce sont les mensonges destinés à nous faire croire que les mesures actuelles sont la démocratie. Dévoiler les mensonges n’est pas utopique et, une fois dévoilés, rien ne sera plus comme avant…
RIEN, sinon l’avidité, ne s’opposera objectivement à la mise en œuvre d’une telle interdiction. Sa réalisation remettrait toutefois en cause des systèmes beaucoup plus complexes mais qui ne sont d’AUCUNE utilité aux citoyens seulement désireux de vivre décemment, c’est-à-dire l’immense majorité sur cette planète.
« Ils ne voudront jamais le faire » ? Bien entendu ! Mais si NOUS le voulons, cela se fera. Non pas parce que cela est la « solution » à tous les problèmes de l’humanité, mais parce que si nous OSONS exiger une seule chose qui remet en question ce système, si nous insistons de manière déterminée, alors rien ne pourra s’y opposer.
Assez de Blabla et de demi- mesures inefficaces, LA CRISE EST FINIE… si nous le voulons !
SI VOUS ETES D’ACCORD, MERCI DE FAIRE CIRCULER ce texte largement … afin que ce soit possible !
« Vivre tous simplement pour que tous puissent simplement vivre » (Gandhi)
A SUIVRE…ENSEMBLE !
Le collectif « Piquons une « crise » ! »
Source : Courriel à Reporterre
Tags :
utopie
Un militant du parti de gauche du Mantois à entamer une série d'articles sur le revenu maximum.
Vous pouvez les retrouver à l'adresse suivante : http://www.partidegauche-mantois.eu/index.php?post/2010/05/05/Pour-l-instauration-d-un-revenu-maximum-un-imperatif-economique
Vous pouvez les retrouver à l'adresse suivante : http://www.partidegauche-mantois.eu/index.php?post/2010/05/05/Pour-l-instauration-d-un-revenu-maximum-un-imperatif-economique
Le texte du Parti Socialiste intitulé "Convention nationale sur le nouveau modèle économique, social et écologique" reprend la proposition de loi présentée à l'automne.
La question du partage des richesses au sein de l’entreprise mérite d’être aujourd’hui posée dans des termes nouveaux. Les écarts de rémunération ont atteint des proportions qui étaient déjà injustifiables et qui le sont devenus plus encore depuis la crise. Les dirigeants des groupes du CAC40 ont vu leurs salaires augmenter de 400% en 8 ans, quand les salaires des travailleurs du secteur privé ont timidement augmenté en moyenne de 3,5%. Nous retenons l’idée d’une proportionnalité entre les revenus à l’intérieur des entreprises. Nous proposons qu’au sein des entreprises qui ont une participation publique dans leur capital, les rémunérations soient comprises dans une échelle de l’ordre de 1 à 20. Dans les autres, l'assemblée générale des actionnaires, sur proposition du conseil d’administration, après consultation du comité d’entreprise, devra fixer ce ratio.
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PS
C’est sans doute la mesure la plus osée des propositions à l’agenda du "nouveau modèle économique, social et écologique" proposé par le PS. Elle figure page 11 de ce document, piloté par Pierre Moscovici, qui sera officiellement présenté demain. Je cite, donc… "Nous proposons qu’au sein des entreprises qui ont une participation publique dans leur capital, les salaires soient compris dans une échelle de l’ordre de 1 à 20".
Dit comme ça, ça peut paraître raisonnable, et juste, et progressiste, et tout ça. Mais quand on regarde concrètement ce que ça signifie, cela paraît surtout très très démagogique. Le salaire le plus bas, dans les entreprises publiques comme dans toutes les entreprises, c’est le Smic, c’est à dire 1343 euros brut. Avec cette nouvelle règle édictée par le PS, le plus haut salaire, souvent celui du PDG, ne pourrait donc excéder vingt fois ce montant, c’est-à-dire 26.860 euros brut mensuels, soit 322.000 euros brut par an.
