Pour qui veut saisir la nécessité d'un revenu maximum dans un contexte social et écologique plus large doit absolument lire le livre d'Hervé Kempf !
La France n’est pas la seule à choyer ses patrons. En 2005, selon une étude de Standard and Poor, la rémunération moyenne des PDG des 500 plus grandes firmes des Etats-Unis s’élève à 430 fois celle du travailleur moyen – dix fois plus qu’en 1980. (p 59)
Entre 1995 et 2005, le revenu tiré des dividendes a crû de 52% en France, selon une enquête de l’hebdomadaire Marianne ; dans le même temps, le salaire médian a augmenté de 7,8% soit sept fois moins. (p 61)
La seule solution pour que vous et moi acceptions de consommer moins de matière et d’énergie, c’est que la consommation matérielle – et donc le revenu – de l’oligarchie soit sévèrement réduite. En soi, pour des raisons d’équité, et plus encore, en suivant la leçon de ce sacripant excentrique de Veblen, pour changer les standards culturels de la consommation ostentatoire. Puisque la classe de loisir établit le modèle de consommation de la société, si son revenu est abaissé, le niveau général de consommation diminuera. (p 91)
En hommage à tonton Marcel (Dassault et son « café du commerce »), il faut juste diviser la fortune des milliardaires par cent ou par mille, et instaurer un indispensable RMA (revenu maximal admissible). (p 121)
Hervé Kempf, Comment les riches détruisent la planète, Paris, Le Seuil, 2007
Entre 1995 et 2005, le revenu tiré des dividendes a crû de 52% en France, selon une enquête de l’hebdomadaire Marianne ; dans le même temps, le salaire médian a augmenté de 7,8% soit sept fois moins. (p 61)
La seule solution pour que vous et moi acceptions de consommer moins de matière et d’énergie, c’est que la consommation matérielle – et donc le revenu – de l’oligarchie soit sévèrement réduite. En soi, pour des raisons d’équité, et plus encore, en suivant la leçon de ce sacripant excentrique de Veblen, pour changer les standards culturels de la consommation ostentatoire. Puisque la classe de loisir établit le modèle de consommation de la société, si son revenu est abaissé, le niveau général de consommation diminuera. (p 91)
En hommage à tonton Marcel (Dassault et son « café du commerce »), il faut juste diviser la fortune des milliardaires par cent ou par mille, et instaurer un indispensable RMA (revenu maximal admissible). (p 121)
Hervé Kempf, Comment les riches détruisent la planète, Paris, Le Seuil, 2007
Une contribution soumise au PS dans le cadre de son "tour de France du projet".
Pour un écart maximum des revenus Il y a quelques années, la France a créé le SMIC (Salaire Minimum Interprofessionnel de Croissance) afin que les personnes qui travaille, puissent subvenir à leurs besoins vitaux (logement, nourriture, déplacements, loisirs). Aujourd’hui, il est constaté que la grande majorité des salariés (ouvriers, techniciens, cadres, ingénieurs…) d’une entreprise qui fait des bénéfices importants sont payés le SMIC ou à peine plus (calculs effectués à partir du taux horaire). Le taux horaire est un calcul qui tient compte du salaire mensuel par rapport au nombre d’heures travaillées. Exemple le taux horaire pour un salaire mensuel net de 2500€ en effectuant 45h par semaine est de 13,88€ de l’heure. Le taux horaire pour un salaire mensuel net de 1500€ en effectuant 35h par semaine est de 10,71€ de l’heure. Et vous, quel est votre taux horaire? Pendant ce temps, les dirigeants des grandes entreprises du CAC40 gagnent des salaires sur-dimensionnés (voir l’article sur l’évolution du pouvoir d’achat).
L’EMR (Écart Maximum de Revenus) permet à chaque entrepreneur de bien gagner sa vie, en créant une entreprise rentable, tout en faisant en sorte qu’une partie des bénéfices soient redistribués aux salariés. Concrètement, il faut admettre un écart maximum entre le revenus le plus bas et celui le plus haut dans une entreprise quelconque. Admettons un écart de 30 000€, ce qui signifie que dans une entreprise, le salaire maximum du dirigeant serait de 30 000€ mensuel net si le salaire le plus bas de l’entreprise est le SMIC. Un salaire mensuel net de 30 000€ permet de vivre très confortablement, pour un entrepreneur ayant du talent, de l’intelligence, des idées novatrices…
L’entreprise effectue des bénéfices records (un des produits a un succès inattendu), le dirigeant souhaite augmenter son salaire au dessus de 30 000 € mensuel. Il lui suffit simplement d’augmenter le salaire le plus bas de ces salariés. Afin que l’écart entre le salaire le plus faible de l’entreprise et le salaire le plus haut soit toujours identique, c’est à dire 30 000€. Par exemple, l’employeur souhaite augmenter son salaire mensuel à 32 000€ (les bénéfices de son entreprise le lui permettent), il devra faire en sorte que ses employés en profite (ils participent également à la rentabilité de l’entreprise par leur travail). C’est à dire que le salaire mensuel le plus faible devra être égale 32 000€ moins l’EMR (30 000€) soit 2 000 € net mensuel. Puis l’entreprise a une passe difficile, les bénéfices diminuent. Donc l’employeur doit diminuer son salaire. Il aura également la possibilité de diminuer le revenus de ces employés en fonction de son salaire, pour toujours respecter l’EMR de 30 000€ entre le salaire le plus haut et le plus bas. Conclusion Cette solution permet aux entrepreneurs d’être motivés car ils ont la possibilité d’augmenter leur salaire mensuel. Elle est aussi flexible concernant le salaire des employés, car celui ci est désormais intimement lié aux bénéfices de l’entreprise. Et par la même occasion d’augmenter le pouvoir d’achat des citoyens français.
En effet, l’économie française va plutôt bien pour une minorité (voir l’article sur l’évolution du pouvoir d’achat), c’est juste un problème de répartition des gains. Le tout, sans modifier la durée hebdomadaire légale de travail (35 heures). D’un autre côté, les salariés de l’entreprise sont motivés dans leur travail, car ils ont la certitude qu’ils profiteront d’une partie des bénéfices effectuées par l’entreprise grâce à l’EMR.
Soumis par gilbert le dim, 06/12/2009
http://www.lafrancequonaime.fr/letour/forum/pour-un-ecart-maximum-des-revenus
L’EMR (Écart Maximum de Revenus) permet à chaque entrepreneur de bien gagner sa vie, en créant une entreprise rentable, tout en faisant en sorte qu’une partie des bénéfices soient redistribués aux salariés. Concrètement, il faut admettre un écart maximum entre le revenus le plus bas et celui le plus haut dans une entreprise quelconque. Admettons un écart de 30 000€, ce qui signifie que dans une entreprise, le salaire maximum du dirigeant serait de 30 000€ mensuel net si le salaire le plus bas de l’entreprise est le SMIC. Un salaire mensuel net de 30 000€ permet de vivre très confortablement, pour un entrepreneur ayant du talent, de l’intelligence, des idées novatrices…
L’entreprise effectue des bénéfices records (un des produits a un succès inattendu), le dirigeant souhaite augmenter son salaire au dessus de 30 000 € mensuel. Il lui suffit simplement d’augmenter le salaire le plus bas de ces salariés. Afin que l’écart entre le salaire le plus faible de l’entreprise et le salaire le plus haut soit toujours identique, c’est à dire 30 000€. Par exemple, l’employeur souhaite augmenter son salaire mensuel à 32 000€ (les bénéfices de son entreprise le lui permettent), il devra faire en sorte que ses employés en profite (ils participent également à la rentabilité de l’entreprise par leur travail). C’est à dire que le salaire mensuel le plus faible devra être égale 32 000€ moins l’EMR (30 000€) soit 2 000 € net mensuel. Puis l’entreprise a une passe difficile, les bénéfices diminuent. Donc l’employeur doit diminuer son salaire. Il aura également la possibilité de diminuer le revenus de ces employés en fonction de son salaire, pour toujours respecter l’EMR de 30 000€ entre le salaire le plus haut et le plus bas. Conclusion Cette solution permet aux entrepreneurs d’être motivés car ils ont la possibilité d’augmenter leur salaire mensuel. Elle est aussi flexible concernant le salaire des employés, car celui ci est désormais intimement lié aux bénéfices de l’entreprise. Et par la même occasion d’augmenter le pouvoir d’achat des citoyens français.
En effet, l’économie française va plutôt bien pour une minorité (voir l’article sur l’évolution du pouvoir d’achat), c’est juste un problème de répartition des gains. Le tout, sans modifier la durée hebdomadaire légale de travail (35 heures). D’un autre côté, les salariés de l’entreprise sont motivés dans leur travail, car ils ont la certitude qu’ils profiteront d’une partie des bénéfices effectuées par l’entreprise grâce à l’EMR.
Soumis par gilbert le dim, 06/12/2009
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Robert Hue a déclaré vouloir ramener à un rapport de 1 à 50 l'écart entre le salaire le plus bas et celui le plus élevé : "Quand on voit ce qu'on a fait pour les banques, il est anormal que l'on demande ensuite aux Français de se serrer la ceinture. Obama a raison d'avoir durci le ton même s'il s'est attiré les foudres des banques. Sarkozy est un conservateur et les plus modestes continueront de tirer la langue tandis que les plus riches bénéficient du bouclier fiscal".
http://www.dijonscope.com/003321-regionales-le-mup-en-ordre-de-bataille
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Hue
Le Mouvement Unitaire Progressiste de Robert Hue se positionne pour le revenu maximum.
« Si un État veut éviter (...) la désintégration civile (...), il ne faut pas permettre à la pauvreté et à la richesse extrêmes de se développer dans aucune partie du corps civil, parce que cela conduit au désastre. C'est pourquoi le législateur doit établir maintenant quelles sont les limites acceptables à la richesse et à la pauvreté. » Platon, Les Lois
Au cours de la conférence de presse annonçant la création du MUP, Robert Hue a présenté la réduction massive des inégalités de salaires comme l’une des trois réformes essentielles à lancer en urgence. Il avait déjà alerté le Premier ministre sur ce problème dans une lettre du 28 juillet 2009 et lui avait rappelé qu’il disposait de l’outil adéquat pour y remédier : l’impôt.
La crise économique et financière actuelle a eu le mérite de replacer dans la lumière les très hautes rémunérations. À la différence des scandales précédents (parachutes dorés de MM. Messier, Schweitzer, Zacharias…), le gouvernement a manifesté la volonté d’encadrer ces rétributions. La « taxe exceptionnelle sur les opérateurs de marché » entrera en vigueur en avril, mais ses effets resteront infimes, puisqu’elle ne concerne que les primes supérieures à 27500 euros distribuées dans les entreprises aidées par la puissance publique, et uniquement au titre de l’exercice 2009. Sur les 360 millions d’euros qu’elle rapportera selon Christine Lagarde, 270 alimenteront le fond de garantie des dépôts. L’État ne récupèrera, au final, que 90 millions, soit… 1,3 % des bénéfices réalisés par les quatre premières banques sur les neuf premiers mois de 2009. Le Medef a lui aussi inscrit des « recommandations sur la rémunération des dirigeants » dans son code d’éthique.
Ces mesures cosmétiques ont été adoptées au nom de la fameuse « moralisation » du capitalisme, pour tenter d’amadouer une opinion révoltée par le versement à certains employés du secteur financier de bonus du même ordre qu’avant la crise. Poudre aux yeux certes, mais que la possibilité de s’enrichir au-delà de toute mesure au nom de la sacro-sainte « liberté d’entreprendre » et de la récompense du risque ait été, ne serait-ce que très légèrement, remise en cause par ses thuriféraires habituels, est révélateur. Le malaise qu’a perçu le pouvoir ne fait que s’accroître. Les conseillers de Nicolas Sarkozy attribuent son décrochage dans les sondages de popularité à l’annonce de la taxe carbone, à laquelle a succédé celle de la fiscalisation des indemnités journalières d’accident du travail. Les citoyens sont prêts à faire des efforts, pourvu que ceux-ci soient équitablement répartis. Or ils se rendent bien compte que le fardeau pèse avant tout sur les classes populaires et moyennes. Désormais, ils n’attendent plus que seule une lutte contre les « abus » soit menée, mais aspirent à davantage de justice sociale.
Car ces vœux pieux ne s’attardent jamais sur le véritable enjeu de la limitation des hauts revenus : la réduction des inégalités. Depuis les années 70, la part des revenus du travail dans le PIB a perdu 12 %, directement transférés à ceux du capital. Et comme le rappelle justement une tribune publiée par des économistes dans l’Humanité du 11 avril 2009, « Entre 2000 et 2007, les profits des entreprises du CAC 40 ont progressé de 97 %, les dividendes qu’elles ont distribués ont augmenté de 255 % tandis que l’investissement reculait de 23 %… En 2007, les dirigeants des entreprises du CAC 40 ont gagné, en moyenne, 6,2 millions d’euros chacun. De 2000 à 2006, les revenus dits de “capitaux mobiliers” (dividendes d’actions, revenus d’obligations…) déclarés à l’impôt sur le revenu sont passés de 14,5 milliards d’euros à 18,8 milliards d’euros, soit une progression de 29,6 %. Les gains en plus-values ont également progressé de 68 % en quatre ans. Entre 1998 et 2005, selon les travaux de l’économiste Camille Landais, 0,1 % des foyers les plus riches ont vu leur revenu progresser de 32 %, alors que, pour 90 % des foyers, la progression globale n’était que de 4,6 %. »
Le déséquilibre est devenu insoutenable, non pas moralement comme certains aimeraient l’y circonscrire, mais, pour commencer, économiquement. L’accroissement formidable des très hauts revenus ces vingt dernières années, et corrélativement, la baisse du pouvoir d’achat de la majorité, ont nourri la spéculation financière et le surendettement, terreaux de la crise actuelle comme l’a rappelé le commissaire européen chargé de l’Emploi et des affaires sociales, Joaquin Almunia. Le système financier fonctionne en effet de telle manière qu’un dirigeant ou un trader qui prend des risques inconsidérés empoche une commission-jackpot en cas de succès, mais n’encourt qu’une faible sanction s’il manque son pari. C’est alors l’entreprise qui paie les pots cassés, ou le contribuable. Ces rétributions illimitées contribuent à déconnecter la prise de décisions financières de l’économie réelle.
Socialement ensuite, de tels écarts génèrent des tensions insolubles. Depuis plusieurs années déjà, la TVA fournit le plus gros volume des recettes fiscales. En 2008, il s’élevait à 131,7 milliards d’euros (50,6 % des recettes fiscales brutes de l’État), tandis que ceux de l’impôt sur le revenu et sur les sociétés ne représentaient que 51,2 et 15,6 milliards d’euros (respectivement 16,8 % et 4,5 % des recettes fiscales brutes). Le Budget de l’État repose donc bien avant tout sur les classes moyennes et populaires. Or comment justifier aux yeux du contribuable que son argent serve à remettre à flots un navire qu’il n’a en aucune façon contribué à faire sombrer ? Car c’est bien là la réalité des différents plans de relance : la majeure partie des citoyens paye pour une crise dont elle n’est pas responsable. Énième illustration d’un vieux principe du capitalisme : la privatisation des profits et la socialisation des pertes... Ce sauvetage sans condition est d’autant moins justifiable que d’autres secteurs, en particulier les services publics de la santé et de l’éducation, qui profitent à l’ensemble de la collectivité, sont systématiquement ponctionnés et leurs personnels réduits depuis huit ans. On pourrait multiplier les exemples. Quelle infime part du plan de sauvetage des banques aurait ainsi suffi à éviter la mort de 353 SDF l’année dernière ?
Force est de constater que la priorité ne réside toujours pas dans le mieux-vivre des habitants de ce pays, mais dans la marche subventionnée de son économie, laissée ensuite à elle-même pour le plus grand profit de quelques rentiers. C’est donc toute l’échelle des revenus (y compris patrimoniaux) qui doit être revue, en commençant par lui établir, de même qu’elle repose sur un plancher, un plafond. Aucune compétence, aucun talent, ne justifie d’être payé 1600 SMIC par an. Plus de cohésion sociale passe par une fourchette plus ramassée. Henry Ford lui-même, qu’on ne peut soupçonner de philanthropie, considérait qu’il ne devait pas gagner 40 fois plus que son ouvrier le moins payé. George Orwell, qui avait expérimenté l’égalité de salaire du soldat au général dans les milices républicaines espagnoles, préconisait un écart maximal de 1 à 10. Robert Hue s’est prononcé pour un rapport de 1 à 50.
Cette réévaluation des revenus présenterait de surcroît l’avantage de freiner l’hyperconsommation et de préparer le passage obligé à une société de la sobriété matérielle. Pour le moment par exemple, 5 % seulement des Français sont responsables de 50 % des émissions de gaz à effet de serre pollutions dues aux déplacements touristiques. Or les modes de vie des plus riches, constamment montrés en exemple par les medias et la publicité, produisent un effet de mimétisme. Gare à l’emballement…
Les modalités d’application et l’échelonnement de cette nouvelle hiérarchie des revenus doivent bien entendu être débattus. L’économiste Thomas Piketty estime ainsi illusoire de fixer un plafond aux salaires, compte tenu des multiples possibilités qui existeraient pour le contourner (sociétés écrans, rémunération de conseils…), et se prononce pour le rétablissement d’une réelle progressivité de l’impôt. Les États-Unis ont longtemps connu un taux d’imposition de 90 % pour les très hauts revenus à partir de 1941. Un taux marginal supérieur à 80 % permettrait de relever les minima sociaux et le salaire de base, qui ne saurait être inférieur à 2000 euros mensuels. Une politique fiscale plus juste est tout à fait possible. Elle existait encore il n’y a pas si longtemps, sans pour autant freiner l’économie. Et même Barack Obama a instauré une rémunération maximale pour les dirigeants des entreprises aidées par le Trésor américain.
Le combat pour l’instauration d’un revenu maximum pourrait enfin être l’occasion d’une refonte globale de l’impôt, fondement de la République. Les nouvelles recettes engrangées permettraient de réduire les impôts indirects, foncièrement injustes puisqu’ils pèsent indifféremment sur les bas et les hauts salaires. Leur part n’a cessé d’augmenter depuis les années 80, là où le taux d’imposition des sociétés est passé de 50 % en 1985 à 33,33 % aujourd’hui. Il n’est même que de 8 % pour les entreprises du CAC 40 en raison de leurs activités dans les paradis fiscaux, soit un manque à gagner de huit milliards d’euros pour l’État !
Cette revendication de justice sociale ne manquerait pas d’être populaire et constituerait une mesure-phare pour des listes d’union de la gauche lors de futures échéances électorales. Qui serait audible en prétendant avoir besoin de plus de 40, et même de 20000 euros par mois pour bien vivre ? Et comme le remarque Patrick Viveret, conseiller référendaire à la Cour des comptes, « le revenu est déjà plafonné pour l'immense majorité de la population. » Aux citoyens d’étendre ce régime à tous.
Théophile Hazebroucq
http://www.mouvementunitaire.fr/index.php?option=com_content&view=article&id=236:pour-linstauration-dun-revenu-maximum&catid=35:contributions&Itemid=55
Au cours de la conférence de presse annonçant la création du MUP, Robert Hue a présenté la réduction massive des inégalités de salaires comme l’une des trois réformes essentielles à lancer en urgence. Il avait déjà alerté le Premier ministre sur ce problème dans une lettre du 28 juillet 2009 et lui avait rappelé qu’il disposait de l’outil adéquat pour y remédier : l’impôt.
La crise économique et financière actuelle a eu le mérite de replacer dans la lumière les très hautes rémunérations. À la différence des scandales précédents (parachutes dorés de MM. Messier, Schweitzer, Zacharias…), le gouvernement a manifesté la volonté d’encadrer ces rétributions. La « taxe exceptionnelle sur les opérateurs de marché » entrera en vigueur en avril, mais ses effets resteront infimes, puisqu’elle ne concerne que les primes supérieures à 27500 euros distribuées dans les entreprises aidées par la puissance publique, et uniquement au titre de l’exercice 2009. Sur les 360 millions d’euros qu’elle rapportera selon Christine Lagarde, 270 alimenteront le fond de garantie des dépôts. L’État ne récupèrera, au final, que 90 millions, soit… 1,3 % des bénéfices réalisés par les quatre premières banques sur les neuf premiers mois de 2009. Le Medef a lui aussi inscrit des « recommandations sur la rémunération des dirigeants » dans son code d’éthique.