Pourquoi je trouve cela démagogique ? D’abord parce que cela impliquerait, pour tous les patrons des entreprises publiques cotées, une baisse de salaire telle qu’ils s’en iraient ailleurs sans doute très rapidement : en 2008, Didier Lombard avait chez France Télécom un salaire de 1,6 million d’euros et celui de Gérard Mestrallet chez GDF-Suez dépassait à la même époque les 3 millions. Souvenons-nous avec quel acharnement Henri Proglio a voulu, lors de son passage chez EDF, garder le niveau de salaire qu’il avait chez Veolia. Alors lui demander de le diviser par cinq, voire dix, ça paraît compliqué.
Démagogique aussi, parce qu’on ne peut pas déconnecter le salaire des autres compléments de rémunération, comme les stock-options ou les actions gratuites. La baisse de salaires éventuellement décrétée par un gouvernement socialiste pourrait très facilement être compensée par une hausse de ces compléments, et cette mesure n’empêcherait donc pas de nouveau scandale. Il serait sans doute plus efficace, si on veut vraiment limiter les rémunérations stratosphériques, instaurer une fiscalité forte - 70%, 80% voire plus - prélevée directement sur le revenu. Et évidemment ne pas la limiter aux seuls patrons des entreprises publiques.
Thomas Bronnec
http://blogs.lexpress.fr/les-couloirs-de-bercy/2010/04/cest-sans-doute-la-mesure.php
Dit comme ça, ça peut paraître raisonnable, et juste, et progressiste, et tout ça. Mais quand on regarde concrètement ce que ça signifie, cela paraît surtout très très démagogique. Le salaire le plus bas, dans les entreprises publiques comme dans toutes les entreprises, c’est le Smic, c’est à dire 1343 euros brut. Avec cette nouvelle règle édictée par le PS, le plus haut salaire, souvent celui du PDG, ne pourrait donc excéder vingt fois ce montant, c’est-à-dire 26.860 euros brut mensuels, soit 322.000 euros brut par an.
Pourquoi je trouve cela démagogique ? D’abord parce que cela impliquerait, pour tous les patrons des entreprises publiques cotées, une baisse de salaire telle qu’ils s’en iraient ailleurs sans doute très rapidement : en 2008, Didier Lombard avait chez France Télécom un salaire de 1,6 million d’euros et celui de Gérard Mestrallet chez GDF-Suez dépassait à la même époque les 3 millions. Souvenons-nous avec quel acharnement Henri Proglio a voulu, lors de son passage chez EDF, garder le niveau de salaire qu’il avait chez Veolia. Alors lui demander de le diviser par cinq, voire dix, ça paraît compliqué.
Démagogique aussi, parce qu’on ne peut pas déconnecter le salaire des autres compléments de rémunération, comme les stock-options ou les actions gratuites. La baisse de salaires éventuellement décrétée par un gouvernement socialiste pourrait très facilement être compensée par une hausse de ces compléments, et cette mesure n’empêcherait donc pas de nouveau scandale. Il serait sans doute plus efficace, si on veut vraiment limiter les rémunérations stratosphériques, instaurer une fiscalité forte - 70%, 80% voire plus - prélevée directement sur le revenu. Et évidemment ne pas la limiter aux seuls patrons des entreprises publiques.
Thomas Bronnec
http://blogs.lexpress.fr/les-couloirs-de-bercy/2010/04/cest-sans-doute-la-mesure.php
"Il y a d’abord l’attaque éthique. Au centre de cette pression sur les salaires, de cette voracité spéculative des hautes classes moyennes et des classes riches, les gens fraudent de plus en plus : délits sur les stock-options, délits d’initié...