Ces mesures cosmétiques ont été adoptées au nom de la fameuse « moralisation » du capitalisme, pour tenter d’amadouer une opinion révoltée par le versement à certains employés du secteur financier de bonus du même ordre qu’avant la crise. Poudre aux yeux certes, mais que la possibilité de s’enrichir au-delà de toute mesure au nom de la sacro-sainte « liberté d’entreprendre » et de la récompense du risque ait été, ne serait-ce que très légèrement, remise en cause par ses thuriféraires habituels, est révélateur. Le malaise qu’a perçu le pouvoir ne fait que s’accroître. Les conseillers de Nicolas Sarkozy attribuent son décrochage dans les sondages de popularité à l’annonce de la taxe carbone, à laquelle a succédé celle de la fiscalisation des indemnités journalières d’accident du travail. Les citoyens sont prêts à faire des efforts, pourvu que ceux-ci soient équitablement répartis. Or ils se rendent bien compte que le fardeau pèse avant tout sur les classes populaires et moyennes. Désormais, ils n’attendent plus que seule une lutte contre les « abus » soit menée, mais aspirent à davantage de justice sociale.
Car ces vœux pieux ne s’attardent jamais sur le véritable enjeu de la limitation des hauts revenus : la réduction des inégalités. Depuis les années 70, la part des revenus du travail dans le PIB a perdu 12 %, directement transférés à ceux du capital. Et comme le rappelle justement une tribune publiée par des économistes dans l’Humanité du 11 avril 2009, « Entre 2000 et 2007, les profits des entreprises du CAC 40 ont progressé de 97 %, les dividendes qu’elles ont distribués ont augmenté de 255 % tandis que l’investissement reculait de 23 %… En 2007, les dirigeants des entreprises du CAC 40 ont gagné, en moyenne, 6,2 millions d’euros chacun. De 2000 à 2006, les revenus dits de “capitaux mobiliers” (dividendes d’actions, revenus d’obligations…) déclarés à l’impôt sur le revenu sont passés de 14,5 milliards d’euros à 18,8 milliards d’euros, soit une progression de 29,6 %. Les gains en plus-values ont également progressé de 68 % en quatre ans. Entre 1998 et 2005, selon les travaux de l’économiste Camille Landais, 0,1 % des foyers les plus riches ont vu leur revenu progresser de 32 %, alors que, pour 90 % des foyers, la progression globale n’était que de 4,6 %. »
Le déséquilibre est devenu insoutenable, non pas moralement comme certains aimeraient l’y circonscrire, mais, pour commencer, économiquement. L’accroissement formidable des très hauts revenus ces vingt dernières années, et corrélativement, la baisse du pouvoir d’achat de la majorité, ont nourri la spéculation financière et le surendettement, terreaux de la crise actuelle comme l’a rappelé le commissaire européen chargé de l’Emploi et des affaires sociales, Joaquin Almunia. Le système financier fonctionne en effet de telle manière qu’un dirigeant ou un trader qui prend des risques inconsidérés empoche une commission-jackpot en cas de succès, mais n’encourt qu’une faible sanction s’il manque son pari. C’est alors l’entreprise qui paie les pots cassés, ou le contribuable. Ces rétributions illimitées contribuent à déconnecter la prise de décisions financières de l’économie réelle.
Socialement ensuite, de tels écarts génèrent des tensions insolubles. Depuis plusieurs années déjà, la TVA fournit le plus gros volume des recettes fiscales. En 2008, il s’élevait à 131,7 milliards d’euros (50,6 % des recettes fiscales brutes de l’État), tandis que ceux de l’impôt sur le revenu et sur les sociétés ne représentaient que 51,2 et 15,6 milliards d’euros (respectivement 16,8 % et 4,5 % des recettes fiscales brutes). Le Budget de l’État repose donc bien avant tout sur les classes moyennes et populaires. Or comment justifier aux yeux du contribuable que son argent serve à remettre à flots un navire qu’il n’a en aucune façon contribué à faire sombrer ? Car c’est bien là la réalité des différents plans de relance : la majeure partie des citoyens paye pour une crise dont elle n’est pas responsable. Énième illustration d’un vieux principe du capitalisme : la privatisation des profits et la socialisation des pertes... Ce sauvetage sans condition est d’autant moins justifiable que d’autres secteurs, en particulier les services publics de la santé et de l’éducation, qui profitent à l’ensemble de la collectivité, sont systématiquement ponctionnés et leurs personnels réduits depuis huit ans. On pourrait multiplier les exemples. Quelle infime part du plan de sauvetage des banques aurait ainsi suffi à éviter la mort de 353 SDF l’année dernière ?
Force est de constater que la priorité ne réside toujours pas dans le mieux-vivre des habitants de ce pays, mais dans la marche subventionnée de son économie, laissée ensuite à elle-même pour le plus grand profit de quelques rentiers. C’est donc toute l’échelle des revenus (y compris patrimoniaux) qui doit être revue, en commençant par lui établir, de même qu’elle repose sur un plancher, un plafond. Aucune compétence, aucun talent, ne justifie d’être payé 1600 SMIC par an. Plus de cohésion sociale passe par une fourchette plus ramassée. Henry Ford lui-même, qu’on ne peut soupçonner de philanthropie, considérait qu’il ne devait pas gagner 40 fois plus que son ouvrier le moins payé. George Orwell, qui avait expérimenté l’égalité de salaire du soldat au général dans les milices républicaines espagnoles, préconisait un écart maximal de 1 à 10. Robert Hue s’est prononcé pour un rapport de 1 à 50.
Cette réévaluation des revenus présenterait de surcroît l’avantage de freiner l’hyperconsommation et de préparer le passage obligé à une société de la sobriété matérielle. Pour le moment par exemple, 5 % seulement des Français sont responsables de 50 % des émissions de gaz à effet de serre pollutions dues aux déplacements touristiques. Or les modes de vie des plus riches, constamment montrés en exemple par les medias et la publicité, produisent un effet de mimétisme. Gare à l’emballement…
Les modalités d’application et l’échelonnement de cette nouvelle hiérarchie des revenus doivent bien entendu être débattus. L’économiste Thomas Piketty estime ainsi illusoire de fixer un plafond aux salaires, compte tenu des multiples possibilités qui existeraient pour le contourner (sociétés écrans, rémunération de conseils…), et se prononce pour le rétablissement d’une réelle progressivité de l’impôt. Les États-Unis ont longtemps connu un taux d’imposition de 90 % pour les très hauts revenus à partir de 1941. Un taux marginal supérieur à 80 % permettrait de relever les minima sociaux et le salaire de base, qui ne saurait être inférieur à 2000 euros mensuels. Une politique fiscale plus juste est tout à fait possible. Elle existait encore il n’y a pas si longtemps, sans pour autant freiner l’économie. Et même Barack Obama a instauré une rémunération maximale pour les dirigeants des entreprises aidées par le Trésor américain.
Le combat pour l’instauration d’un revenu maximum pourrait enfin être l’occasion d’une refonte globale de l’impôt, fondement de la République. Les nouvelles recettes engrangées permettraient de réduire les impôts indirects, foncièrement injustes puisqu’ils pèsent indifféremment sur les bas et les hauts salaires. Leur part n’a cessé d’augmenter depuis les années 80, là où le taux d’imposition des sociétés est passé de 50 % en 1985 à 33,33 % aujourd’hui. Il n’est même que de 8 % pour les entreprises du CAC 40 en raison de leurs activités dans les paradis fiscaux, soit un manque à gagner de huit milliards d’euros pour l’État !
Cette revendication de justice sociale ne manquerait pas d’être populaire et constituerait une mesure-phare pour des listes d’union de la gauche lors de futures échéances électorales. Qui serait audible en prétendant avoir besoin de plus de 40, et même de 20000 euros par mois pour bien vivre ? Et comme le remarque Patrick Viveret, conseiller référendaire à la Cour des comptes, « le revenu est déjà plafonné pour l'immense majorité de la population. » Aux citoyens d’étendre ce régime à tous.
Théophile Hazebroucq
http://www.mouvementunitaire.fr/index.php?option=com_content&view=article&id=236:pour-linstauration-dun-revenu-maximum&catid=35:contributions&Itemid=55
Petite leçon de chose fort instructive de Jean Gadrey
Question politiquement incorrecte quand on est gouvernés par des riches, mais je la pose. Calculs et scénarios sur la base de chiffres officiels qui ont fait de gros progrès (merci au CNIS et à l’Insee), mais qui sous-estiment probablement encore un peu les revenus des très riches.
En 2007, en France, les 10 % les plus riches avaient un « niveau de vie » moyen de 50 778 euros par an et par « unité de consommation (uc) » ou « équivalent adulte isolé » (voir ci-dessous), soit 4231 euros par mois. Quant aux 10 % les plus pauvres, ils avaient en 2007 un niveau de vie par uc de 7698 euros, soit 641 euros par mois. DONC 6,6 FOIS MOINS. Source de ces chiffres
Parenthèse technique. Pour l’Insee, le niveau de vie d’une personne est égal au revenu disponible du ménage (après impôts directs) divisé par le nombre d’unités de consommation (uc). On attribue 1 uc au premier adulte du ménage, 0,5 uc aux autres personnes de 14 ans ou plus et 0,3 uc aux enfants de moins de 14 ans. Avec cette définition, toutes les personnes d’un ménage ont le même « niveau de vie ». En moyenne, on a en France 1,6 uc par ménage, avec des écarts (que j’ignore) selon les niveaux de vie. Les raisons pour lesquelles on adopte des conventions aussi abstraites tiennent, par exemple, au fait que deux personnes vivant en « ménage » sous le même toit, ont un niveau de vie supérieur à celui de deux personnes ayant les mêmes revenus mais vivant isolément. Fin de la parenthèse.
Décidons arbitrairement de prélever 10 % des revenus des 10 % les plus riches. En moyenne. Car on peut (et on doit) faire du progressif, mais peu importe ici. Il continueront à vivre très bien, merci. J’en fais partie, je sais. Cela fait un prélèvement de 423 euros par mois EN MOYENNE par uc (équivalent adulte).
Premier scénario. On transfère le tout aux 10 % du bas de l’échelle (le premier « décile »), là aussi en attribuant plus à ceux qui ont le moins. Ils voient progresser leur niveau de vie moyen de 66 %, ce qui change leur vie : ils passent en moyenne de 641 euros par uc, bien en dessous du seuil de pauvreté (908 euros pour une personne seule en 2007) à 1064 euros par uc.
Second scénario. On peut (et on doit), en conservant la progressivité, décider d’utiliser cette « redistribution solidaire des revenus » pour améliorer le sort des 20 % du bas de l’échelle, à raison par exemple de 2/3 de la somme prélevée pour le premier décile (soit 282 euros par uc et par mois), et 1/3 pour le second décile (dont le niveau de vie moyen était de 938 euros par uc et par mois). On améliore alors le niveau de vie du premier décile de 44 % (niveau de vie de 923 euros en moyenne à l’arrivée) et celui du second de 15 % (1079 euros en moyenne à l’arrivée).
Cet exercice hypothétique et abstrait – car il y a de nombreuses façons possibles de réaliser de tels transferts de revenus, en passant en partie par la réduction des inégalités de salaires et autres « revenus primaires », et en partie par de vrais impôts et prestations sociales - ne vaut que sur un point. Il prouve qu’en réduisant de façon modérée les hauts revenus, on pourrait ERADIQUER LA PAUVRETE MONETAIRE EN FRANCE et améliorer la situation matérielle de ceux qui sont un peu au dessus du seuil de pauvreté, sans toucher aux revenus de l’immense majorité, et sans invoquer le besoin de croissance. Le rapport entre les niveaux de vie moyens des déciles du haut et du bas passerait de 6,6 (4231/641) à 4,1 (3808/923) dans le second scénario, celui qui se propose d’améliorer le sort des 20 % du bas).
Si nos élites ne gravitaient pas, presque toutes, du côté des 10 % du haut, et assez souvent du côté des 1 % les plus fortunés et de leurs réseaux, il y a longtemps que cela aurait été envisagé. Qui plus est, ce serait excellent pour la fameuse « relance de la consommation ».
Au fait, combien représenterait au total cette « redistribution solidaire » aux effets sociaux immenses ?
Une ponction de 5 078 euros par an et par uc (équivalent adulte) en moyenne, pour environ 10 % d’un total de 41 millions d’uc, cela fait un peu plus de 20 milliards d’euros. Mais à combien se monte la perte annuelle de ressources fiscales liée aux réductions successives de l’impôt sur le revenu depuis 2000, sans même parler d’autres cadeaux ? Réponse : autour de 30 milliards d’euros, dont les deux tiers ont bénéficié exclusivement aux 10 % les plus riches. Les deux tiers de 30 milliards, c’est… 20 milliards ! Calculs à la louche, mais pas besoin de petite cuillère pour ces ordres de grandeur.
Ce « transfert solidaire » reviendrait donc à peu près à reprendre aux 10 % les plus riches les cadeaux fiscaux qu’on leur a offerts sur un plateau depuis dix ans.
- « Allo, la Gauche ? »
- « Tous nos opérateurs sont en ligne électorale, veuillez rappeler ultérieurement ».
Annexe
Revenu disponible = revenus d’activité, revenus du patrimoine et prestations sociales (y compris les retraites et les indemnités de chômage), nets des impôts directs (impôt sur le revenu, taxe d’habitation, CSG et CRDS).
http://alternatives-economiques.fr/blogs/gadrey/2010/01/11/si-on-prenait-un-peu-aux-riches-ca-ferait-combien-pour-les-pauvres/
En 2007, en France, les 10 % les plus riches avaient un « niveau de vie » moyen de 50 778 euros par an et par « unité de consommation (uc) » ou « équivalent adulte isolé » (voir ci-dessous), soit 4231 euros par mois. Quant aux 10 % les plus pauvres, ils avaient en 2007 un niveau de vie par uc de 7698 euros, soit 641 euros par mois. DONC 6,6 FOIS MOINS. Source de ces chiffres
Parenthèse technique. Pour l’Insee, le niveau de vie d’une personne est égal au revenu disponible du ménage (après impôts directs) divisé par le nombre d’unités de consommation (uc). On attribue 1 uc au premier adulte du ménage, 0,5 uc aux autres personnes de 14 ans ou plus et 0,3 uc aux enfants de moins de 14 ans. Avec cette définition, toutes les personnes d’un ménage ont le même « niveau de vie ». En moyenne, on a en France 1,6 uc par ménage, avec des écarts (que j’ignore) selon les niveaux de vie. Les raisons pour lesquelles on adopte des conventions aussi abstraites tiennent, par exemple, au fait que deux personnes vivant en « ménage » sous le même toit, ont un niveau de vie supérieur à celui de deux personnes ayant les mêmes revenus mais vivant isolément. Fin de la parenthèse.
Décidons arbitrairement de prélever 10 % des revenus des 10 % les plus riches. En moyenne. Car on peut (et on doit) faire du progressif, mais peu importe ici. Il continueront à vivre très bien, merci. J’en fais partie, je sais. Cela fait un prélèvement de 423 euros par mois EN MOYENNE par uc (équivalent adulte).
Premier scénario. On transfère le tout aux 10 % du bas de l’échelle (le premier « décile »), là aussi en attribuant plus à ceux qui ont le moins. Ils voient progresser leur niveau de vie moyen de 66 %, ce qui change leur vie : ils passent en moyenne de 641 euros par uc, bien en dessous du seuil de pauvreté (908 euros pour une personne seule en 2007) à 1064 euros par uc.
Second scénario. On peut (et on doit), en conservant la progressivité, décider d’utiliser cette « redistribution solidaire des revenus » pour améliorer le sort des 20 % du bas de l’échelle, à raison par exemple de 2/3 de la somme prélevée pour le premier décile (soit 282 euros par uc et par mois), et 1/3 pour le second décile (dont le niveau de vie moyen était de 938 euros par uc et par mois). On améliore alors le niveau de vie du premier décile de 44 % (niveau de vie de 923 euros en moyenne à l’arrivée) et celui du second de 15 % (1079 euros en moyenne à l’arrivée).
Cet exercice hypothétique et abstrait – car il y a de nombreuses façons possibles de réaliser de tels transferts de revenus, en passant en partie par la réduction des inégalités de salaires et autres « revenus primaires », et en partie par de vrais impôts et prestations sociales - ne vaut que sur un point. Il prouve qu’en réduisant de façon modérée les hauts revenus, on pourrait ERADIQUER LA PAUVRETE MONETAIRE EN FRANCE et améliorer la situation matérielle de ceux qui sont un peu au dessus du seuil de pauvreté, sans toucher aux revenus de l’immense majorité, et sans invoquer le besoin de croissance. Le rapport entre les niveaux de vie moyens des déciles du haut et du bas passerait de 6,6 (4231/641) à 4,1 (3808/923) dans le second scénario, celui qui se propose d’améliorer le sort des 20 % du bas).
Si nos élites ne gravitaient pas, presque toutes, du côté des 10 % du haut, et assez souvent du côté des 1 % les plus fortunés et de leurs réseaux, il y a longtemps que cela aurait été envisagé. Qui plus est, ce serait excellent pour la fameuse « relance de la consommation ».
Au fait, combien représenterait au total cette « redistribution solidaire » aux effets sociaux immenses ?
Une ponction de 5 078 euros par an et par uc (équivalent adulte) en moyenne, pour environ 10 % d’un total de 41 millions d’uc, cela fait un peu plus de 20 milliards d’euros. Mais à combien se monte la perte annuelle de ressources fiscales liée aux réductions successives de l’impôt sur le revenu depuis 2000, sans même parler d’autres cadeaux ? Réponse : autour de 30 milliards d’euros, dont les deux tiers ont bénéficié exclusivement aux 10 % les plus riches. Les deux tiers de 30 milliards, c’est… 20 milliards ! Calculs à la louche, mais pas besoin de petite cuillère pour ces ordres de grandeur.
Ce « transfert solidaire » reviendrait donc à peu près à reprendre aux 10 % les plus riches les cadeaux fiscaux qu’on leur a offerts sur un plateau depuis dix ans.
- « Allo, la Gauche ? »
- « Tous nos opérateurs sont en ligne électorale, veuillez rappeler ultérieurement ».
Annexe
Revenu disponible = revenus d’activité, revenus du patrimoine et prestations sociales (y compris les retraites et les indemnités de chômage), nets des impôts directs (impôt sur le revenu, taxe d’habitation, CSG et CRDS).
http://alternatives-economiques.fr/blogs/gadrey/2010/01/11/si-on-prenait-un-peu-aux-riches-ca-ferait-combien-pour-les-pauvres/
Sur le site des Alternatifs, un article et un dossier complet sur le revenu universel
Depuis le milieu des années 1990, le débat sur l’instauration d’un revenu universel (dénommé aussi allocation universelle ou revenu inconditionnel) a ressurgi au sein de certains courants politiques porteurs d’un projet de transformation sociale (notamment chez les Verts et dans la mouvance alternative).
L’expérimentation du Revenu de Solidarité Active proposé par Martin Hirsch aurait pu être l’occasion d’un débat public sur le revenu universel, mais ce n’a pas été le cas, car aucun mouvement politique n’est vraiment porteur d’un tel projet, qui, à gauche, semble pour beaucoup totalement irréaliste, voire néfaste.
L’objet n’est pas ici de faire un état exhaustif de cette question, ni de la resituer dans une perspective historique ou dans un contexte théorique, mais de synthétiser les principaux arguments échangés entre les partisans et les adversaires du revenu universel et de fournir quelques références bibliographiques, afin d’amorcer un débat sur le sujet au sein des Alternatifs, permettant d’éclairer une prise de position.
Il convient tout d’abord de ne pas s’enfermer dans de faux débats. Pour nombre de ses détracteurs, le revenu universel serait frappé d’un mal originel, car il a été défendu par certains économistes ultra-libéraux (tels que Milton Friedman) et promu en France par Christine Boutin, puis mis en place dans une version atténuée (comme allocation complémentaire et non universelle) sous forme d’impôt négatif (prime pour l’emploi), avant d’aboutir à l’actuel Revenu de Solidarité Active (RSA).