Il faut maintenir une pénalisation du droit des affaires. De la même manière, il faut plafonner les revenus des grands patrons. A l’époque de Henry Ford, ils étaient payés 40 fois le salaire moyen, aujourd’hui, c’est 350 ou 400 fois ! (On peut considérer que ce superprélèvement directorial est négligeable, il est cependant particulièrement inélégant et nocif.) Puisqu’on veut moins d’Etat, le capitalisme doit rester éthique."
13 décembre 2007
Analyse complète sur : http://contreinfo.info/article.php3?id_article=1511
Il faut maintenir une pénalisation du droit des affaires. De la même manière, il faut plafonner les revenus des grands patrons. A l’époque de Henry Ford, ils étaient payés 40 fois le salaire moyen, aujourd’hui, c’est 350 ou 400 fois ! (On peut considérer que ce superprélèvement directorial est négligeable, il est cependant particulièrement inélégant et nocif.) Puisqu’on veut moins d’Etat, le capitalisme doit rester éthique."
13 décembre 2007
Analyse complète sur : http://contreinfo.info/article.php3?id_article=1511
Des dirigeants d'entreprises trop payés ou corrompus face à des salariés précarisés amènent une situation sociale explosive
Henry Ford, constructeur automobile américain (1863-1947), ne fut pas seulement pendant une quinzaine d'années le plus gros industriel du monde. Il fut aussi l'un des sauveteurs du capitalisme frappé gravement par la crise de 1929: c'est la politique des hauts salaires, dont il est l'inventeur, qui assura le redémarrage de la consommation. C'est dire toute l'importance de ses intuitions.
Il aurait affirmé à diverses reprises que le capitalisme ne saurait vivre et se développer sans respecter une éthique rigoureuse. Il était à ses yeux mauvais — moralement — qu'un chef d'entreprise se paye plus de quarante fois la rémunération moyenne de ses employés. Lui-même respectait cette règle à son propre endroit. La clé de ce jugement tient en ceci que le capitalisme est assurément la forme d'organisation sociale qui garantit les plus grandes marges de liberté à tous les acteurs du système. Cela ne peut évidemment pas tenir sans un haut degré d'autolimitation et d'autocontrôle.
Or il est clair, en ce XXIe siècle débutant, que quelque chose a craqué quelque part dans le système. Même Steve Jobs, l'emblématique créateur d'Apple, vient d'être pris les doigts dans la confiture, à propos d'une obscure affaire de manipulation de dates de valeur pour ses stock-options. La semaine précédente, c'est l'industrie lourde allemande, notamment dans le secteur automobile, qui exhale un parfum de corruption massive. Depuis une dizaine d'années, la liste des grandes entreprises mondiales poursuivies en justice pour irrégularités ou corruption massive s'est allongée de manière impressionnante: Enron, Parmalat, Arthur Andersen, etc. Sans parler d'affaires judiciairement distinctes mais de même nature comme la faillite de la banque anglaise Barings ou l'affaire des frégates de Taïwan. Le Japon également a connu son lot d'affaires douteuses.
Le plus grave, le plus massif, et sans doute le plus immoral de ces scandales ne relève pourtant pas de la même catégorie puisqu'il est légal. C'est le fait que, salaires plus stock-options plus avantages divers, la rémunération des présidents et des deux ou trois plus hauts responsables des grandes sociétés multinationales contemporaines soit passée en quelque trente ans d'environ quarante à cinquante fois le salaire moyen de leurs employés — le ratio de décence d'Henry Ford — à quelque trois cent cinquante ou quatre cents fois aujourd'hui.
S'il est vrai que souvent les surfaces commerciales de ces entreprises se sont étendues dans les mêmes proportions — c'est l'argument essentiel de leurs patrons —, ce n'est pas une raison suffisante pour accepter le principe d'un capitalisme prédateur à ce point-là.
Je crains cependant que la justice et l'indignation populaire n'y puissent pas grand-chose. Une condamnation, et même une mise en faillite, de temps en temps, ne sauraient corriger la logique du système. Car c'est bien d'un système qu'il s'agit.