Dans ces versions édulcorées, le revenu proposé n’a rien d’universel et il se situe généralement à un niveau inférieur au seuil de pauvreté. Le débat qui nous intéresse ici concerne la proposition d’un revenu uniforme (et non complémentaire ou dégressif), qui serait versé à tout citoyen, quelle que soit sa situation d’activité, de revenu ou de patrimoine, et dont le montant se situerait à un niveau au moins égal au seuil de pauvreté (environ 880 euros mensuels en 2006 pour une personne seule, selon l’Insee).
Pour les partisans du revenu universel, sa mise en place se justifie par les arguments suivants :
* réduction des inégalités sociales (mesure de justice sociale),
* éradication de la pauvreté (si son montant est fixé à un niveau suffisant),
* suppression de la « trappe à chômage » (puisqu’un tel revenu serait cumulable intégralement avec un revenu d’activité),
* moyen de combattre la stigmatisation des bénéficiaires de minima sociaux (puisqu’un tel revenu serait versé à tous, sans distinction),
* déconnection du revenu et de l’activité (prélude à l’émergence d’une société « sans travail », favorisant le développement d’activités personnelles non lucratives).
Les adversaires du revenu universel, outre des oppositions de principe, mettent en général en avant comme argument principal celui de son financement, compte tenu du coût d’une telle mesure (entre 20 et 30 % du PIB selon son montant), qui semble hors de portée, même en recyclant une partie des prestations sociales actuelles, auxquelles il se substituerait. Certains observent que le revenu universel pourrait enclancher un mécanisme de pression à la baisse des salaires (par le biais éventuel d’une suppression ou d’une réduction concomittante du SMIC) et d’augmentation de la précarisation. Par ailleurs, il apparaîtrait comme s’inscrivant parfaitement dans une logique capitaliste de renforcement du règne de la marchandise et d’individualisation de la consommation, au détrimens des services collectifs et de la gratuité.
Parmi les questions sur lesquelles se focalise le débat, on peut citer :
* le revenu universel est-il compatible avec le système capitaliste, est-il un objectif immédiat, de transition pour la transformation sociale ou un but ultime ? Une partie de la réponse se trouve certainement dans le niveau monétaire assigné à ce revenu. Un faible niveau est parfaitement compatible avec le système capitaliste (et déjà pratiqué en Alaska, par exemple, où il est financé par le recyclage d’une partie de la rente pétrolière). Un niveau plus élevé porte certainement en lui les germes de la rupture avec le système.
* comment le revenu universel peut-il se concilier avec une démarche altermondialiste (ou internationaliste) ? En effet, il ne peut s’agir que d’un revenu versé dans un espace politique donné, sous condition d’appartenance à cet espace politique (citoyenneté). Quel est l’espace politique pertinent pour un tel revenu (Etat, Europe,…) ?
* le revenu universel va-t-il générer des mécanismes de pression à la baisse des salaires et de précarisation du travail, dans la mesure ou une partie du coût de reproduction de la force de travail sera socialisée. Comment contrecarrer ces mécanismes ?
* comment le revenu universel doit-il être financé ? Pour ses partisans, outre le fait qu’il se substitue à des allocations existantes déjà financées (RMI, ASS, API), sa mise en place doit aller de pair avec réforme profonde de la fiscalité directe et notamment de l’impôt sur le revenu et les sociétés, voire être combiné avec l’instauration d’un revenu maximum autorisé par la création d’un taux marginal d’imposition à 100 % (le « bazooka » fiscal…).
* le revenu universel doit-il se substituer à toutes les autres allocations et revenus socialisés ou est-il compatible avec le maintien de certaines allocations complémentaires (adultes handicapés ou allocations chômage, par exemple) ?
* le revenu universel doit-il se substituer aux allocations familiales, doit-il être versé pour les enfants et son niveau doit-il être ou non réduit pour les mineurs de moins de 18 ans ?
* et, bien entendu, quelles sont les forces sociales et politiques porteuses de ce projet et comment construire un rapport de forces autour de cet objectif ?
Bibliographie
ATTAC, Le revenu d’existence, Attac Paris 8-16-17-18, non daté
FERRY Jean-Marc, Revenu de citoyenneté, droit au travail, intégration sociale, Revue du Mauss, n° 7, 1996
HUSSON Michel, Fin du travail et revenu universel, Critique communiste, n° 176, juillet 2005
PAG69, Le revenu inconditionnel, 2007
VANDERBORGHT Yannick & VAN PARIJS Philippe, L’allocation universelle, La Découverte, Collection Repères, 2005
Le dossier sur : http://www.alternatifs.org/spip/quelques-elements-en-vue-d-un
L’expérimentation du Revenu de Solidarité Active proposé par Martin Hirsch aurait pu être l’occasion d’un débat public sur le revenu universel, mais ce n’a pas été le cas, car aucun mouvement politique n’est vraiment porteur d’un tel projet, qui, à gauche, semble pour beaucoup totalement irréaliste, voire néfaste.
L’objet n’est pas ici de faire un état exhaustif de cette question, ni de la resituer dans une perspective historique ou dans un contexte théorique, mais de synthétiser les principaux arguments échangés entre les partisans et les adversaires du revenu universel et de fournir quelques références bibliographiques, afin d’amorcer un débat sur le sujet au sein des Alternatifs, permettant d’éclairer une prise de position.
Il convient tout d’abord de ne pas s’enfermer dans de faux débats. Pour nombre de ses détracteurs, le revenu universel serait frappé d’un mal originel, car il a été défendu par certains économistes ultra-libéraux (tels que Milton Friedman) et promu en France par Christine Boutin, puis mis en place dans une version atténuée (comme allocation complémentaire et non universelle) sous forme d’impôt négatif (prime pour l’emploi), avant d’aboutir à l’actuel Revenu de Solidarité Active (RSA).
Dans ces versions édulcorées, le revenu proposé n’a rien d’universel et il se situe généralement à un niveau inférieur au seuil de pauvreté. Le débat qui nous intéresse ici concerne la proposition d’un revenu uniforme (et non complémentaire ou dégressif), qui serait versé à tout citoyen, quelle que soit sa situation d’activité, de revenu ou de patrimoine, et dont le montant se situerait à un niveau au moins égal au seuil de pauvreté (environ 880 euros mensuels en 2006 pour une personne seule, selon l’Insee).
Pour les partisans du revenu universel, sa mise en place se justifie par les arguments suivants :
* réduction des inégalités sociales (mesure de justice sociale),
* éradication de la pauvreté (si son montant est fixé à un niveau suffisant),
* suppression de la « trappe à chômage » (puisqu’un tel revenu serait cumulable intégralement avec un revenu d’activité),
* moyen de combattre la stigmatisation des bénéficiaires de minima sociaux (puisqu’un tel revenu serait versé à tous, sans distinction),
* déconnection du revenu et de l’activité (prélude à l’émergence d’une société « sans travail », favorisant le développement d’activités personnelles non lucratives).
Les adversaires du revenu universel, outre des oppositions de principe, mettent en général en avant comme argument principal celui de son financement, compte tenu du coût d’une telle mesure (entre 20 et 30 % du PIB selon son montant), qui semble hors de portée, même en recyclant une partie des prestations sociales actuelles, auxquelles il se substituerait. Certains observent que le revenu universel pourrait enclancher un mécanisme de pression à la baisse des salaires (par le biais éventuel d’une suppression ou d’une réduction concomittante du SMIC) et d’augmentation de la précarisation. Par ailleurs, il apparaîtrait comme s’inscrivant parfaitement dans une logique capitaliste de renforcement du règne de la marchandise et d’individualisation de la consommation, au détrimens des services collectifs et de la gratuité.
Parmi les questions sur lesquelles se focalise le débat, on peut citer :
* le revenu universel est-il compatible avec le système capitaliste, est-il un objectif immédiat, de transition pour la transformation sociale ou un but ultime ? Une partie de la réponse se trouve certainement dans le niveau monétaire assigné à ce revenu. Un faible niveau est parfaitement compatible avec le système capitaliste (et déjà pratiqué en Alaska, par exemple, où il est financé par le recyclage d’une partie de la rente pétrolière). Un niveau plus élevé porte certainement en lui les germes de la rupture avec le système.
* comment le revenu universel peut-il se concilier avec une démarche altermondialiste (ou internationaliste) ? En effet, il ne peut s’agir que d’un revenu versé dans un espace politique donné, sous condition d’appartenance à cet espace politique (citoyenneté). Quel est l’espace politique pertinent pour un tel revenu (Etat, Europe,…) ?
* le revenu universel va-t-il générer des mécanismes de pression à la baisse des salaires et de précarisation du travail, dans la mesure ou une partie du coût de reproduction de la force de travail sera socialisée. Comment contrecarrer ces mécanismes ?
* comment le revenu universel doit-il être financé ? Pour ses partisans, outre le fait qu’il se substitue à des allocations existantes déjà financées (RMI, ASS, API), sa mise en place doit aller de pair avec réforme profonde de la fiscalité directe et notamment de l’impôt sur le revenu et les sociétés, voire être combiné avec l’instauration d’un revenu maximum autorisé par la création d’un taux marginal d’imposition à 100 % (le « bazooka » fiscal…).
* le revenu universel doit-il se substituer à toutes les autres allocations et revenus socialisés ou est-il compatible avec le maintien de certaines allocations complémentaires (adultes handicapés ou allocations chômage, par exemple) ?
* le revenu universel doit-il se substituer aux allocations familiales, doit-il être versé pour les enfants et son niveau doit-il être ou non réduit pour les mineurs de moins de 18 ans ?
* et, bien entendu, quelles sont les forces sociales et politiques porteuses de ce projet et comment construire un rapport de forces autour de cet objectif ?
Bibliographie
ATTAC, Le revenu d’existence, Attac Paris 8-16-17-18, non daté
FERRY Jean-Marc, Revenu de citoyenneté, droit au travail, intégration sociale, Revue du Mauss, n° 7, 1996
HUSSON Michel, Fin du travail et revenu universel, Critique communiste, n° 176, juillet 2005
PAG69, Le revenu inconditionnel, 2007
VANDERBORGHT Yannick & VAN PARIJS Philippe, L’allocation universelle, La Découverte, Collection Repères, 2005
Le dossier sur : http://www.alternatifs.org/spip/quelques-elements-en-vue-d-un
Comment relever le défi des inégalités ?