Un bon exemple nous en fut donné en décembre lorsque la presse française nous informa du montant et des modalités de calcul du bonus des opérateurs bancaires. Et le fait nouveau était l'information selon laquelle les banques employeuses étaient bien obligées d'en passer par là pour garder ces agents qui savent très vite trouver, n'importe où dans le monde, de nouveaux employeurs acceptant d'en passer par leurs conditions. Il y a donc bien un système qui touche la banque mais encore plus le monde industriel au sein duquel se répandent salaires mirobolants et stock-options indécentes. À un tel niveau d'immoralité, le système n'est plus défendable, et cela ne manque pas d'être inquiétant dans nos sociétés fragiles parce que complexes. Mais le plus grave n'est peut-être pas de l'ordre de l'éthique. Il pourrait bien être de l'ordre de l'économie.
En effet, le passage de la rémunération directoriale d'un petit 3 % de la masse globale des salaires à un gros 10 % oblige à pressurer le reste de la pyramide. Cette pression, conjuguée à celle des actionnaires maintenant massivement organisés — fonds de pension, fonds d'investissement, fonds d'arbitrage ou hedge funds — pour exiger le dividende maximal, oblige en effet les sociétés à licencier toute main-d'œuvre non indispensable, à externaliser toutes les tâches non directement liées au savoir et à l'identité de la marque. Et bien sûr à limiter les augmentations au strict minimum. Le salaire réel moyen aux États-Unis est ainsi stagnant depuis vingt ans, il l'est maintenant en France depuis cinq ou six ans. Le développement du travail précaire est le produit direct de cette évolution, qu'atteste dans tous nos pays la baisse tendancielle sur une longue période de la part des salaires dans le PIB. En France, elle a ainsi baissé de 11 % de 1981 à 2005.
L'âpreté au gain de cette nouvelle couche de rapaces, actionnaires et dirigeants, pousse aujourd'hui les entreprises à la fraude, pour compte personnel ou pour compte d'autrui. Je ne vois pas la justice capable de triompher de forces aussi massives. Au demeurant, George W. Bush, qui avait il y a quelques années nommé après le scandale Enron un très vigoureux président de la SEC — Securities and Exchange Commission, la COB américaine —, s'est débarrassé de lui un an et demi après pour en nommer un plus accommodant. Le système résiste à tout.
Il suit de tout cela qu'entre la masse des salariés qui sont atteints par le chômage, la précarité ou tout simplement la pauvreté, celle de ceux qui ne sont plus dans ces situations mais les ont connues, et celle encore plus grande de ceux qui sont rongés d'anxiété à l'idée d'y tomber, une grande désespérance s'est emparée non seulement des classes populaires, mais largement aussi des classes moyennes. Le désarroi des classes moyennes est aujourd'hui au cœur du débat public américain. C'est lui aussi qui explique les réponses négatives des Français et des Néerlandais au référendum récent sur la Constitution européenne. Et si l'Allemagne avait été saisie de la ratification par voie référendaire, elle aussi aurait voté non.
C'est l'insécurité dominante de l'emploi qui inquiète tous nos concitoyens. Elle découle directement de l'aggravation démesurée de cette pression capitaliste sur le travail. Nos opinions ne supportent plus un système pareil. Si maintenant la disqualification morale s'y ajoute, les tensions sociales risquent de s'aggraver beaucoup.
Le redressement de cette situation passe naturellement par une correction au profit des salaires dans le partage du produit brut. Mais il ne sert à rien de pousser uniquement le bas de l'échelle vers le haut: augmentation du salaire minimum, appui aux négociations salariales, quand la pression du marché est si forte en sens inverse. Ou alors la prime pour l'emploi prendra des dimensions himalayennes. Il n'y a pas d'autre moyen pertinent que d'alléger le haut de la pyramide, sinon toute hausse momentanée des petits salaires aggravera la pression sur la sécurité des emplois comme sur les rémunérations, pour les couches intermédiaires, c'est-à-dire les classes moyennes.