La répartition des revenus figure en amont et en aval de la crise actuelle du capitalisme. En amont parce que le mode d’accumulation financière qui a prévalu depuis trente ans a imposé une modification de la répartition de la valeur ajoutée en faveur du capital et aux dépens du travail. Il en a résulté un formidable accroissement des inégalités, aussi bien au Nord qu’au Sud et entre le Nord et le Sud. La détérioration de la condition salariale (salaires déconnectés de la productivité, protection sociale rabougrie, droit du travail élimé…), sur laquelle ont vogué les dividendes et tous les revenus financiers, de même que les plus-values boursières, a fini par déboucher sur une incapacité du système à écouler les marchandises produites, que n’a pas réussi à compenser l’endettement des pauvres.
En aval de la crise aussi, car à la violence de la répartition des fruits de l’économie en situation favorable a succédé la violence due à la recrudescence du chômage et de la grande pauvreté en période de récession.
Puisque la répartition inégalitaire des revenus est cause et conséquence du délabrement de la société, tout programme de transformation sociale doit prendre ce problème à bras-le-corps. Et cela par les deux bouts : le haut et le bas de l’échelle des revenus.
Le haut ne devrait même plus être controversé. Les revenus faramineux empochés par les actionnaires, managers, banquiers, traders… sont indécents et n’ont aucune justification économique. Il faut les prendre comme symptomatiques de la logique d’un système et non comme des cibles individuelles. Dès lors la proposition d’un revenu maximal est légitime. Dans une fourchette à débattre démocratiquement mais, déjà, l’idée d’un écart maximal de 1 à 5 permet de lancer la discussion politique. Une réforme en profondeur de la fiscalité doit accompagner la fixation d’un tel éventail, car, au-delà du seuil fixé, l’impôt prend tout, plus précisément socialise tout.
À l’autre bout de l’échelle, deux mesures sont possibles. L’une, indiscutable, porte sur la revalorisation importante et immédiate de tous les minima sociaux. L’autre porte sur la définition à moyen terme d’un revenu garanti à tout individu, quelle que soit sa situation, dans ou hors de l’emploi. Cette dernière fait l’objet de discussions au sein des mouvements sociaux, car plusieurs points méritent clarification. Le premier concerne la légitimité d’un revenu inconditionnel. Elle est d’ordre politique et éthique, mais elle est entachée de considérations économiques fausses, telles que le revenu d’existence serait la reconnaissance du fait que « nous héritons tous de la civilisation ». Or aucun revenu n’est tiré d’un stock, tout revenu est un flux engendré par le travail social. Ce qui pose un deuxième problème, celui de la validation sociale d’un revenu versé au titre d’une activité autonome de l’individu. Et qui débouche sur un troisième : la répartition du travail collectif à accomplir pour satisfaire nos besoins : travailler tous mais moins.
Ainsi, la question de la répartition des revenus est liée aux rapports sociaux, ce qui, en ces temps de crise, signifie deux choses. Remettre en cause les rapports de production capitalistes dont dépend la répartition des revenus. Et remettre en cause la production elle-même, à la source de tout revenu, car on ne peut plus produire n’importe quoi, au regard de la crise écologique. Derrière la répartition, il y a les finalités du travail.
Jean-Marie Harribey est maître de conférence à l'université Bordeaux-IV
L'Humanité, le 9 janvier 2010
http://www.humanite.fr/2010-01-09_L-Humanite-des-debats_Inegalites-Sous-les-revenus-le-travail
En aval de la crise aussi, car à la violence de la répartition des fruits de l’économie en situation favorable a succédé la violence due à la recrudescence du chômage et de la grande pauvreté en période de récession.
Puisque la répartition inégalitaire des revenus est cause et conséquence du délabrement de la société, tout programme de transformation sociale doit prendre ce problème à bras-le-corps. Et cela par les deux bouts : le haut et le bas de l’échelle des revenus.
Le haut ne devrait même plus être controversé. Les revenus faramineux empochés par les actionnaires, managers, banquiers, traders… sont indécents et n’ont aucune justification économique. Il faut les prendre comme symptomatiques de la logique d’un système et non comme des cibles individuelles. Dès lors la proposition d’un revenu maximal est légitime. Dans une fourchette à débattre démocratiquement mais, déjà, l’idée d’un écart maximal de 1 à 5 permet de lancer la discussion politique. Une réforme en profondeur de la fiscalité doit accompagner la fixation d’un tel éventail, car, au-delà du seuil fixé, l’impôt prend tout, plus précisément socialise tout.
À l’autre bout de l’échelle, deux mesures sont possibles. L’une, indiscutable, porte sur la revalorisation importante et immédiate de tous les minima sociaux. L’autre porte sur la définition à moyen terme d’un revenu garanti à tout individu, quelle que soit sa situation, dans ou hors de l’emploi. Cette dernière fait l’objet de discussions au sein des mouvements sociaux, car plusieurs points méritent clarification. Le premier concerne la légitimité d’un revenu inconditionnel. Elle est d’ordre politique et éthique, mais elle est entachée de considérations économiques fausses, telles que le revenu d’existence serait la reconnaissance du fait que « nous héritons tous de la civilisation ». Or aucun revenu n’est tiré d’un stock, tout revenu est un flux engendré par le travail social. Ce qui pose un deuxième problème, celui de la validation sociale d’un revenu versé au titre d’une activité autonome de l’individu. Et qui débouche sur un troisième : la répartition du travail collectif à accomplir pour satisfaire nos besoins : travailler tous mais moins.
Ainsi, la question de la répartition des revenus est liée aux rapports sociaux, ce qui, en ces temps de crise, signifie deux choses. Remettre en cause les rapports de production capitalistes dont dépend la répartition des revenus. Et remettre en cause la production elle-même, à la source de tout revenu, car on ne peut plus produire n’importe quoi, au regard de la crise écologique. Derrière la répartition, il y a les finalités du travail.
Jean-Marie Harribey est maître de conférence à l'université Bordeaux-IV
L'Humanité, le 9 janvier 2010
http://www.humanite.fr/2010-01-09_L-Humanite-des-debats_Inegalites-Sous-les-revenus-le-travail
Les plus riches du Nord ont une responsabilité dans les désordres écologiques qui va bien au-delà de l'impact direct de leurs gaspillages sur l'environnement. En effet leur mode de vie sert de modèle et de but à atteindre pour toute la planète.
"Le mode de vie américain n’est pas négociable", assénait il y a près de vingt ans George Bush père, pour refuser de s’engager à limiter les émissions de gaz à effet de serre des Etats-Unis. Et ce mode de vie a servi de modèle au monde entier tout au long du XXe siècle. Mais aujourd’hui il est tout simplement incompatible avec les grands équilibres écologiques de la planète. Ce qui complique terriblement les choses pour en changer, c’est l’ampleur des inégalités qui se sont creusées depuis trente ans : la consommation de plus en plus purement ostentatoire des riches des pays riches continue en effet à entraîner la planète tout entière dans la dynamique du toujours plus de gaspillage. Pour pouvoir combattre efficacement le changement climatique et les autres menaces écologiques, il faut donc limiter drastiquement les inégalités.
En théorie, chacun des 6,5 milliards d’habitants de la Terre dispose d’un hectare et demi de ce qu’on appelle "l’empreinte écologique", c’est-à-dire la surface au sol nécessaire pour satisfaire ses besoins de base sans puiser dans les ressources non renouvelables de la planète. Mais, d’après les calculs, cette empreinte soutenable a déjà été dépassée depuis les années 1970, puisque chaque humain "consomme" en moyenne actuellement 2,7 hectares. Cette moyenne, déjà excessive, cache en plus de fortes disparités. Avec cinq hectares, un Européen consomme le double de cette moyenne. Mais il apparaît presque sobre par rapport à un habitant des Etats-Unis (9,5 ha) ou des Emirats arabes unis (9,6 ha).
Un exemple à ne pas suivre
Et ces moyennes nationales masquent elles-mêmes des disparités importantes. Les ménages les plus riches des pays riches sont en effet de très loin ceux qui consomment le plus, et donc ceux qui polluent le plus : des vacances à Bali sont plus énergivores que celles à la campagne, chauffer une maison de 200 m2 nécessite en moyenne plus d’énergie qu’un petit appartement, etc. Sans même parler de la consommation d’eau des parcours de golf d’un vert éclatant au mois d’août, ni des yachts, des jets privés et des hélicoptères dilapidateurs de carburant... Ces intuitions sont confirmées par les données publiées par l’Insee : les 10% des ménages les plus riches dépensent environ 2 000 euros par an en France pour l’énergie, contre 800 euros par an pour les plus bas revenus. De même pour la facture transports : les 10% les plus riches dépensent plus de 7 000 euros par an, contre moins de 2 000 pour les 10% les plus pauvres.
Est-ce si grave ? Les riches des pays riches ne constituent-ils pas finalement une goutte d’eau certes très visible, mais en réalité quantitativement insignifiante à l’échelle de la planète ? 793 personnes sur Terre possèdent plus d’un milliard de dollars et accumulent à elles seules 2 400 milliards de patrimoine en 2009 (classement Forbes). Néanmoins, le gros bataillon des riches est constitué de millionnaires, et rien qu’en Chine, on en compterait 450 000 cette année, selon le Boston Consulting Groupe. Mais la contribution la plus nocive des plus riches à la crise écologique tient surtout à leur fonction d’exemple et de modèle à suivre pour le reste de l’humanité.
Le journaliste Hervé Kempf, auteur de l’essai Comment les riches détruisent la planète (2007), a remis au goût du jour une idée développée au XIXe siècle par l’économiste américain Thorstein Veblen : pour l’auteur de Théorie de la classe de loisirs, la consommation dans les sociétés modernes sert davantage à se distinguer du commun des mortels qu’à assouvir de réels besoins physiologiques. Et cela suscite nécessairement l’envie et le vœu d’imitation dans une société humaine basée depuis les origines sur le mimétisme. La volonté des couches populaires des pays riches mais de plus en plus aussi, à l’heure de la mondialisation, de l’énorme masse des pauvres des pays pauvres, d’accéder au même standard de consommation que les plus riches, entraîne l’humanité dans une course sans fin qui est la cause de la surexploitation des ressources. Deux exemples illustrent cette fuite en avant : la viande et l’automobile.
En théorie, chacun des 6,5 milliards d’habitants de la Terre dispose d’un hectare et demi de ce qu’on appelle "l’empreinte écologique", c’est-à-dire la surface au sol nécessaire pour satisfaire ses besoins de base sans puiser dans les ressources non renouvelables de la planète. Mais, d’après les calculs, cette empreinte soutenable a déjà été dépassée depuis les années 1970, puisque chaque humain "consomme" en moyenne actuellement 2,7 hectares. Cette moyenne, déjà excessive, cache en plus de fortes disparités. Avec cinq hectares, un Européen consomme le double de cette moyenne. Mais il apparaît presque sobre par rapport à un habitant des Etats-Unis (9,5 ha) ou des Emirats arabes unis (9,6 ha).
Un exemple à ne pas suivre
Et ces moyennes nationales masquent elles-mêmes des disparités importantes. Les ménages les plus riches des pays riches sont en effet de très loin ceux qui consomment le plus, et donc ceux qui polluent le plus : des vacances à Bali sont plus énergivores que celles à la campagne, chauffer une maison de 200 m2 nécessite en moyenne plus d’énergie qu’un petit appartement, etc. Sans même parler de la consommation d’eau des parcours de golf d’un vert éclatant au mois d’août, ni des yachts, des jets privés et des hélicoptères dilapidateurs de carburant... Ces intuitions sont confirmées par les données publiées par l’Insee : les 10% des ménages les plus riches dépensent environ 2 000 euros par an en France pour l’énergie, contre 800 euros par an pour les plus bas revenus. De même pour la facture transports : les 10% les plus riches dépensent plus de 7 000 euros par an, contre moins de 2 000 pour les 10% les plus pauvres.
Est-ce si grave ? Les riches des pays riches ne constituent-ils pas finalement une goutte d’eau certes très visible, mais en réalité quantitativement insignifiante à l’échelle de la planète ? 793 personnes sur Terre possèdent plus d’un milliard de dollars et accumulent à elles seules 2 400 milliards de patrimoine en 2009 (classement Forbes). Néanmoins, le gros bataillon des riches est constitué de millionnaires, et rien qu’en Chine, on en compterait 450 000 cette année, selon le Boston Consulting Groupe. Mais la contribution la plus nocive des plus riches à la crise écologique tient surtout à leur fonction d’exemple et de modèle à suivre pour le reste de l’humanité.
Le journaliste Hervé Kempf, auteur de l’essai Comment les riches détruisent la planète (2007), a remis au goût du jour une idée développée au XIXe siècle par l’économiste américain Thorstein Veblen : pour l’auteur de Théorie de la classe de loisirs, la consommation dans les sociétés modernes sert davantage à se distinguer du commun des mortels qu’à assouvir de réels besoins physiologiques. Et cela suscite nécessairement l’envie et le vœu d’imitation dans une société humaine basée depuis les origines sur le mimétisme. La volonté des couches populaires des pays riches mais de plus en plus aussi, à l’heure de la mondialisation, de l’énorme masse des pauvres des pays pauvres, d’accéder au même standard de consommation que les plus riches, entraîne l’humanité dans une course sans fin qui est la cause de la surexploitation des ressources. Deux exemples illustrent cette fuite en avant : la viande et l’automobile.
Evolution de l’empreinte écologique, en hectares globaux par habitant
Consommation ostentatoire
Sur la base du régime alimentaire des nobles (qui se réservaient le droit de chasse) et des rois, la consommation quotidienne (voire biquotidienne) de viande est devenue (et reste) synonyme de progrès. Bien qu'il soit solidement établi qu'un tel régime est excessif et dommageable pour la santé (surpoids, maladies cardiovasculaires). Or, la surconsommation de viande est une source majeure d'émissions de gaz à effet de serre, d'épuisement des sols, voire de difficultés alimentaires pour les plus pauvres du fait de l'utilisation de terres agricoles à cette fin. Il faut en effet cultiver du fourrage pour nourrir le bétail et consommer sept protéines végétales pour produire in fine une protéine animale. La consommation de poisson suit la même pente: 21,7 kg par personne en 2005, contre 7,3 en 1950, selon le Earth Policy Institute. Avec comme conséquence l'épuisement des mers.
Symbole des Trente Glorieuses, l'usage de la voiture individuelle s'est généralisé dans les pays riches. Et cela sans aucune rationalité économique puisque la plupart des véhicules restent pendant 90% du temps à l'arrêt le long d'un trottoir qu'ils encombrent ou dans un garage. Sans parler de la mode des 4X4 en ville, qui montre bien la dimension de plus en plus ostentatoire de l'automobile. Mais le pire est encore à venir en matière de gaspillage de ressources non renouvelables et d'émissions de gaz à effet de serre, si les Chinois et les Indiens cherchent à faire de même.
Avec déjà plus de 10 millions de voitures vendues chaque année, le taux de croissance du marché chinois est déjà dantesque. Au point qu'on devrait dépasser la barre du milliard de véhicules sur Terre en 2010, soit dix fois plus qu'en 1956. Et il y a de la marge: alors que les Etats-Unis comptent 80 voitures pour 100 habitants, ce chiffre n'est encore que de... 3 en Chine. Et 85 Terriens sur 100 n'ont pas (encore) de voiture. Certes, tout cela ne relève pas uniquement de caprices des superriches. Se déplacer rapidement et se nourrir avec plaisir ne peuvent pas être confondus avec le tourisme spatial de quelques milliardaires en manque de sensations fortes. Mais la diffusion d'un tel mode de consommation est insoutenable.
Il faut un revenu maximal...
Pour mettre un frein à la course ostentatoire à l'accumulation matérielle, les revenus doivent être plafonnés. En 1942, le président Franklin Roosevelt, confronté aux suites de la crise de 1929 et au besoin de répartir l'effort de guerre, n'avait pas hésité à instaurer une tranche marginale d'imposition de 92 % sur les revenus des Américains. Jusqu'aux politiques en sens inverse menées par le président Ronald Reagan dans les années 1980, les inégalités en avaient été drastiquement diminuées aux Etats-Unis.
Aujourd'hui, ce n'est pas l'effort de guerre qu'il faut répartir, mais celui de la lutte contre le changement climatique. Sans une telle limitation de l'appétit des plus riches, il est difficile de convaincre les moins aisés de changer leurs modes de production et de consommation. Le raisonnement, valable au niveau individuel, est transposable au niveau des négociations climatiques internationales. Le refus américain de ratifier le protocole de Kyoto a fourni un prétexte aux pays émergents pour ne pas s'engager sur la voie d'engagements contraignants...
Combattre les inégalités
Reste donc à imaginer des manières de sortir de la pauvreté sans continuer à chercher à reproduire les excès des plus riches des pays riches. Si leur mode de vie actuel reste l'objectif à atteindre pour le reste de la planète, il sera impossible en effet d'éviter le krach écologique. Pour changer d'objectif et obtenir que des modes de vie plus sobres deviennent aussi désirables que celui des people dont le train de vie luxueux s'étale dans les magazines, il faut donc en priorité amener les plus riches des pays riches à modifier leurs comportements. C'est la raison pour laquelle le combat contre les inégalités et la dérive vers des revenus individuels fabuleusement élevés pour une petite minorité, tolérée, voire encouragée, depuis trente ans, est au coeur du combat pour un mode de développement écologiquement soutenable...
Guillaume Duval, Manuel Domergue
Alternatives Économiques - Hors-série n°83 - Décembre 2009
http://www.alternatives-economiques.fr/la-lutte-contre-les-inegalites-est-au-coeur-du-sujet_fr_art_888_46870.html[
A pay ceiling would be good for both business and social cohesion
Someone is having a laugh. Jean Pierre Garnier, chief executive of GlaxoSmithKline, was up to get £22m if fired, but thought himself "pretty much at the bottom of the pile". The top-earning UK director last year made £9.1m, then walked off with £16m after a boardroom fall-out. Companies like Tesco, BP and Vodafone now have six or more directors taking home more than £1m. The Guardian's recent survey revealed a laughable poetic symmetry - shares fell 24% as boardroom pay in the top 100 companies rose 23%.
The struggle to control ludicrous pay clearly needs a new weapon. A minimum wage was one of the key achievements of New Labour's first term. Now it could tackle income inequality from the other end and propose a maximum wage. It matters both because the economic case for high executive pay in terms of company performance doesn't hold up, and because highly unequal societies have a habit of falling apart.
The justification for high executive pay has always been that the motivational effect on the senior executive and the aspirational impact on mid-level executives are greater than the demotivational impact on other employees.
But the academic research is extremely patchy, and empirical evidence is even less convincing. A study by a UK management consultancy, Kepler Associates, found that in 2000 there was an inverse relationship between pay and performance in the FTSE-100. The typical boss of a poor performing company was earning £175,000 a year more than a world-class player. Hardly an elegant free-market solution. Moreover, staff at the wrong end of big pay differentials tend to compensate in other ways, such as taking more sick leave. And, whatever the economic theory, the practice of setting executive pay is deeply flawed. It has been captured by a self-serving clique. In 2001, just 392 people, some sitting on more than one committee, made up the remuneration committees of 98 of the largest UK companies.
Following the introduction of the maximum wage, pay restraint could become the norm. Say it was set at £1m - no one could seriously argue that this was inadequate pay, no matter how high the stress, how long the hours or how brilliant the performance. It could be half that, and still be over 50 times more than the earnings of someone on the minimum wage working a 40-hour week. More than 100 years ago, business guru JP Morgan said no company should have a differential between highest paid and lowest paid greater than 10. He thought that enough to create motivation. The Royal Navy, for example, has had a de facto differential of eight.
The current system traps top management in the law of primary purpose. Highly paid chief executives excel, first and foremost, in being highly paid. It is what establishes their status, so it becomes the focus of their drive and creativity. A pay ceiling would free directors to use their skills more in the long-term interests of their companies than in manoeuvring for their own short-term gain. Big share options in pay packages create a perverse incentive for senior management to push short-term share-price inflation over a company's long-term well-being.
Social cohesion is the other argument for a maximum wage. Crime and unhappiness stalk unequal societies. In the UK the bottom 50% of the population now owns only 1% of the wealth: in 1976 they owned 12%. Our economic system's incentive structure, instead of "trickle-down", is causing a "flood-up" of resources from the poor to the rich. Inequality leads to instability, the last thing the country or world needs right now.