Il va devenir nécessaire de plafonner fiscalement les hautes rémunérations, de limiter à l'extrême les OPA, et de mettre fin au racket des cabinets spécialisés sur les pouvoirs d'actionnaires. Tout cela, pour être efficace, devrait se faire au niveau européen. C'est affaire de moralité publique autant que de cohésion sociale et c'est aussi le seul moyen de sauver la libre entreprise en lui rendant sa respectabilité.
15 janvier 2007
L'auteur de ce texte, Michel Rocard est député européen. Il a été premier ministre de 1988 à 1991.
http://www.ledevoir.com/economie/127438/le-capitalisme-ethique-un-principe-fragile
Il aurait affirmé à diverses reprises que le capitalisme ne saurait vivre et se développer sans respecter une éthique rigoureuse. Il était à ses yeux mauvais — moralement — qu'un chef d'entreprise se paye plus de quarante fois la rémunération moyenne de ses employés. Lui-même respectait cette règle à son propre endroit. La clé de ce jugement tient en ceci que le capitalisme est assurément la forme d'organisation sociale qui garantit les plus grandes marges de liberté à tous les acteurs du système. Cela ne peut évidemment pas tenir sans un haut degré d'autolimitation et d'autocontrôle.
Or il est clair, en ce XXIe siècle débutant, que quelque chose a craqué quelque part dans le système. Même Steve Jobs, l'emblématique créateur d'Apple, vient d'être pris les doigts dans la confiture, à propos d'une obscure affaire de manipulation de dates de valeur pour ses stock-options. La semaine précédente, c'est l'industrie lourde allemande, notamment dans le secteur automobile, qui exhale un parfum de corruption massive. Depuis une dizaine d'années, la liste des grandes entreprises mondiales poursuivies en justice pour irrégularités ou corruption massive s'est allongée de manière impressionnante: Enron, Parmalat, Arthur Andersen, etc. Sans parler d'affaires judiciairement distinctes mais de même nature comme la faillite de la banque anglaise Barings ou l'affaire des frégates de Taïwan. Le Japon également a connu son lot d'affaires douteuses.
Le plus grave, le plus massif, et sans doute le plus immoral de ces scandales ne relève pourtant pas de la même catégorie puisqu'il est légal. C'est le fait que, salaires plus stock-options plus avantages divers, la rémunération des présidents et des deux ou trois plus hauts responsables des grandes sociétés multinationales contemporaines soit passée en quelque trente ans d'environ quarante à cinquante fois le salaire moyen de leurs employés — le ratio de décence d'Henry Ford — à quelque trois cent cinquante ou quatre cents fois aujourd'hui.
S'il est vrai que souvent les surfaces commerciales de ces entreprises se sont étendues dans les mêmes proportions — c'est l'argument essentiel de leurs patrons —, ce n'est pas une raison suffisante pour accepter le principe d'un capitalisme prédateur à ce point-là.
Je crains cependant que la justice et l'indignation populaire n'y puissent pas grand-chose. Une condamnation, et même une mise en faillite, de temps en temps, ne sauraient corriger la logique du système. Car c'est bien d'un système qu'il s'agit.
Un bon exemple nous en fut donné en décembre lorsque la presse française nous informa du montant et des modalités de calcul du bonus des opérateurs bancaires. Et le fait nouveau était l'information selon laquelle les banques employeuses étaient bien obligées d'en passer par là pour garder ces agents qui savent très vite trouver, n'importe où dans le monde, de nouveaux employeurs acceptant d'en passer par leurs conditions. Il y a donc bien un système qui touche la banque mais encore plus le monde industriel au sein duquel se répandent salaires mirobolants et stock-options indécentes. À un tel niveau d'immoralité, le système n'est plus défendable, et cela ne manque pas d'être inquiétant dans nos sociétés fragiles parce que complexes. Mais le plus grave n'est peut-être pas de l'ordre de l'éthique. Il pourrait bien être de l'ordre de l'économie.