Even the former hardline conservative head of the International Monetary Fund, Michel Camdessus, has come to the conclusion that "the widening gaps between rich and poor within nations" is "morally outrageous, economically wasteful and potentially socially explosive".
Above subsistence levels, what undermines our sense of well-being most is not our absolute income levels, but how big the gaps are between us and our peers. Allowing the super-rich to live apart from society is as damaging in its own way as the exclusion of the poorest.
A maximum wage may sound strange. But there are already examples of similar approaches. Some Japanese firms voluntarily impose pay ratios limiting the gap between top and bottom pay. US basketball teams take a total remuneration package and pool it between players, with limits on any individual's pay. Another voluntary scheme would be for an organisation to levy a 100% marginal tax rate on its executives above a certain level, with receipts going to charity.
Average overall packages for the FTSE-100 companies are now fast heading towards £2m per year. But how much does any senior executive really need to earn, however good he or she is? Let's start the bidding.
Andrew Simms is policy director of the New Economics Foundation.
The Guardian, Wednesday 6 August 2003
http://www.guardian.co.uk/politics/2003/aug/06/executivesalaries.economy
The struggle to control ludicrous pay clearly needs a new weapon. A minimum wage was one of the key achievements of New Labour's first term. Now it could tackle income inequality from the other end and propose a maximum wage. It matters both because the economic case for high executive pay in terms of company performance doesn't hold up, and because highly unequal societies have a habit of falling apart.
The justification for high executive pay has always been that the motivational effect on the senior executive and the aspirational impact on mid-level executives are greater than the demotivational impact on other employees.
But the academic research is extremely patchy, and empirical evidence is even less convincing. A study by a UK management consultancy, Kepler Associates, found that in 2000 there was an inverse relationship between pay and performance in the FTSE-100. The typical boss of a poor performing company was earning £175,000 a year more than a world-class player. Hardly an elegant free-market solution. Moreover, staff at the wrong end of big pay differentials tend to compensate in other ways, such as taking more sick leave. And, whatever the economic theory, the practice of setting executive pay is deeply flawed. It has been captured by a self-serving clique. In 2001, just 392 people, some sitting on more than one committee, made up the remuneration committees of 98 of the largest UK companies.
Following the introduction of the maximum wage, pay restraint could become the norm. Say it was set at £1m - no one could seriously argue that this was inadequate pay, no matter how high the stress, how long the hours or how brilliant the performance. It could be half that, and still be over 50 times more than the earnings of someone on the minimum wage working a 40-hour week. More than 100 years ago, business guru JP Morgan said no company should have a differential between highest paid and lowest paid greater than 10. He thought that enough to create motivation. The Royal Navy, for example, has had a de facto differential of eight.
The current system traps top management in the law of primary purpose. Highly paid chief executives excel, first and foremost, in being highly paid. It is what establishes their status, so it becomes the focus of their drive and creativity. A pay ceiling would free directors to use their skills more in the long-term interests of their companies than in manoeuvring for their own short-term gain. Big share options in pay packages create a perverse incentive for senior management to push short-term share-price inflation over a company's long-term well-being.
Social cohesion is the other argument for a maximum wage. Crime and unhappiness stalk unequal societies. In the UK the bottom 50% of the population now owns only 1% of the wealth: in 1976 they owned 12%. Our economic system's incentive structure, instead of "trickle-down", is causing a "flood-up" of resources from the poor to the rich. Inequality leads to instability, the last thing the country or world needs right now.
Even the former hardline conservative head of the International Monetary Fund, Michel Camdessus, has come to the conclusion that "the widening gaps between rich and poor within nations" is "morally outrageous, economically wasteful and potentially socially explosive".
Above subsistence levels, what undermines our sense of well-being most is not our absolute income levels, but how big the gaps are between us and our peers. Allowing the super-rich to live apart from society is as damaging in its own way as the exclusion of the poorest.
A maximum wage may sound strange. But there are already examples of similar approaches. Some Japanese firms voluntarily impose pay ratios limiting the gap between top and bottom pay. US basketball teams take a total remuneration package and pool it between players, with limits on any individual's pay. Another voluntary scheme would be for an organisation to levy a 100% marginal tax rate on its executives above a certain level, with receipts going to charity.
Average overall packages for the FTSE-100 companies are now fast heading towards £2m per year. But how much does any senior executive really need to earn, however good he or she is? Let's start the bidding.
Andrew Simms is policy director of the New Economics Foundation.
The Guardian, Wednesday 6 August 2003
http://www.guardian.co.uk/politics/2003/aug/06/executivesalaries.economy
Débat sur le salaire maximum présent également au Royaume-Uni
The maximum wage isn't just for equality: it helps firms – and big earners – to function happily.
Whether it is bankers, doctors or dentists pulling in excessive pay, people are left wanting to spit at their greed. But John Varley, Barclays chief executive, reacted in horror this week to the suggestion of a Radio 4 interviewer that some parameters should be put around pay and bonuses awarded to bank staff. It would "interfere with the market". This, it should now be clear, was a deeply strange thing to say.
Extraordinary powers of compartmentalisation may be a key skill for any banking chief. Yet this breathtaking adherence to doctrine in the face of real-world evidence is worthy of the officers of 1916 who ordered soldiers to slow walk against machine guns.
Had the banking market not been interfered with, to the tune of hundreds of billions in public largesse, it would not have survived in its current form. Something for which Varley, if not the rest of us, should be deeply grateful, and for which there must be a serious quid pro quo. And why should the market not be interfered with when it doesn't think twice about interfering with life, the universe and everything else?
Six years ago in this paper I proposed a maximum wage. At the time it seemed a logical complement to the minimum wage, one of the key achievements of New Labour's first term. The signs of the crash to come, in terms of ludicrous executive pay expectations, were already there. As Richard Wilkinson's work in The Spirit Level has shown, inequality really is at the root of most social, and by implication, environmental problems. A maximum as well as a minimum wage would tackle income inequality from both ends of the scale.
The defence of high pay is that it is needed to attract and motivate senior executives, and give mid-level executives something to aspire to. Yet, as with so many facets of the failed neoliberal economic model, it is a triumph of self-serving assertion over reality.
The unintended consequences of that argument lie all around us in the landscape of the recession. But, more than that, the existence of an inverse relationship between pay and performance has been demonstrated for FTSE 100 companies. One of the fathers of modern banking, JP Morgan, believed that to motivate people you didn't need a ratio of more than 10 between the highest and lowest paid. This is common knowledge in management school, but seemingly ignored in the workplace.
We know now all too well how destructive are the forces of seeking profit and pay maximisation for their own sake. Another benefit emerges of capping high pay or setting a maximum ratio between highest and lowest paid: beyond that level, an executive's performance has to be judged against achievements other than personal accumulation. So, instead of status derived from higher incomes, the desire to excel can instead be directed toward the social contribution and environmental performance of the bank or company involved.
In an efficiently functioning market, there should be no exorbitant pay or profits. Competition is supposed to deal with that. There should always be someone or some business prepared to offer the same goods, skills or services and do the job for less. The pressure at the top should be down, not up on salaries.
Varley is fond of using the example of footballers pay to defend bank bonuses. But football managers get sacked. Varley himself earned more than £1m as the banking system crashed around him in 2008. Time to blow for a foul and show a maximum-wage card to those bringing the economic game into disrepute.
Andrew Simms
Thursday 6 August 2009
http://www.guardian.co.uk/commentisfree/2009/aug/06/maximum-pay-inequlity-executives
Whether it is bankers, doctors or dentists pulling in excessive pay, people are left wanting to spit at their greed. But John Varley, Barclays chief executive, reacted in horror this week to the suggestion of a Radio 4 interviewer that some parameters should be put around pay and bonuses awarded to bank staff. It would "interfere with the market". This, it should now be clear, was a deeply strange thing to say.
Extraordinary powers of compartmentalisation may be a key skill for any banking chief. Yet this breathtaking adherence to doctrine in the face of real-world evidence is worthy of the officers of 1916 who ordered soldiers to slow walk against machine guns.
Had the banking market not been interfered with, to the tune of hundreds of billions in public largesse, it would not have survived in its current form. Something for which Varley, if not the rest of us, should be deeply grateful, and for which there must be a serious quid pro quo. And why should the market not be interfered with when it doesn't think twice about interfering with life, the universe and everything else?
Six years ago in this paper I proposed a maximum wage. At the time it seemed a logical complement to the minimum wage, one of the key achievements of New Labour's first term. The signs of the crash to come, in terms of ludicrous executive pay expectations, were already there. As Richard Wilkinson's work in The Spirit Level has shown, inequality really is at the root of most social, and by implication, environmental problems. A maximum as well as a minimum wage would tackle income inequality from both ends of the scale.
The defence of high pay is that it is needed to attract and motivate senior executives, and give mid-level executives something to aspire to. Yet, as with so many facets of the failed neoliberal economic model, it is a triumph of self-serving assertion over reality.
The unintended consequences of that argument lie all around us in the landscape of the recession. But, more than that, the existence of an inverse relationship between pay and performance has been demonstrated for FTSE 100 companies. One of the fathers of modern banking, JP Morgan, believed that to motivate people you didn't need a ratio of more than 10 between the highest and lowest paid. This is common knowledge in management school, but seemingly ignored in the workplace.
We know now all too well how destructive are the forces of seeking profit and pay maximisation for their own sake. Another benefit emerges of capping high pay or setting a maximum ratio between highest and lowest paid: beyond that level, an executive's performance has to be judged against achievements other than personal accumulation. So, instead of status derived from higher incomes, the desire to excel can instead be directed toward the social contribution and environmental performance of the bank or company involved.
In an efficiently functioning market, there should be no exorbitant pay or profits. Competition is supposed to deal with that. There should always be someone or some business prepared to offer the same goods, skills or services and do the job for less. The pressure at the top should be down, not up on salaries.
Varley is fond of using the example of footballers pay to defend bank bonuses. But football managers get sacked. Varley himself earned more than £1m as the banking system crashed around him in 2008. Time to blow for a foul and show a maximum-wage card to those bringing the economic game into disrepute.
Andrew Simms
Thursday 6 August 2009
http://www.guardian.co.uk/commentisfree/2009/aug/06/maximum-pay-inequlity-executives
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