En effet, le passage de la rémunération directoriale d'un petit 3 % de la masse globale des salaires à un gros 10 % oblige à pressurer le reste de la pyramide. Cette pression, conjuguée à celle des actionnaires maintenant massivement organisés — fonds de pension, fonds d'investissement, fonds d'arbitrage ou hedge funds — pour exiger le dividende maximal, oblige en effet les sociétés à licencier toute main-d'œuvre non indispensable, à externaliser toutes les tâches non directement liées au savoir et à l'identité de la marque. Et bien sûr à limiter les augmentations au strict minimum. Le salaire réel moyen aux États-Unis est ainsi stagnant depuis vingt ans, il l'est maintenant en France depuis cinq ou six ans. Le développement du travail précaire est le produit direct de cette évolution, qu'atteste dans tous nos pays la baisse tendancielle sur une longue période de la part des salaires dans le PIB. En France, elle a ainsi baissé de 11 % de 1981 à 2005.
L'âpreté au gain de cette nouvelle couche de rapaces, actionnaires et dirigeants, pousse aujourd'hui les entreprises à la fraude, pour compte personnel ou pour compte d'autrui. Je ne vois pas la justice capable de triompher de forces aussi massives. Au demeurant, George W. Bush, qui avait il y a quelques années nommé après le scandale Enron un très vigoureux président de la SEC — Securities and Exchange Commission, la COB américaine —, s'est débarrassé de lui un an et demi après pour en nommer un plus accommodant. Le système résiste à tout.
Il suit de tout cela qu'entre la masse des salariés qui sont atteints par le chômage, la précarité ou tout simplement la pauvreté, celle de ceux qui ne sont plus dans ces situations mais les ont connues, et celle encore plus grande de ceux qui sont rongés d'anxiété à l'idée d'y tomber, une grande désespérance s'est emparée non seulement des classes populaires, mais largement aussi des classes moyennes. Le désarroi des classes moyennes est aujourd'hui au cœur du débat public américain. C'est lui aussi qui explique les réponses négatives des Français et des Néerlandais au référendum récent sur la Constitution européenne. Et si l'Allemagne avait été saisie de la ratification par voie référendaire, elle aussi aurait voté non.
C'est l'insécurité dominante de l'emploi qui inquiète tous nos concitoyens. Elle découle directement de l'aggravation démesurée de cette pression capitaliste sur le travail. Nos opinions ne supportent plus un système pareil. Si maintenant la disqualification morale s'y ajoute, les tensions sociales risquent de s'aggraver beaucoup.
Le redressement de cette situation passe naturellement par une correction au profit des salaires dans le partage du produit brut. Mais il ne sert à rien de pousser uniquement le bas de l'échelle vers le haut: augmentation du salaire minimum, appui aux négociations salariales, quand la pression du marché est si forte en sens inverse. Ou alors la prime pour l'emploi prendra des dimensions himalayennes. Il n'y a pas d'autre moyen pertinent que d'alléger le haut de la pyramide, sinon toute hausse momentanée des petits salaires aggravera la pression sur la sécurité des emplois comme sur les rémunérations, pour les couches intermédiaires, c'est-à-dire les classes moyennes.
Il va devenir nécessaire de plafonner fiscalement les hautes rémunérations, de limiter à l'extrême les OPA, et de mettre fin au racket des cabinets spécialisés sur les pouvoirs d'actionnaires. Tout cela, pour être efficace, devrait se faire au niveau européen. C'est affaire de moralité publique autant que de cohésion sociale et c'est aussi le seul moyen de sauver la libre entreprise en lui rendant sa respectabilité.
15 janvier 2007
L'auteur de ce texte, Michel Rocard est député européen. Il a été premier ministre de 1988 à 1991.
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